21 novembre 2024
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« Alger, Alger » de Lili Boniche, la plus belle déclaration d’amour à l’Algérie !

Lili Boniche était juif. Il était algérien de naissance, de cœur, de corps et d’esprit. Mis à part Slimane Azem avec son célébrissime «L’Algérie mon beau pays », aucun artiste n’a mieux su déclamer sa flamme à notre cher pays que Lili Boniche avec son tube intemporel « Alger Alger » interdit par les chenapans d’Alger, juste parce que nos maîtres trouvent incongru d’aimer l’Algérie si on n’est pas musulman et pro-FLiN-toc !

Lili Boniche est considéré par ses pairs, à juste titre, comme le chantre de la musique judéo-arabe, encore dénommée, à tort ou à raison, arabo-andalouse ! Sa disparition en mars 2008 a laissé ce genre musical orphelin pour de bon ! On ne peut écouter « Alger Alger » sans se laisser envahir par des vagues de frissons à faire déborder mers et océans : « J’aime toutes les villes, un peu plus Paris, lakine machi comme l’Algérie », déclame Lili dans ce « françarabe » qui lui était si cher. Tout un programme !

Biographie (*)

De son vrai nom Eliaou Élie Boniche, Lili Boniche est né le 29 avril 1922 à Alger et mort le 6 mars 2008 à Paris, au 9e Arrondissement. Chanteur et crooner algérien de musique arabo-andalouse, son répertoire comprend des styles variés comme le chaâbi et les rumbas algéroises très populaires.

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Né dans une famille juive, son père, mélomane et musicien convaincu, encourage les dispositions musicales de son fils en l’envoyant comme élève dès son plus jeune âge chez le maître Saoud l’Oranais, maître de hawzi, dérivé populaire de la musique classique arabo-andalouse. Il fréquente ensuite des écoles de musique réputées comme Moutribia et al-Moussilia.

Virtuose du luth à quinze ans, le directeur de Radio-Alger lui confie l’animation d’une émission consacrée au répertoire hawzi. Inventant un genre populaire, mélangeant rumba, paso doble, tango, mambo avec la musique arabo-andalouse, il écrit des chansons en « francarabe ». À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Lili Boniche est célèbre au Maghreb, il fait des tournées puis anime le théâtre aux armées. Tous les lundis, galas à l’opéra d’Alger pour les militaires. En 1946, il vient à Paris, se produit au Soleil d’Algérie, cabaret proche de la place Pigalle.

À la fin des années 1950, il abandonne sa carrière en épousant une comtesse qui l’exige, et prend la direction de quatre cinémas à Alger, mais continue à y chanter.

Après l’indépendance de l’Algérie en 1962 et l’exode des pieds-noirs, il s’installe à Paris, se reconvertit dans la restauration et la vente de matériel de bureau, tout en pratiquant la musique en privé, chantant dans les fêtes de la communauté juive.

Il retrouve la scène et les studios au tournant des années 1980-1990. Sollicité par un journaliste, Francis Falceto, il fait une tournée dans toute l’Europe (au Barbican de Londres, à l’Olympia de Paris, en Allemagne, Belgique, Suède, Suisse, Italie, Espagne, etc.) et au Japon. Il enregistre l’album Alger, Alger, produit en 1996, et publié en 1999, sous la direction artistique de Bill Laswell, bassiste et producteur américain expert en world music

La musique de Lili Boniche, celles de ses amis Maurice El Médioni ou Reinette l’Oranaise, redevient à la mode. En 2003, il publie Œuvres récentes, avec la collaboration du chanteur -M- et du batteur Manu Katché.

Cependant, au moment du tournage du film El Gusto, en 2007, un documentaire consacré aux musiciens juifs et musulmans pratiquant le chaâbi, le chanteur n’est plus en mesure de monter sur scène et doit renoncer à participer à cette entreprise. Bien dommage que ce monstre ne nous ait pas gratifié d’un dernier tour de chant dont il a le secret.

