25 avril 2024
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Algérie : des mots contre des maux, esprit français es-tu là ?

Algérie France

La France a perdu la guerre par « l’épée », elle l’a gagnée par « l’esprit ». En imposant un schéma institutionnel dont la logique de fonctionnement était radicalement opposée à celle de la société indigène, et un modèle économique étranger aux réalités locales des populations, le colonisateur préparait en fait la société postcoloniale à l’échec de la modernisation politique et au développement économique.

Les services secrets français ont joué un rôle important dans ce sens.  Une modernisation menée par l’Etat post colonial sans mobilisation de la nation dans la création de richesses et sans sa participation dans la prise de décision. Le nationalisme s’est révélé qu’un acte illusoire de souveraineté.

L’indépendance politique n’avait pas suffi à elle seule à briser les liens de dépendance tissés à travers 132 ans de colonisation. L’Etat centraliste et ostentatoire dérivé du modèle colonial a suscité le régionalisme, les dérives de l’intégrisme de ceux qu’il enferme dans un nationalisme formel et dans un rituel religieux sans esprit novateur. Si la recherche de l’indépendance fût un principe légitime, les pouvoirs mis en place n’ont pas toujours respecté les aspirations populaires qu’elles impliquaient.

Dans les faits, l’Etat indépendant continue l’Etat colonial, il reste séparé du peuple et proche de la métropole. Reprenant à son compte le discours colonial, les Etat post colonial décrétèrent l’immaturité des peuples africains les rendant inaptes à la démocratie et au développement. La révolution de 1789 est une révolution française. Le code Napoléon est notre code civil. C’est un héritage de la colonisation française. L’esprit colonial hante la législation locale. Les écritures ont été arabisées, l’esprit n’a pas été formaté. Les soubassements idéologiques et religieux sont passés sous silence.

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L’Etat centraliste et ostentatoire dérivé du modèle colonial a suscité le régionalisme, les dérives de l’intégrisme de ceux qu’il enferme dans un nationalisme formel et dans un rituel religieux sans esprit novateur. C’est un fait établi, l’Etat en Algérie est un Etat sous développé. Le sous-développement économique est une réalité globale multidimensionnelle. On peut parler de sous-développement politique comme on peut parler de sous-développement économique ou culturel.

La précarité de l’Etat est telle que toute tentative de développement autocentré qui dépasse les exigences de profit des élites au pouvoir est généralement perçue par celles-ci comme un manque à gagner ou une menace. Ce qui compte avant tout c’est le maintien du statuquo même si cette situation engendre les germes de sa propre destruction ou liquidation. Cette élite « pseudo-moderniste », culturellement aliénée, extravertie, modelée par la culture française apparente et de bas étage, échappe difficilement au piège des modèles étrangers, en particulier, sur le plan des institutions, du pouvoir et du développement.

Cette fraction de la société qui détient le pouvoir administratif et donc le pouvoir économique, qui a seule les moyens de consommer les produits importés, surtout de luxe, qui a seule la parole, c’est l’Algérie des élites. Elle se donne en modèle aux couches populaires, elle présente à l’étranger une image très embellie des réalités nationales. Elle prononce des discours sur la souveraineté et sur le développement tout en tirant profit de la dépendance et du sous-développement du pays.

La construction d’un Etat national d’inspiration de la mystique soviétique a permis aux dirigeants algériens d’occulter au nom de l’idéologie socialiste ses apparences avec le modèle colonial français, c’est-à-dire un Etat national comme héritier de l’Etat colonial français.

En matière budgétaire, l’Algérie n’est pas la France. Le budget de l’Etat français n’est pas semblable à celui de l’Etat algérien. Le budget de l’Etat algérien est financé dans sa quasi-totalité par la fiscalité pétrolière et gazière, ce qui n’est pas le cas du budget de l’Etat français qui dépend entièrement de la fiscalité ordinaire. L’un s’établit sur le revenu du travail, l’autre sur le revenu du pétrole. L’un repose sur la contribution financière des citoyens, l’autre sur une manne pétrolière et gazière.

Le premier est adossé sur le cours des hydrocarbures ; l’autre sur la croissance économique et sur le marché de l’emploi. Un Etat providence qui vise dans les pays démocratiques une solidarité nationale en vue d’une protection sociale très développée, à la fois horizontale (par les cotisations sociales) et verticale (par le versement des impôts et taxes) à travers des mécanismes très complexes de redistribution (cotisations sociales, impôts et taxes, assurances maladies, pensions de vieillesse, allocations chômage etc…),

Au moyen âge, la cohésion et la solidarité étaient prises en charge par l’ église qui prenait soin des miséreux, des malades, des nécessiteux à travers des mécanismes de charité chrétienne.

A partir de la Seconde Guerre mondiale, c’est l’Etat qui prend en charge cette solidarité sociale à travers les cotisations sociales, les impôts et les taxes dans le cadre d’un budget de l’Etat.

A l’inverse de ce qui se passe en Algérie où c’est au budget de l’Etat alimenté par les revenus pétroliers et gaziers de répondre aux  besoins de la population car il n’y a pas de citoyens mais des sujets qui attendent tout de l’Etat sachant que celui-ci tire l’ensemble de ses revenus en devises de l’exportation des hydrocarbures. La prise en charge des populations sans contrepartie productive aboutit nécessairement à l’aliénation de leurs droits politiques.

Tant qu’ils bénéficient d’une rente, les Algériens se détourneront de la politique et les gouvernements n’ont pas de compte à leur rendre sur leur gestion des deniers publics qu’elle soit rationnelle ou irrationnelle, cela importe peu.

La rente des hydrocarbures fonde l’Etat providence du fait de ses revenus extérieurs. Etant propriétaire des gisements pétroliers et gaziers, l’Etat a donc le droit de s’approprier la rente qui l’a confortée dans la gestion de l’économie et de la société. Cet « ‘Etat providence » assurait le contrôle et la répartition des ressources à partir essentiellement de la rente issue des hydrocarbures et de l’endettement qu’elle procure. L’Etat c’est la providence des gens sans providence. « L’Etat s’est mis à la place de dieu et c’est pourquoi dans cette optique, les dictatures socialistes sont des religions au sein desquels l’esclavage d’Etat est un genre de culte divin » Carl Gustave Jung

Dr A. Boumezrag

2 Commentaires

  1. Je peux comprendre que c’est bon pour l’ego de se dire que les Algeriens ont gagné la guerre militairement ! Mais c’est faux !
    Au meilleur de la situation, il y avait 50 000 moudjahidines, 30000 fidas et moussabeles, soit 80 000 ! Peu armés faisant face à en moyenne 900 000 militaires français armés de chars, avions !
    Chiffres issus du Quotidien d’Oran !

    Il y a eu 23 196 soldats français morts ! Si avec 23 000 soldats disparus, on perd la guerre ?
    Si le FLN avait vraiment gagné militairement, comme se fait-il que cette puissante armée tant vantée n’est pas attaquée les aéroports et ports en Algérie ?

    D’autre part, à mon avis, le pouvoir algérien a tout fait pour éviter de ressembler au système français et même colonial ! Il s’est fixé comme modèle les # republiques socialistes # ! D’ailleurs, la fidélité pour l’achat d’armements à l’URSS puis à la Russie le démontre ! Les régimes dictatoriaux russes et chinois restent les amis éternels de l’Algérie !

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