Les fidèles, tapis sous l’aisselle à la sortie des mosquées, empruntent silencieusement les trottoirs. Les rares personnes hâtent le pas au risque d’être interpellés. Un climat de peur règne sur une ville jadis blanche et rieuse les vendredis.

Quelques éternels badauds sont accoudés à tel poteau ou sur tel escalier d’immeubles. Alger est vide de des marcheurs mais bleue de forces de police. Lesquelles ont choisi de se déployer dans les rues et ruelles.

Camions anti-émeute et fourgons sont stationnés çà et lá : Place du 1er Mai, rue Didouche Mourad, El Kattan, etc. Plus rien ne respire… Alger retient son souffle de crainte de réveiller la colère d’un régime nerveux.

Les automobilistes peu nombreux roulent subrepticement dans une ville presque fantôme. Alger ne se reconnaît pas telle un animal blessé. Elle se couche et souffre en silence. Alger se tait sous le fracas de la terreur qui lui est imposée. Mais Alger a connu d’autres arbitraires, elle a connu les paras de Bigeard, elle a connu la répression dans le sang d’octobre 1988, elle s’est relevé de la terreur islamiste. 

Alger attend son heure.