Kacem Madani

(*) Source : Wikipédia

24 Commentaires

  1. Oui, mais quelle Alger chantait-il ? L’Alger du temps de la France? Je ne pense pas que ce soit l’Alger d’après la soi-disant « indépendance » du pays. Il n’y a pas grand-chose à regretter de cette Alger. J’y ai vécu plusieurs années dans ma jeunesse, et la seule chose que je regrette ce sont les amis que j’y avais et rien d’autre.
    Quant à l’algérianité des juifs d’Algérie, à qui est la faute qu’ils aient presque tous choisi de partir en 1962 parce qu’ils se sentaient obligés de partir ? Leurs ancêtres avaient très récemment choisi d’accueillir le Décret Crémieux sans rechigner, peut-être avec joie, je ne sais pas, faisant d’eux des pieds-noirs aux yeux des « indigènes » algériens. Là où les arabes et les berbères se sont senti comme des étrangers dans leur propre pays sous le régime colonial, d’aghriv di th’mourthiw comme l’a dit Si Muh U M’hend, les juifs ont paradoxalement choisi de devenir des étrangers dans leur propre pays, comme s’ils avaient débarqué en Algérie avec les envahisseurs et comme s’ils faisaient partie de ces derniers. C’est comme si l’envahisseur français était venu les libérer des mains des « indigènes. » Ils ont montré par là que malgré deux-milles ans de présence sur la terre algérienne, au fond ils ne se sentaient pas natifs d’Algérie. Dans leur esprit et dans leur cœur ils n’étaient là que provisoirement, même après 2000 ans. Pour illustrer, j’ai 70 ans passés et j’ai du mal à croire qu’Enrico Macias est en fait un algérien par ses ancêtres. Je devais avoir au moins 50 ans, plusieurs décennies après 1962, quand je me suis bien rendu compte qu’une grande majorité des juifs algériens étaient bel et bien des algériens dont les ancêtres étaient là depuis jusqu’à 2000 ans ou plus pour certains d’entre eux, et qu’en fait pour une partie d’entre eux, ce sont des berbères judaïsés dont les ancêtres n’ont jamais eu d’autre pays que l’Algérie ! Sinon, dans la perception de la majorité des « indigènes » que je connais, les juifs sont arrivés en Algérien en 1830.
    Tous ces drames, toutes ces déchirures, toutes ces mécompréhensions éternelles, basées sur quoi ? Un tas de mythes primitifs de l’Âge de Bronze repris à leur compte par des tribus du Désert d’Arabie. Maudites religions !

    • Azul a Kichi,

      Eh oui Alger Alger plusieurs chanteurs ont chanté Cette ville , Dont slimane Azem, Alger aurait pu être l’une des meilleures capitales du monde vu sa situation etc.

      Quant aux juifs il existe à mon avis plusieurs factions, ceux qui étaient la avant les chrétiens et les musulman, ceux qui sont venus après notamment d’Europe en particulier l’Espagne après la chute de khalifa ( les sepharades si ma mémoire est bonnes)

      Il y’a plusieurs familles d’origines juives en Kabylie c’est ce que m’ont dit quelques vieux, dans notre région Maatkas il y’a au moins deux familles et même une synagogue jadis d’après ce qu’on m’a dit.

      Bref quant au décret Cremieux d’après les livres aux départ rare les juifs qui ont acceptés l’offres, ils ont pris ça pour une humiliation même, c’est par la suite qu’ils se sont assimilés, après avoir vu les intérêts de l’offres.

      Puis ce n’est pas de notre faute s’ils sont partis, nous comme eux ou beaucoup plus qu’eux on a souffert de la colonisation et de la mafia au pouvoirs.

      Cordialement.

    • Par rapport aux tenants des cultures berbères non « trop » compromis dans l’histoire post 7e siècle, vous avez entièrement raison. Je souscrit.
      Sinon, si on considère les courants et récits dominants et officiels, royaumes du moyen âge, islam, turcs, l’Algérie, élites locales qui n’ont en réalité rien de local, les juifs ont fait ce qu’ont fait « tous les algériens ». A leur décharge, ils l’ont fait en derniers, après en avoir bavé de la compromission des frères de sang.
      Les « algériens » étaient bien contents des siècles durant d’être favorisés par l’islam. Ils se sont mis de la partie, sinon du coté de ceux qui humilient, jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs, du chiite, du juif, ne parlons même pas du païen, le chrétien lui ils l’ont exterminé au 12e siècle. Même le berbère devenu musulman par lassitude n’a pas échappé au traitement de la 3assabiya importé en kit. On peut sous cet angle comprendre que les juifs puissent sauter sur la première occasion qui les arrache au statut de vils sur la terre de leurs ancêtres.
      Savez-vous que durant la période ottomane, le juif ne peut même pas regarder en face un ottoman, avoir un cheval ? Et qu’ont fait les frères de sang musulmans ? Ben, rien; pire, ils étaient même très contents, ajoutant au statut vil des juifs, toutes sortes d’insultes dont regorge notre vocabulaire méhométisé.

