9 mai 2024
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Algérie, rente et infantilisation des entreprises

Palais du gouvernement

L’Algérie, c’est ce beau pays aux immenses richesses, où un Etat omniprésent et omnipotent, s’occupe de nos affaires du berceau jusqu’à la tombe à la faveur d’une embellie financière providentielle provenant des exportations des hydrocarbures.

Cette extension tous azimuts des prérogatives de l’Etat pose problème. Le problème, c’est que chaque semaine qui passe est l’occasion d’une nouvelle charge de l’Etat pour nous débarrasser de nos responsabilités de base en tant que citoyen, en tant que travailleur, en tant que parents, et même en tant que simple être humain.

Or le piège de l’infantilisation et de la dépendance au biberon étatique, c’est in fine la voie ouverte au totalitarisme, en passant par la case «technocratie omnipotente éclairée». Et donc plus de dépendance à l’Etat, c’est nécessairement une légitimité renforcée pour notre classe de politiciens fonctionnarisés, et un gâteau plus important à se partager – gâteau dont certains n’hésitent d’ailleurs pas à faire profiter leurs proches.

L’infantilisation de l’individu, c’est aussi la porte ouverte au dirigisme économique et à la collectivisation de l’économie ; bref, au socialisme soviétique. Dans ce contexte, les rapports Etat-Entreprises ressemblent étrangement aux relations qu’entretiennent les parents avec leurs enfants.

A la naissance, le nouveau-né n’est pas capable d’exprimer ses besoins par des paroles. Ce sont les parents qui lui fournissent nourriture et vêtement. Il en est de même pour l’entreprise naissante. Les autorités centrales lui fournissent les inputs en nature sans lui demander son avis ni lui permettre de poser des questions. A la puberté, l’enfant vit encore avec la famille qui continue à lui fournir tout en nature. L’enfant à cet âge-là peut exprimer ses propres besoins et désirs. Il entreprend un véritable marchandage avec ses parents.

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Il réclame de l’argent de poche et en fait un libre usage. Les autorités centrales prennent en considération les souhaits de l’entreprise en pleine croissance. Elles acceptent que l’entreprise manifestent son mécontentement ce qui l’encourage à demander davantage en faisant pression sur l’Etat pour que ses demandes soient exaucées.

L’enfant a grandi, il est devenu un homme. C’est un adulte, il gagne sa vie et se suffit à lui-même, à partir de son salaire. S’il se trouve face à un ennui, il n’a plus personne pour l’aider financièrement. Il ne peut compter que sur lui-même. L’entreprise en vitesse de croisière est une unité comptable autonome. Elle est tenue de couvrir ses dépenses à partir des recettes provenant de la vente de ses propres outputs.

En Algérie, une pratique s’est développée depuis de nombreuses années. Dès que les difficultés apparaissent, l’Etat vient au secours de l’entreprise en détresse.

Il aide les entreprises qui ont subi des pertes et celles qui sont menacées de faillite en leur offrant des garanties d’Etat, des crédits à des conditions favorables et les invite en fin de courses à émarger au budget de l’Etat alimenté par les recettes fiscales pétrolières et gazières donc à être des administrations qui n’ont jamais d’être sous des appellations diverses mais toutes concourent aux même résultats. Les relations Etat-Entreprises sont marquées par une ambivalence.

Alors qu’elles acceptent avec plaisir la sécurité et la protection assurées par l’Etat lequel est conforté par la rente énergétique, elles refusent en même temps que l’Etat intervienne continuellement dans la gestion des affaires. De plus, le fait de demander crée un sentiment d’humiliation. Elles voudraient bien s’appuyer sur leurs propres ressources mais elles n’y parviennent pas. De même que l’Etat voudrait bien s’affranchir de les financer compte tenu de l’insuffisance de ses ressources à répondre à toutes les demandes qui ne cessent de se multiplie et de s’élargir à toutes les couches sociales.

Par conséquent, en période de chômage croissant et d’inflation galopante, le gouvernement se trouve condamné à assumer la responsabilité de la situation économique et sociale car il lui est difficile de dire à la population qu’il n’est pour rien dans le chômage, le niveau des prix, la crise économique, la dépendance aux revenus des hydrocarbures, que c’est l’affaire des entreprises publiques et privées, lesquelles sont maintenues sous perfusion permanente. Des handicapés à vie, c’est-à-dire des pensionnés à vie mais des pensionnés de luxe comme les retraités de luxe décidés par décret.

D’un autre côté, il ne peut se désolidariser du sort de ces entreprises qu’il a toujours contrôlées sans s’accuser aussitôt de « mauvais gestionnaire » et de « dilapider des deniers publics » d’autant plus que les syndicats dans l’intérêt du maintien de l’emploi et les autorités du maintien de l’ordre feront sans cesse pression sur le gouvernement pour soutenir indéfiniment les entreprises en difficultés.

On se trouve donc devant une impasse : faut-il rebrousser chemin ou franchir l’obstacle ? Dans les deux cas, il faut du temps et de l’argent qui font cruellement défauts.

