Mardi 3 avril 2018
Ahmed Ouyahia est le candidat du DRS donc le futur président
Dans l’entretien accordé au quotidien La Croix (que nous avons traité ailleurs) Mohammed Hachemaoui, développe son argumentaire sur la prochaine présidentielle.
Ne dites surtout plus que Saïd Bouteflika est le vice-roi, celui qui fait et défait les carrières des ministres, walis et autres fonctionnaires de l’Etat. Mohammed Hachemaoui soutient qu’il n’est qu’un paravent, comme son frère-président. Renversant.
A preuve ? Il « a été violemment attaqué dans sa vie privée début 2014, nul n’est venu à son secours. Il n’a même pas pu poursuivre devant la justice ceux qui l’avaient calomnié », se lamente l’enseignant à Sciences po.
Puis de s’interroger : « Si le frère du président était aussi puissant qu’on le dit, n’aurait-il alors pas pu œuvrer à la nomination de proches aux postes stratégiques ? ». Et pour clore le sujet, il déduit que Bouteflika « s’est vu imposer le « quatrième mandat » ainsi qu’Ahmed Ouyahia comme directeur de cabinet de la présidence en 2014 puis comme premier ministre, alors que les relations entre celui-ci et Abdelaziz Bouteflika sont notoirement tendues de longue date ». Mohammed Hachemaoui ne s’arrête pas en si bon chemin dans son analyse. Il affirme ainsi que la nomination de l’ancien condamné par la justice algérienne Abdelmoumen Ould Kaddour, à la tête de la Sonatrach est l’œuvre du DRS. Ainsi que d’ailleurs Youcef Yousfi, autre « protégé » comme le premier des services de renseignement.
La présidentielle 2019 est pliée d’avance. Ceux qui spéculent sur un cinquième mandat de l’actuel locataire du palais de Zéralda doivent manger leur chapeau. C’est Ahmed Ouyahia qui va régner sur l’Algérie, soutient Mohammed Hachemaoui. Son argument ? « L’agenda diplomatique déroulé par le DRS, aussitôt après l’intronisation d’Ahmed Ouyahia à la tête du Palais du Gouvernement ne laisse aucun doute : visite officielle du premier ministre russe Dimitri Medvedev « à l’invitation » de son homologue algérien en octobre 2017 ; participation du représentant du DRS au 5e sommet Union Africaine-Union européenne (Abidjan fin novembre 2017) ; escale algéroise très médiatisée d’Emmanuel Macron le 6 décembre 2017 et son tête-à-tête avec le « chef de l’exécutif » Ahmed Ouyahia apportant la caution de Paris au plan de succession post-Bouteflika. Le retour gagnant de Total dans les gisements gaziers algériens donne un petit aperçu de la contrepartie de ce soutien géopolitique ». Des assertions bien minces quand on sait que tout cet argumentaire est simplement guidé par le fait que le président Bouteflika ne peut assurer aucune des missions cités.
Mais les indices de la future intronisation d’Ouyahia à la tête de l’Algérie sont évident pour ce spécialiste de la sociologie politique. Il observe que « l’élévation du tamazight comme langue officielle dans la Constitution de 2016 et la décision en janvier dernier de décréter le nouvel an berbère jour férié ont surtout vocation à remédier à l’impopularité et à légitimer en amont l’élection, pour la première fois dans les annales de l’Algérie, du futur président kabyle Ouyahia ».
Cependant, cette analyse est à déconseiller à Djamel Ould Abbès, Amar Saadani and co. Quelle serait leur réaction s’ils apprenaient que le président Bouteflika n’est qu’un « pantin » aux mains de l’Etat profond ?