      • Bien sûr les juifs étaient ostracisés sous le règne des musulmans . Et les colons français sont arrivés comme des sauveurs pour les arracher à l’emprise musulmane. Qui ne sait pas qu’en Occident les juifs étaient bien aimés ? Il suffit de lire la littérature anglaise, française, Russe, de l’époque coloniale pour se rendre compte combien les juifs étaient intégrés et aimés dans les sociétés occidentales. Alors n’est-il pas normal qu’ils aient perçu l’arrivé des colons comme des sauveurs? Evidement que vous ne trouverez jamais le formidable et merveilleux sort qui est fait au juif dans la littérature française dans la culture indigène.

        • Les juifs ostracisés en Occident; qui a dit le contraire ? Et qui a dit que la colonisation française est venue pour libérer les juifs ? Est-ce qu’une injustice pratiquée en Europe la rend légitime ailleurs ?
          Le fait est que les nord africains islamisés ne se sont pas soucié, jusqu’à aujourd’hui, de ceux qui ne se sont pas convertis ou mal-convertis, les non greffés à l’arabité.
          La question est : pourquoi sommes-nous indulgents avec les copains des arabes, trouvons normal l’adhésion à la ligue arabe, la compromission avec l’islam et l’arabisme, mais considérons ceux qui trouvent leur compte avec l’Occident comme des traitres ?

      • En relisant mon commentaire je crois que je me suis mal exprimé. Quelqu’un qui ne connaît pas ma pensée pourrait croire que je blâme les juifs. Il n’en est rien en réalité, Si mon père, mon grand-père ou moi-même avions été à leur place dans les années 1870, je ne crois pas que nous aurions rejeté le Décret Crémieux. Pourquoi l’aurions-nous fait? Pour avoir la misère imposée par l’envahisseur français comme rabiot ajouté à celles déjà existantes parmi les arabes et berbères ? Non, je suis sùr que nous aurions fait ce qu’ont fait les juifs si nous étions à leur place.
        Les raisons qui font que les jiifs – en fait une partie, pas tous – sont restés juifs parmi toutes les autres populations du monde entier pendant des siècles et des siècles, là où les autres ethnies se seraient assimilées en deux ou trois générations, sont très complexes et n’ont rien à voir avec la religion. A la surface des choses, bien sùr, ça semble être une question de religion, mais quand on creuse un peu au dessous de la surface, on se rend compte que c’est tout une question d’économie. Nous sommes tous des êtres humains et nous réagissons tous exactement de la même manière aux choses.
        Ce serait beaucoup trop long à développer dans un commentaire sur lematin.dz. Il y a une étude faite par un très jeune juif, mort dans un camp de concentration en 1944, qui développe ça de façon scientifique. Il s’appelait Abraham Léon et il a écrit « La Conception matérialiste de la question juive » Elle est disponible en ligne gratuitement. Il explique à mon entière satisfaction comment la religion n’a jamais été le moteur de cette histoire mais seulement une apparence. Comme partout ailleurs et de tout temps.

        • Tout d’abord je tiens à préciser que je ne dénie à personne le droit de se revendiquer comme Algérien quelle que soit sa couleur de peau ou sa religion. Je ne cherche point à exclure Lili Boniche de l’Algérianité et je sais que tu ne le fais pas non plus a Kichi. Lili boniche est sabs doute proche des indigènes, ce n’est pas ce que je lui conteste ici.

          Mais là on parle de la société coloniale, et à mon humble avis elle était plus proche de l’apartheid que d’une société harmonisée. Il ne faut pas oublier le contexte colonial kamim !