Dr A. Boumezrag   

5 Commentaires

  1. La Junte reste fidèle à la fameuse Révolution (anticoloniale et anticapitaliste), Sa proximité avec la Russie et la Chine perdure !

    le communisme à la sauce soviétique a montré toutes ses limites avec l’échec des kolkhoze, sofkose, … !
    La Chine n’est plus, depuis dieng xiaoping, communiste mais une dictature avec un parti unique a été mise en place !
    Dans le cas de l’Algérie, la religion (l’islam) doit être prise en compte .
    Étant donné que les marxistes considèrent que la religion comme l’opium du peuple !
    L’assistanat+ Islam ! c’est le cocktail idéal pour avoir une population Soumise !
    Combien de temps va durer cette politique ?
    le pétrole et le gaz ne sont pas illimités et les politiques écologiques des pays consommateurs vont faire baisser drastiquement la demande d’énergie fossile !

  2. Pour développer le pays il faudrait d’abord le désirer. Et à mon avis ce Pouvoir n’a aucun désir, aucune vélléité, aucune intention, encore moins un plan pour développer le pays. Je suis même convaincu qu’il aurait la trouille de permettre au pays de se développer, car nécessairement cela ménerait à la perte de son contrôle total sur tout ce qui bouge et même ce qui ne bouge pas sur chaque centimètre carré du territoire et même à l’intérieur des parois crâniennes de tout ce qui respire. Les hommes qui tiennent le pouvoir en Algérie ne lâcheront jamais leur rôle de gros poissons dans une petite mare pour devenir de petits poissons dans une grande mare. C’est le blocage total dans tous les domaines.

  3. Je suis même convaincu qu’il aurait la trouille « la volonté » de permettre au pays de se développer, car nécessairement cela ménerait à la perte de son contrôle total sur tout ce qui bouge et même ce qui ne bouge pas sur chaque centimètre carré du territoire et même à l’intérieur des parois crâniennes de tout ce qui respire.
    Bon diagnostique que je partage
    Mais ce la n’est possible que parce que les ANEGERIENS ne valent pas plus
    Il n y a que le peuple qui peut renverser le courant de son histoire et pour ce faire il faudrait avoir un PEUPLE
    J’ai travaillé avec les tunisiens, les marocains et les anegériens je peux affirmer que les anegériens n’aiment pas l’ALGERIE contrairement aux marocains et aux tunisiens

    • J’ai eu très peu de contacts avec nos voisins tunisiens et marocains. Peut-être que les Algériens sont déçus par le fait que tant d’opportunités ont été manquées par la faute de leurs gouvernants. Quant à une réaction de la population, c’est très compliqué. Les gens ne se soulèvent pas facilement. Lorsqu’ils le font, c’est une exception, pas une règle attendue. Essayer de retourner un peuple, c’est comme manœuvrer un gros pétrolier : c’est très long et très lent. On ne peut pas lui faire prendre un virage en l’espace d’une pièce de monnaie. Et le pouvoir, lorsqu’il est mauvais, est comme un cancer qui ronge tout le corps. On a beau savoir qu’il est la cause du mal qu’on ressent, il n’est pas toujours facile de le guérir. Pourtant, le système immunitaire pourrait l’attaquer et s’en débarrasser, alors pourquoi ne le fait-il pas ? Même chose avec les peuples.
      Il y a presque 45 ans j’ai rencontré des chleuhs marocains et j’étais content de parler berbère avec eux. Mais quand j’ai insulté leur roi et le pouvoir algérien, ça ne leur a pas plu. Ils m’ont gentiment et très naïvement dit qu’en tant que descendant du prophète, le roi avait une autorité légitime, Ça m’a plutôt choqué. Descendant d’un homme dont on ne connaît à peu près rien et qui pourrait même ne jamais avoir existé, tiens !… Plus tard j’ai rencontré des rifains, et ils m’ont mis du baume au cœur, car ils n’avaient pas du tout la même attitude que les ichelhiyen. J’espère que ces derniers ont changé depuis. Mais bien sûr, je ne devrais pas généraliser peut-être. Ils n’étaient qu’une demi-douzaine.

  4. J’ai visité THAMOURTH OU MAZGHA dans mon jeune age ; de Benghazi à Tenerife c’est très intéressant et instructif de toucher le fond de chaque région.
    Les rifains c’est des Kabyles sans aucun doute (ANTI-TOUT ET ANTI-TOUS) les carthaginois plus filous depuis l’histoire de la peau de VACHE
    les chleuhs c’est le reste de la domination religieuse ils sont avec l’homme fort du moment mais quand tu as un enfant avec un prénom amazigh ils feront de lui un roi (ça m a fait pleurer meme en ANEGERIE je n’ai pas eu ce sentiment)
    Les Algériens à l’époque étaient entiers généreux, irgazens Fhoula maintenant anegériens sont des égoïstes, cupides sales et méchants

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