AccueilChroniqueAlgérie-Niger : je t’aime, moi non plus, mais fais gaffe !

Algérie-Niger : je t’aime, moi non plus, mais fais gaffe !

Ali Mahamane Lamine Zeine, Premier ministre du Niger est arrivé dimanche soir à Alger pour une visite officielle. Premier ministre mais également ministre de l’économie et des Finances car en Afrique, il faut tenir le coffre pour assurer ses arrières à l’étranger lorsqu’un autre veut le coffre du détenteur du coffre.

Pour ce qui est des deux délégations, c’est du lourd !  Nadir Larbaoui était accompagné du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, ministre de l’énergie et des Mines, Mohamed Arkab, ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, et du Secrétaire général du ministère de la Défense nationale, le général-major Mohamed Salah Benbicha. Le haut du panier des démocrates est là.

Pour le Niger, accompagnent le Premier ministre, le ministre de la Défense Nationale, le général de Corps d’Armée Salifou Mody, le ministre de la Jeunesse, de la Culture, des Arts et des Sports, le colonel-Major Abdourahamane Amadou, le ministre des Transports et de l’équipement, le colonel-Major Salissou Mahaman Salissou, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur, Monsieur Bakary Yaou Sangaré. Une partie du gratin qui a déposé démocratiquement le président Mohamed Bazoum.

Le premier ministre du Niger à Alger

Et ce n’est pas tout ! Il faut en profiter, pour une fois que l’Algérie n’exige pas un supplément bagages. Le ministre, Directeur de Cabinet du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la patrie, Dr Soumana Boubacar et le ministre de la Communication, des Postes et de l’économie numérique, monsieur Sidi Mohamed sont du voyage. Ils ont dû voyager en avion cargo.

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Quant au Président du Conseil National pour la sauvegarde de la Patrie, vous ne pouvez pas l’ignorer, c’est une fonction qui apparaît toujours au lendemain d’un coup d’état en Afrique. En terme plus clair, « nous l’avons fait pour redonner la souveraineté au peuple mais ne comptez pas sur nous pour lui rendre le pouvoir ».

Si nous n’étions pas sérieux nous serions foudroyés par une apoplexie de rire avec ce genre d’événements, un vieil épisode africain qui a battu de loin le nombre d’années de diffusion de la série Amour, gloire et beauté.

Depuis que nous nous souvenons de nous-même, cette clownerie familiale entre les membres d’une mafia existe. Ils s’embrassent, s’éliminent et refont le processus à chaque coup d’état militaire. C’est dire s’il en faut du carburant pour ces parrains africains qui ne se déplacent jamais en chemin de fer.

Pour la relation Algérie-Niger, c’est je t’aime, moi non plus, mais fais gaffe au couteau derrière mon  dos. Pour décrire cette histoire, nous ne pouvons remonter depuis l’ère de Boumédienne, il nous faudrait un article aussi long que la Bible. Je suis né en 1955, j’avais 7 ans lorsqu’elle a débuté. En ce temps-là, la télévision était en noir et blanc (le premier qui me traite de raciste !).

Revenons juste sur les derniers épisodes de la série. En 2018, un conflit sur les flux de migration. Les algériens fuient vers le nord pour rejoindre la terre des impies, les Nigériens prennent la même direction pour rejoindre ceux qui sont les néocolonialistes, remplacés par le démocrate Poutine.

Oui mais voilà, pour les nigériens, il faut passer par l’Algérie pour une étape provisoire. Ils ont oublié que dans ce pays les règles d’immigration sont celles de Marine Le Pen qui dicte les lois.

« Les conditions d’arrestation, de détention, et d’expulsion orchestrées par le gouvernement algérien ne respectent pas le principe fondamental de non-refoulement et sont des pratiques contraires aux droits de l’homme et au droit international des réfugiés, explique Jamal Mrrouch, chef de mission de MSF au Niger. Il est primordial de commencer à réajuster ces politiques et de garantir une assistance humanitaire et une protection aux personnes migrantes, en veillant à ce que les structures locales dans les pays de transit, comme le Niger, puissent répondre aux besoins de tous. »

En 2021, malgré la fermeture des frontières, dont l’excuse est la pandémie du Covid, le refoulement des Nigériens n’a jamais cessé. Ils ont été ramenés manu militari vers la frontière, au point de destination appelé le « Point zéro ». Comme autodérision, c’est bien trouvé.

Le témoignage d’une femme enceinte : « Les gendarmes algériens ont défoncé la porte. Ils ont tout emporté, argent et téléphones. Ensuite, ils m’ont conduite au poste ». On ne peut, bien entendu, confirmer l’authenticité du témoignage mais il y en a tellement d’autres relevés par les organisations non gouvernementales que cela semble crédible.

MSF témoigne « Livrés à eux-mêmes, sans rien, les personnes expulsées d’Algérie doivent effectuer, sans aucune carte ou moyen de localisation, une marche d’environ 15 km pour rejoindre le village d’Assamaka, au Niger. Certains se perdent et ne sont jamais retrouvés.

En provenance d’Afrique de l’Ouest, du Moyen-Orient ou d’Asie du Sud, ces hommes, femmes, enfants et personnes âgées résidaient, pour certains, en Algérie depuis des années avant d’être expulsés. D’autres traversaient le pays pour atteindre l’Europe ».

Pourtant, en 2015, au Sommet de la Valette sur la migration, les pays européens et africains s’étaient mis d’accord pour renforcer l’organisation du contrôle aux frontières et l’établissement d’un protocole de renvoi des migrants illégaux. D’après vous, l’accord a été respecté ?

Puis en 2021, c’est à dire la même année que nous avions signalé auparavant, le président Abdelmadjid Tebboune envoie un message de fraternité au Président du Niger et jure, la main sur le cœur, que la relation entre l’Algérie et le Niger est le signe d’une parfaite coopération. En une année, c’est encore je t’aime-moi non plus, on ne se dispute plus, on s’embrasse et on verra plus tard.

En 2023, suite au coup d’état militaire au Niger, une coutume locale, l’Algérie avait refusé le survol des avions français au-dessus de son territoire. L’ennemi de mes ennemis est mon ami dit l’adage. Aucune autre chose n’est aussi fédératrice des mafias militaires africaines que la haine envers la France. Cette impudente n’accorde pas assez de visas.

Mais retour à une scène de ménages lorsque le 6 avril 2024, l’Algérie convoque l’ambassadeur du Niger à Alger. C’est que le flux continuait à augmenter, l’Algérie souhaite des clarifications. Elle ne badine jamais avec sa longue culture de respect de la parole donnée par signature.

Rassurez-vous, en août 2024, c’est immédiatement la réconciliation, raison pour laquelle les deux gouvernements, presqu’au complet, assistent au mariage à Alger. Tiendra-t-il cette fois-ci autant que les autres ?

C’est que la mariée est immédiatement veuve dans ces pays africains où les coups d’état se bousculent.

Ils refusent pourtant de s’inscrire à l’université de Paul Biya, président depuis…1982. Il pourrait leur transmettre ses compétences pour durer.

Boumediene Sid Lakhdar

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