          J’ai compris que tu ne faisais pas le procès des juifs d’Algérie. Je ne le leur fais pas non plus. Mais tu soulignais un fait tangible. Les Juifs dits  » pieds noirs » ou qui se sont pieds-noirisés, se sont distingués des indigènes. Ils sont sortis de leur indigénéïté Pour ne pas dire qu’ils l’ont renié et se sont occidentalisés. Comme toi, je ne dis pas que si j’étais juif j’aurais agi autrement. Je dis qu’au delà de tout matérialisme il y a une spécificité juive et qui est revendiqué à tort ou à raison comme telle.

          Bien sûr je te rejoindrais si tu disais que cette question n’est pas que religieuse. Il y a des aspects matériels. Max Weber a appliqué cette vision aux protestants ( L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme).

          Mais si a yamdakul , il y a une question de religion . Et elle ne concerne pas que les juifs. Même s’il y a une spécificité juive. Je connais un juif plus juif que tous les autres qui a dit qu’il n’y a pas d’assimilation juive. A ne pas confondre avec intégration.La preuve pourquoi y a t-il des lobbies juifs ? Pourquoi les ligues contre l’antisémitisme ? Pourquoi un communautarisme juif qui ne sa cache pas ? Sinon comment explique-tu que des juifs « matérialismenent » plus intégrés que tous sont restés profondément juifs. Et encore plus de nos jours. Comment explique-tu que malgré le capitalisme les religions restent hégémoniques. Comment explique-tu que le sort qui ait fait aux juifs est particulier?

          • Mais pourquoi pardonne-t-on toujours au musulman d’être sorti de son indigènéité pas au juif ? Vous pensez que musulmans, on baigne dans la cohérence avec nous-mêmes ?

          • Salut, Dda Hend !… Bien évidemment, ni toi ni moi ne dénigrons les juifs, que ce soit d’Algérie ou d’ailleurs, et c’est pour ça que j’ai tenu à préciser mon premier commenataire qui pourrait être mal interprété comme antisémitique.
            La « question juive » est un peu – non, beaucoup – comme la question des marabouts en Kabylie. Pourquoi les non-marabouts, pourtant si outrageusement si ombrageux sur leur liberté ont-ils accepté en leur sein une poignée de mecs et les ont érigés en caste qui leur était – l’est peut-être encore même aujourd’hui – d’un statut supérieur ? Comment les kabyles qui ont combattu les turcs, les français et d’autres envahisseurs de toutes leurs énergies ont-ils non seulement accepté mais souhaité la présence des marabouts parmi eux? Et pourquoi les marabouts, à peu près tous des berbères comme les autres, en sont-ils eux-mêmes venus à se voir et se croire comme un groupe à part, avec les prérogatives que tu connais ?
            A première vue, comme avec la « question juive » il semblerait bien que ce soit une question de religion, mais dans la réalité profonde elle ne l’est pas. Pour comprendre la situation, il faut considérer le matérialisme historique allié à la psychologie sociale. Dans les deux cas il y avait une réponse à un besoin.
            Les kabyles étaient toujours empêtrés dans un conflit d’une sorte ou d’une autre. Des conflits interminables opposaient familles, villages et tribus. Les vieilles coutumes et lois ne suffisaient plus à régler les problèmes de façon acceptée par tous sans froisser l’honneur ridiculement ombrageux des uns et des autres. Les Marabouts ont apporté une mesure de stabilité grâce à un arbitrage venu d’une autorité divine et non plus simplement humaine. Ceci n’est qu’un croquis grossier, bien sûr, car il faudrait tout un livre pour bien développer. Même chose pour les juifs dans les différents pays du monde. Abraham Léon l’explique très bien.

  2. Iben moua sur le plan purement sentimental et dans l’absolu je rejoins les deux pieds en avant Kichi. Chacun peut chanter son Alger. Et rien ne l’interdit à Lili Boniche. En rappelant au passage qu’entre sakatneuf et swasatyen j’étais chez mon oncle à Alger. Je n’en ai gardé aucun traumatime mais êtrre Kabyle à lipouk à Alger jtidipas.

    Pour paraphraser Abdenbi : ldzeyer matchi yeweth, a yahviv, yal wa setdzayrit-is.
    Il me semble au risque de me tromper qu’à lire Madani, à son propre insu, on croirait qu’il y avait une communion , ou carrément une symbiose entre les juifs et les musulmans indigènes fi 3ahd lkouloun à Alger et que la colonisation ne les a pas concernés.

