Dimanche 3 février 2019
Ahmed Gaïd Salah a-t-il lancé la chasse aux officiers pro-Ghediri ?
Le vice-ministre de la Défense Ahmed Gaïd Salah ne supporte pas qu’une casquette ne dépasse. En ce sens, il a particulièrement la dent dure contre le candidat Ali Ghediri. La preuve ? 13 officiers soupçonnés d’avoir pris contact avec le général à la retraite ont été arrêtés et mis au secret.
Le général de corps d’armée et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, a ordonné récemment la mise aux arrêts de 13 officiers supérieurs (lieutenants-colonels et colonels) de l’ANP, selon une source proche de cette institution, révèle El Watan.
Pourquoi donc Ahmed Gaïd Salah panique-t-il au point de lancer une menée contre des officiers supérieurs ? Manifestement, le vice-ministre de la Défense s’appuie sur la loi qui réduit les militaires à la retraite à l’obligation de réserve.
Ainsi l’article 24 de l’ordonnance 02-06 datant de février 2006 prévient que les officiers généraux et les officiers supérieurs à la retraite «doivent se conformer à l’obligation de réserve partout, quelle que soit la situation. Sur cette base, ils ne doivent en aucun cas tenir des propos qui peuvent porter atteinte à l’image de l’institution militaire». Comme si cette ordonnance ne suffisait pas, Ahmed Gaïd Salah a signé, le 24 janvier, une circulaire qui rappelle l’interdiction faite à tout militaire en fonction d’avoir une activité partisane. Voilà qui devait, théoriquement, empêcher les militaires de faire toute incursion dans le champ politique.
Après avoir tenté, en vain, de dissuader Ali Ghediri de toute intervention dans le débat politique, Gaïd Salah passe à la vitesse supérieure. En s’en prenant à des officiers qui auraient eu, selon la même source, des contacts avec le candidat.
Ces 13 officiers, nous apprend El Watan, croupissent dans leur cellule depuis plusieurs jours sans que l’opinion publique ne soit informée de ce fait unique dans les annales.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette mesure du général-major Ahmed Gaïd Salah pourrait avoir l’effet inverse. El Watan indique par ailleurs que le frère du candidat Ali Ghediri, lieutenant-colonel dans les Services (ex-DRS), vient d’être muté à Aïn M’guel, dans le grand sud du pays sur ordre du même Gaïd Salah. Pourtant cet officier supérieur des services de renseignement a déjà accompli ses cinq années obligatoires dans le Sud. Alors, pourquoi ?
Il est manifeste qu’à moins de deux mois d’une présidentielle particulièrement périlleuse, Gaïd Salah et le clan au pouvoir sont devenus particulièrement chatouilleux. Le maintien mordicus de la candidature d’un Abdelaziz Bouteflika (82 ans) malade, pour un 5e mandat, laisse penser que le clan aux affaires depuis 20 ans joue sa dernière carte.