Mercredi 8 janvier 2020
Akbou-Mall célèbre le nouvel an Amazigh à Akbou
Dans le cadre des préparatifs pour la célébration du nouvel an Amazigh 2970, Akbou Mall a concocté un riche programme pour fêter cette occasion ancestralement préservée grâce à l’attachement des habitants à leurs coutumes.
Akbou Mall, qui est un espace commercial des plus vaste de la région d’Akbou, a décidé cette année avec la collaboration de l’association Assiirem de Boudjlil qui est une association qui a pour vocation la promotion de la femme, de faire le geste de manifester son vœu de participer comme toute la Kabylie à montrer la portée historique de cette occasion et sa teneur en traditions qui a fait de la culture Amazigh l’une des plus anciennes de par sa diversité et à fortiori sa richesse.
Le programme préparé par Akbou Mall semble riche si on contemple le contenu n trouve entre autre une rencontre poétique suivie d’un concours de plats traditionnels et enfin une exposition et vente de produits d’artisanat. Il est à noter que cette festivité sera animée par deux ténors du sketch que sont Alilat Meziane et Lamine Chorfa. L’organisateur de cette fête a invité toute la clientèle en particulier les femmes à se vêtir en robes Kabyles pour donner à cette journée l’aspect traditionnel qu’elle mérite. Il nécessaire de faire un flach sur l’histoire de Yennayer à travers cet article pour que les lecteurs aient une idée sur cette date occultée par les pouvoirs algériens depuis l’indépendance du pays. En Algérie, une décision présidentielle annoncée le 27 décembre 2017 fait de Yennayer un jour chômé et payé, fêté pour la première fois officiellement le 12 janvier 2018, lorsqu’il ne coïncide pas avec un week-end.
Dans certaines régions, Yennayer est précédé par imensi n yennayer (littéralement « la veille de Yennayer »). Les gens se réunissent et attendent, à travers différentes manifestations, la venue de la nouvelle année. C’est le 11 que « amghar ouchouqyaye » est chassé par les habitants, qui l’accusent de tous les maux de l’année écoulée. ennayer est un mot composé de deux mots berbères : yan qui veut dire le numéro un et ayyur qui veut dire mois, « yennayer » signifiant le premier mois. Une autre étymologie berbère serait « les paroles de la lune » ou encore « verbe du ciel ». Le repas, préparé pour la circonstance, est assez copieux et différent du quotidien. Pour la préparation de « imensi n yennayer », le Kabyle utilise la viande de la bête sacrifiée (asfel), souvent de la volaille, mélangée parfois à la viande séchée (acedluh) pour agrémenter le couscous, élément fondamental de l’art culinaire berbère. Le plus aisé affiche sa différence. Il sacrifie une volaille par membre de la famille.
En revanche, le premier yennayer suivant la naissance d’un garçon était d’une grande importance. Le père effectue la première coupe de cheveux au nouveau-né et marque l’événement par l’achat d’une tête de bœuf. Ce rite augure à l’enfant le rôle de futur responsable du village. il est répété lors de la première sortie du garçon au marché. Il est transposé, dans les mêmes conditions, à la fête musulmane de l’achoura, dans certaines localités berbérophones.
« Imensi n yennayer » se poursuit tard dans la nuit et la satiété est de rigueur. C’est même désobligeant pour la maîtresse de la maison (tamgart n wexxam) de ne pas se rassasier. C’est aussi un repas de communion. Il se prend en famille. On dispose autour du plat commun des cuillères pour signaler leur présence. À travers les génies gardiens, les forces invisibles participent au festin par des petites quantités déposées aux endroits précis, le seuil de la porte, le moulin de pierre aux grains, le pied du tronc du vieux olivier, etc. et la place du métier à tisser qui doit être impérativement enlevé à l’arrivée de yennayer. Sinon les forces invisibles risqueraient de s’emmêler dans les fils et se fâcheraient. Ce qui est mauvais pour les présages.
Pour le Kabyle, «amenzu n yennayer » détermine la fin des labours et marque le milieu du cycle humide. Les aliments utilisés durant ce mois sont les mêmes que ceux de la période des labours. La nourriture prise est bouillie, cuite à la vapeur ou levée. Les aliments augmentant de volume à la cuisson sont de bon augure. La récolte présagée sera d’une grande quantité. Les différentes sortes de couscous, de crêpes, de bouillies, etc., et les légumes secs les agrémentant apparaissent. Les desserts servis seront les fruits secs (figues sèches, abricots secs, noix, etc.) de la récolte passée, amassés dans de grandes et grosses cruches en terre pourvues d’un nombril servant à retirer le contenu (ikufan).
« Imensi n yennayer » nécessite des préparatifs préalables. Dans les Aurès et en Kabylie, la veille, la maison est méticuleusement nettoyée et embaumée à l’aide de diverses. Après des années de combat, la Kabylie et grace à ses hommes a pu recouvrer son héritage ancestral et sa place au sein de la composante culturelle du pays, ce retour aux racines est un pas vers le recouvrement du vrai statut de la langue amazighe et cela exige aussi des efforts pour la faire sortir du ghetto Kabyle puisque c’est une langue de tout l’Afrique du nord. Des initiatives comme celle organisé Akbou Mall sont à encourager, je tiens à remercier mademoiselle Hamidouche Wafa et toute l’équipe qui travaille au sein de cet espace commercial.