    La majorité des juifs D’Alger ou de Guezgata ne vivaient pas la colonisation comme la vivaient les indigènes, ils ne sont pas concernés par la colonisation. C’est d’une Alger extraite de la société coloniale qu’ils évoquent.

    Une fois dit, en rappelant à Kichi que cet Alger-là , selon Meskoud , n’existe plus, qu’il fut du coté des indigènes ou du coté des français. La kistyou que je pose est : Lili Boniche se considérait-il comme un juif indigène ou un juif français? Isk ya3ni les juifs D’Alger ont la même nostalgie que les indigènes d’Alger? Peut-on parler de culture judéo-muslmane , ou judéo-indigène comme on parle de cuture judéo-chrétienne?

  3. Au risque de choquer Kacem Madani, dont je lis régulièrement, avec plaisir, les rubriques publiées par «Le Matin», je pense que la nostalgie de Lili Boniche, fait écho à celle d’Enrico Macias, le premier du bien vivre à Alger, le second à Constantine, au bon vieux temps des colonies. Nostalgie, certes, humainement compréhensible, mais que je ne peux, en aucun cas, partager, n’ayant pas été, en ce temps là, du même coté du manche qu’eux. Je ne dirais pas autant de la nostalgie de l’Algérie, nourrie par ces juifs algériens, tels, entre autres, les Timsit, qui ont combattu à nos cotés durant la guerre de Libération nationale, et que nos dirigeants de l’époque ont vite fait de pousser au départ, dès l’indépendance acquise!

  4. Je lis avec beaucoup d’intérêts vos échanges qui se complètent. Concernant la musique, il ne faut pas oublier non plus que la musique qui change de nom selon les circonstances (musique andalouse, musique classique Algérienne, musique Arabo Andalouse… ) est un bien commun aux Juifs indigènes et aux musulmans indigènes. La culture étant la même, les juifs « crémieurisés » ont bien sûr continué à pratiquer cette musique, tout en allant vers la culture de l’occupant ( musique Franc arabe, utilisation d’instruments modernes, lieux de concerts plus grands tout en continuant à fréquenter et à animer les mariages des uns et des autres. L’habillement a aussi été impacté… Il faudrait replacer le contexte colonial qui a fait diviser pour régner comme on dit ! on peut lire ceci sur Wiki  » Le décret Crémieux est « le produit d’une longue bataille »6.

    Dès 1847, Louis de Baudicour écrit, dans La Colonisation de l’Algérie, que « le gouvernement français avait un intérêt majeur à s’attacher les juifs algériens »6. En 1859, le rapporteur sur cette question au conseil général d’Alger note qu’« il est évident que la déclaration que les Israélites en masse sont Français lèverait toutes les difficultés et serait accueillie par eux comme un bienfait »6. En mai 1860, répondant à une requête présentée par les notables juifs algérois tendant à la « naturalisation collective », le préfet d’Alger promet d’appuyer cette requête auprès du Gouvernement6. En mai 1865, lors de son deuxième voyage en Algérie, Napoléon III reçoit une pétition de 10 000 signatures de Juifs algériens lui réclamant leur « naturalisation collective »5. Puis, de 1865 à 1869, les conseils généraux des trois provinces d’Algérie émettent chaque année des vœux unanimes en faveur de la « naturalisation » des « Israélites indigènes »5.
    Enfin, la véritable cassure s’est opérée avec la création de l’état juif, Israélien en Palestine et sa colonisation qui continue et qui est soutenue par les diasporas Juives du monde entier, dont les juifs Algériens, (on ne peut pas les appeler autrement …) Heureusement que le monde étant imparfait, il y a beaucoup de juifs qui restent en dehors des politiques expansives, inhumaines et nocives de l’état qui est censé les représenter !Assi on ne peut pas empêcher quiconque d’amer Alger, l’Algérie et ou les Algériens. merci pour ces échanges.

