20 novembre 2024
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Algérie : qui prescrit la médiocrité, qui proscrit l’excellence ?

Les défis à relever sont nombreux, mais ils ne sont pas insurmontables. L’histoire nous a montré que les sociétés qui réussissent à se transformer sont celles qui sont capables de remettre en question les normes établies, de renouveler leurs institutions et de mettre en avant une vision claire et ambitieuse pour l’avenir.

L’Algérie, avec ses immenses ressources humaines, naturelles et culturelles, dispose des éléments nécessaires pour réussir cette mutation, mais cela nécessite un engagement sans faille de la part de l’ensemble de ses citoyens.

La réforme du secteur public est un axe fondamental de ce renouveau. Les services publics, qui sont censés jouer un rôle crucial dans la régulation et la structuration de l’économie et de la société, souffrent aujourd’hui de dysfonctionnements graves. La modernisation de l’administration est une priorité absolue. Il s’agit d’intégrer de nouvelles technologies, de simplifier les démarches administratives, de réduire la lourdeur bureaucratique et de garantir que les fonctionnaires soient formés à l’éthique, à la responsabilité et à l’efficacité. Une administration performante ne doit pas seulement être réactive, mais également proactive, en anticipant les besoins de la société et en proposant des solutions adaptées aux défis contemporains.

Les réformes fiscales et économiques doivent également être repensées en profondeur. Pour rompre avec l’économie rentière, il est crucial de diversifier les sources de revenus de l’État, de promouvoir l’agriculture, l’industrie et les services à forte valeur ajoutée. L’Algérie doit mettre en place des politiques de soutien à l’innovation, à la création d’entreprises et à la transition vers une économie verte et numérique. Cela inclut l’allégement des impôts pour les petites et moyennes entreprises, la simplification des démarches administratives et une meilleure allocation des subventions pour stimuler la production locale et la compétitivité.

En parallèle, il est important de rappeler que l’ égalité des chances doit être un principe fondamental de toute réforme. Trop de citoyens se sentent aujourd’hui exclus des processus de décision, soit en raison de la corruption, soit en raison de pratiques clientélistes qui privilégient certains groupes ou régions au détriment d’autres.

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Une véritable politique de réconciliation nationale passe par la reconnaissance de la diversité des talents et des idées, et par une répartition plus juste des ressources, que ce soit en termes d’investissements, d’accès à l’éducation ou de développement des infrastructures. Cela nécessite une véritable politique de décentralisation, où les régions peuvent développer leurs propres potentialités sans être paralysées par un État central trop lourd.

Le rôle de la diaspora algérienne à l’étranger doit également être mis en lumière. Des millions d’Algériens ont quitté leur pays pour diverses raisons, mais nombre d’entre eux ont acquis des compétences, des expériences et des réseaux qui pourraient être d’une immense valeur pour le développement du pays. Il est crucial de créer des mécanismes permettant à ces talents de contribuer activement à la construction de l’Algérie de demain.

Les initiatives pour faciliter l’investissement, la coopération et le retour des compétences doivent être renforcées. La diaspora algérienne peut être un pont vers l’internationalisation de l’économie et une source précieuse d’innovation et d’expertise.

Enfin, l’ engagement de la jeunesse est une question essentielle pour le futur de l’Algérie. Trop souvent, les jeunes sont perçus comme des spectateurs passifs de leur avenir, sans réel pouvoir d’influence. Cependant, c’est dans la jeunesse que réside le potentiel de changement radical.

Les jeunes Algériens, pleins d’idées et d’énergie, doivent être encouragés à prendre part activement à la vie politique, économique et sociale du pays. Ils doivent être formés à des valeurs telles que la rigueur, la créativité et l’esprit d’entreprise, tout en étant soutenus par un système éducatif qui leur offre des perspectives d’avenir tangibles.

Les jeunes dirigeants doivent être associés aux grandes décisions qui façonneront le pays, que ce soit au niveau local ou national. Leur énergie et leurs perspectives novatrices sont essentielles pour sortir du cercle vicieux de la médiocrité. Leur mobilisation en faveur de l’excellence peut être un moteur puissant pour faire évoluer les mentalités et amener de véritables réformes à tous les niveaux de la société.

En définitive, il n’y a pas de recette miracle pour sortir de la stagnation et de la médiocrité. Le chemin est long et exigeant, mais il est aussi porteur d’opportunités. Ce que l’Algérie a besoin aujourd’hui, ce n’est pas simplement de réformes techniques, mais d’un véritable changement de paradigme . Il est temps de mettre fin à la culture de la facilité, de la rentabilité rapide et de la corruption, et d’adopter une vision qui valorise le travail acharné, la compétence et l’intégrité. L’excellence, loin d’être un luxe, doit devenir la norme.

Ainsi, la question posée au début de cette réflexion reste plus que jamais d’actualité : qui prescrit la médiocrité, qui proscrit l’excellence ? La réponse doit venir de nous tous, citoyens et responsables, acteurs et observateurs, jeunes et anciens. Nous devons prendre les rêves de notre avenir, refuser la complaisance et l’inaction, et travailler collectivement à bâtir un pays où l’excellence est le moteur du progrès.

En conclusion, l’Algérie se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif. Le pays dispose de ressources et de potentiels immenses, mais pour les exploiter pleinement, il doit se libérer des chaînes de la médiocrité et rétablir l’excellence comme norme. Cela implique une transformation profonde des institutions, de l’économie, de la culture et des mentalités. L’excellence ne doit plus être perçue comme une exception, mais comme un objectif partagé par l’ensemble de la société, de l’administration à l’entrepreneuriat, de l’éducation à la gouvernance.

L’Algérie a les moyens de réussir, à condition d’embrasser le changement avec audace et conviction. Il ne s’agit pas seulement de réformer, mais de réinventer un modèle basé sur la méritocratie, l’innovation, la transparence et l’intégrité. Il est impératif que chaque Algérien, jeune ou moins jeune, acteur économique, responsable politique ou citoyen, prenne conscience de son rôle dans ce processus.

Le changement ne viendra pas seulement des autorités, mais de la mobilisation collective autour d’un objectif commun : bâtir un avenir meilleur fondé sur les principes de l’excellence.

La question qui reste donc ouverte est celle de notre engagement en tant que société : sommes-nous prêts à nous investir pleinement dans ce changement, à remettre en cause ce qui ne fonctionne pas et à célébrer ce qui est digne d’être admiré et imité. ? Si l’Algérie parvient à s’unir autour de cette vision, l’avenir sera forcément prometteur, et l’excellence pourra enfin se voir reconnue, non pas comme un luxe réservé à quelques privilégiés, mais comme la clef de voûte du développement et du bien-être de tous.

« L’excellence n’est pas un acte, mais une habitude. »-Aristote. Cette citation d’Aristote rappelle que l’excellence ne doit pas être une exception ou un effort ponctuel, mais plutôt un mode de vie, une norme à intégrer dans tous les aspects de la société. Pour l’Algérie, cela signifie que l’engagement envers l’excellence doit être permanent et partagé par tous, des institutions publiques aux citoyens, afin d’éradiquer la médiocrité et d’ouvrir la voie à un avenir prospère et durable.

Dr A. Boumezrag

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