  5. Salut, Dda Hend !… Bien évidemment, ni toi ni moi ne dénigrons les juifs, que ce soit d’Algérie ou d’ailleurs, et c’est pour ça que j’ai tenu à préciser mon premier commenataire qui pourrait être mal interprété comme antisémitique.
    La « question juive » est un peu – non, beaucoup – comme la question des marabouts en Kabylie. Pourquoi les non-marabouts, pourtant si outrageusement ombrageux sur leur liberté ont-ils accepté en leur sein une poignée de mecs et les ont érigés en caste qui leur était – l’est peut-être encore même aujourd’hui – d’un statut supérieur ? Comment les kabyles qui ont combattu les turcs, les français et d’autres envahisseurs de toutes leurs énergies ont-ils non seulement accepté mais souhaité la présence des marabouts parmi eux? Et pourquoi les marabouts, à peu près tous des berbères comme les autres, en sont-ils eux-mêmes venus à se voir et se croire comme un groupe à part, avec les prérogatives que tu connais ?
    A première vue, comme avec la « question juive » il semblerait bien que ce soit une question de religion, mais dans la réalité profonde elle ne l’est pas. Pour comprendre la situation, il faut considérer le matérialisme historique allié à la psychologie sociale. Dans les deux cas il y avait une réponse à un besoin.
    Les kabyles étaient toujours empêtrés dans un conflit d’une sorte ou d’une autre. Des conflits interminables opposaient familles, villages et tribus. Les vieilles coutumes et lois ne suffisaient plus à régler les problèmes de façon acceptée par tous sans froisser l’honneur ridiculement ombrageux des uns et des autres. Les Marabouts ont apporté une mesure de stabilité grâce à un arbitrage venu d’une autorité divine et non plus simplement humaine. Ceci n’est qu’un croquis grossier, bien sûr, car il faudrait tout un livre pour bien développer. Même chose pour les juifs dans les différents pays du monde. Abraham Léon l’explique très bien.

  6. Lili Boniche est avant tout, espèce de matérialistes de …, dans ce contexte, un artiste, ludique. Il s’enivre en composant et interprétant son art, chose qui vous échappe totalement, vous qui voyez, partout, avec vos caractères aussi rugueux que vos mains, que du matériel.
    Vous êtes insensibles à l’art qui consiste à habiller les mots ou poème chanté pour ne pas dire – Al Mouachchah – (le « ch est tendu », le « h », fricative sourde, est intentionnellement pharyngalisé), ici, lexème originel, par la musique ou vice-versa, la musique par les mots…
    Des idéologues ont mit entre vos mains, rugueuses, des fusils mitrailleurs, de type Kalachnikov bien entendu, pour tirer sur tout ce qui bouge; des mains, qui, je suis persuadé, ne sauraient générer ne serait-ce qu’une seule note musicale, quant a « Rmal-Maya », « Maya », « Lehsin », « Sica », « Ezzidan », etc., j’oublie.

    Vite fait, vous replacez, tous les sujets proposés par ce journal en ligne, sur votre orbite, un arc-en-ciel regrettablement rouge; vous faites sortir vos Kalachnikov et vous commencez à …

    « Lange Rede, kurzer Sinn », vous êtes, comme toujours, hors sujet. vous usez et abusez, qui de Max Weber, qui de Hegel, qui de Dürkheim, …

    • Mas inisi , je ne suis pas totalement insensible à l’art même si je dois admettre qu’il m’est complètement impénétrable. Je crois que je ne suis pas biologiquement pourvu de la fibre artistique.

      Quand je lis un livre, quand j’écoute un poème, qui parle d’une ville, d’un événement, que je connais ou que j’ai vécu, mon expérience personnelle efface celle de l’auteur. Désolé de te ledire mais la chanson de Lili Boniche me laisse complètement insensible. C’est peut-être pour cette raison que je l’aborde avec un autre registre.

      Les commentaires sont libres , a Mas inisi, il n’y pas de ligne imposée. Personne n’a dénié le droit à Lili Boniche de chanter « son » Alger. Mais quand j’écoute une chanson je l’écoute aussi avec mes propres émotions et je ne sais pas en faire abstraction. Si l’Alger que chante Lili Boniche est la même que celle que j’ai à l’esprit je ne sais pas , franchement. Meskoud aussi chante Alger , je ne suis pas Algérois, et en toute franchise j’ai plutôt une mauvaise expérience algéroise, mais je comprends plus l’Alger de Meskoud que celle de Lili Boniche.

      Psst! Eh, Inisi? Ur refu ara ! Il faut savoir que les articles du Matin-Dized ne sont qu’un prétexte pour échanger entre-nous sur d’autres sujets. Ne le répète pas au Matin-Dized , mais sache qu’on ne les lis même pas .

    • Ahya y-inissi t’waghith wah ! Akka vezzaf fellak ! Comme le disait Chikh Muhend Oulhoussine de son propre père : « ikkath deg nevgu’ our thissin » (critique un invité sans le connaître.) Personnellement, si on me privait de la jouissance de l’Art, je ferais tout aussi bien de mourir, car la vie n’aurait plus aucun sens ni aucun goût. Lili Boniche fait partie des musiciens algériens qui titillent quelque peu ma fibre artistique. Je dis « quelque peu » et c’est un énorme compliment pour lui venant de ma part, car la grande majorité des chanteurs algériens m’ennuient à mort ou me foutent carrément en rogne quand je les entends. Par contre il y en a d’autres, un très petit nombre, qui me mettent en transe. Certaines chansons me transportent dans un autre monde, me transforment en zombie. Une observation intéressante : En écoutant certains chanteurs de Blues des années 1920-1930, des noirs du sud des USA, ça me transporte dans mon enfance des années 50 et 60 en Kabylie alors que je ne les avais jamais entendus avant l’âge de 35 ans. Je me vois avec mon père et ma mère, que j’adorais, je revois des scènes de mon enfance en général avec une immense nostalgie. Par contre, en entendant des chansons que mon père et ma mère écoutaient à cette époque, des chansons avec un lien réel avec mon enfance et que j’aimais énormément quand j’étais petit, je ne ressens rien que de l’ennui aujourd’hui. Normalement, ça devrait plutôt être l’inverse, non? Pourquoi un noir américain évoquerait-il des souvenirs de mon enfance en Kabylie et pas un chanteur kabyle de l’époque? Dans le domaine de la musique algérienne en particulier, El Anka (quand il était plus jeune) provoque les mêmes sentiments en moi alors que mes parents et moi-même ne l’écoutions jamais, sauf ses deux ou trois chansons en kabyle, et encore très rarement. Même chose pour el-hesnaoui, et d’autres chanteurs que personne ne connaît plus aujourd’hui. Pour rester dans la musique algéroise, pour moi Lili Boniche n’était qu’un amateur comparé au jeune El Anka. Je dis le « jeune » parce qu’après 1962-64 il a perdu à peu près toute inspiration. Enfin, c’est mon avis.
      Dans les faits, Lili Boniche était un homme, il était né dans des circonstances qu’il n’avait pas choisies, il a ressenti certaines émotions, il les a chantées et c’est tout à son honneur. Que ces chansons plaisent â certains et pas à d’autres, personne n’y peut rien.

      • « Viens, je t’invite chez moi, j’habite chez mon père » était le comportement de Cheikh M. Ulḥusin. Ce sur quoi, son père, à juste titre, l’avait grondé lui et ses affamés d’invités, puisque c’était lui, par la force de ses bras, qui nourrissait sa famille et au fait des provisions, très maigres, dont disposait cette dernière, probablement vers la fin du 19 e siècle, au moment où son fils, au lieu de l’aider dans les travaux penibles des champs, menait une vie nocturne, dans des « zaouia », en branle avec des séances de transes, du chanvre, des tambours, …

        Au fait, le futur Cheikh M. Ulḥusin, d’après Mammeri, dans « Inna-yas Ccix … » a débarqué avec toute une confrérie, probablement ses futurs adeptes, non pas, comme vous l’écrivez, avec un seul invité – on ne badine pas avec les écrits. Ils sont là, têtus et inébranlables.

        J’aimerai qualifier ce père de tolerant avant l’heure. D’autres auraient renié, si ce n’est « kkan-as deg ssuq n tarwa am wa » l’avoir tué.

        Ad tgerrez tagara n ddurt inek, anida i ira lḥal yuiγ-ik

        • @Insis: C’est en effet bien ce que rapporte Mammeri dans son livre, que j’ai lu, relu et relis encore de temps en temps. Mais la première fois que j’ai entendu cette anecdote et ces mots, ce n’était dans ce livre, c’était en 1958 ou 1959, de la part de gens qui avaient visité Cix Muhend Ulhussin en personne de son vivant, des séptuagénaires comme moi aujourd’hui ou plus vieux. Ils me disaient que le village tout entier allait rendre visite au Chikh de temps à autre, une marche de deux ou trois jours. C’était assez récent pour que de nombreux villageois se le rappellent encore à l’époque.

        • @Inisi : Pardon d’avoir mal écrit ton pseudonyme. Je ne devrais pas l’oublier, car chaque fois que j’entends ce mot je me rappelle la chanson de Nna Cherifa :
          Ah a Muḥ eǧit
          Ad yeṛwu ṛayis dirit…
          Anfas ad yeṛw’ asevsi
          Ičelɣumen inisi
          Annaɣ a Muḥ eǧǧit….

  7. Mais bien sûr que les religions ne sont pas des abstractions pures : juive ou autres . Les religions ne sont pas esprit pur et encore qu’est-ce que c’est esprit pur. Il y a un substrat matériel dans les religions. Qui peut s’expliquer soit économiquement , soit psychologiquement soit , sociétalement ( rapport de classes, de castes ou ethniques). La religion a érigé nos marabouts en caste,leur a procuré des privilèges sociaux et économiques. Ce que le droit défend aujourd’hui était défendu par les religions et d’autres idéologies.

    Peut être que cela explique la différenciation .Et peut-être que cette différenciation pré-coloniale explique la divergence d’après. Même quand il s’agit de l’esprit communautariste juif , on ne peut pas dire que tous les juifs d’Algérie étaient logés à la même enseigne ou que tous étaient pour la colonisation et encore moins que ce n’est que la religion qui les guide. En vérité les juifs d’Algérie constituaient une classe intermédiaire entre les pieds-noirs d’origine européenne et les indigènes musulmans, il n’y avait pratiquement pas de colons juifs , ni même de grande bourgeoisie juive en Algérie. C’est là qu’ils faudrait peut-être chercher les raisons objectives ou matérielle de la distanciation.

    • Qunad tu auras un moment, lis ça si ça te chante :
      https://www.marxists.org/francais/leon/CMQJ00.htm
      C’est l’étude d’Abraham Léon sur la question juive, lui-même jeune juif qui a péri dans un centre de concentration à 27 ans, je crois. C’est basé sur l’économie, la sociologie, la psychologie et autres aspects. C’est bien ficelé, bien détaillé, mais pas trop long, pas ennuyeux du tout. Pour moi c’est fascinant de lucidité.

      • vois ce que dit Maxim Rodinson dans sa préface c’est ce que j’ai essayé de dire autrement à propos du substrat matériel des idéologies, religions, ou autre systèmes de représentation.
        « Les phénomènes idéaux existent certes et ne sont en rien des épiphénomènes. Ils ont une efficace extrêmement importante. Mais ils ne peuvent en aucune manière être considérés comme des phénomènes sans cause, inconditionnés et par conséquent immuables. Ils peuvent toujours s’analyser, en ce qui concerne leur dynamisme, comme dérivant d’une part de leur passé, de leur état à un stade antérieur et d’autre part de la situation concrète où se trouve le groupe qui en est le support vivant. »

        • Bien sûr. Et il faut ajouter quelque chose de très important à mon avis: Quand on parle « des juifs » ou de la « communauté juive » etc., il ne faut pas oublier qu’on ne parle pas d’une entité monolithique, qui a gardé son intégrité au long des siècles. Ce n’est pas tous les juifs qui sont restés fidèles à cette identité. Je ne connais pas de chiffres, mais mon intuition me dit qu’il est possbile qu’une énorme majorité de descendance juive s’est bien dissoute dans la majorité de la population parmi laquelle ils vivaient et ne savent même plus aujourd’hui que leurs ancêtres à une certaine époque étaient juifs. Par exemple, dans les pays anglophones il y a certains noms de famille, comme Conyer, par exemple, porté par des descendants de juifs, mais aujourd’hui seul le nom l’indique et peu de gens le savent, sinon aux yeux de toute la société dans laquelle ils vivent ce sont des anglais, ou des australiens, ou des américains 100% comme les autres. Donc au fil de l’histoire, seule une partie de la population juive est restée juive pour les diverses raisons socio-économico-historiques dont parle Abraham Léon.

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