12 décembre 2024
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Ali Mebroukine, le lâche et le veule vous répond

Droit de réponse

Ali Mebroukine, le lâche et le veule vous répond

Ali Mebroukine vient encore de se distinguer par une attaque envers Saïd Sadi à propos du régime militaire. Je laisse à Saïd Sadi le soin de répondre ou non personnellement mais dans cet article, Ali Mebroukine s’adresse à moi puisqu’il parle des « lâches et veules qui s’expriment de l’étranger ». Le lâche et le veule va donc lui répondre.

En vérité, si je devais répondre ce qu’il y a réellement au fond de ma pensée, aucune rédaction de presse ne pourrait me publier car les mots seraient d’une si grande rudesse qu’il faudrait éloigner les enfants et les oreilles chastes.

Je vais donc m’abstenir de prendre cette direction pour rester dans la droite ligne de mon éducation. Et, au fond, de me servir de la seule arme que nous avons face au régime militaire, la civilité et le langage tenu. Ils ne sont néanmoins pas dépourvus d’une force et d’une rage que seul Ali Mebroukine sait tourner en prosternation.

Ma lâcheté, c’est toute une vie qu’elle a duré lorsque j’ai inlassablement milité pour les droits et la dignité de mes compatriotes berbérophones en mettant des bâtons dans les roues d’un régime militaire qui avait un projet d’avenir merveilleux pour eux.

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J’ai d’ailleurs eu cette lâcheté, j’en ai honte, de rédiger il y a encore deux jours une adresse au général Gaid Salah pour lui dire mon soutien au drapeau amazigh dans les manifestations. La lâcheté, c’est comme la drogue, elle vous enfonce dans les bas-fonds de la veulerie humaine.

Oui, je suis un lâche car je n’ai jamais soutenu un régime militaire qui était et reste la force démocratique de notre pays. Nous avons eu la lâcheté de refuser sa main tendue pour le remercier de sa protection, pour son extraordinaire projet d’union nationale et sa capacité à engendrer un humanisme flamboyant, porteur d’espoir, de valeur de probité et de droits intangibles.

Ma lâcheté est d’avoir exprimé dans le parti puis par des dizaines d’articles mon refus du code de la famille alors que les militaires soutiennent un texte qui est la dignité humaine incarnée, au contraire de ma lâche personne qui refuse la protection et la dignité aux femmes.

Je suis une vile personne car je me cache à l’étranger alors que les militaires font face au peuple algérien pour leur montrer la bonne voie de la démocratie, de la haute éducation et des valeurs d’honnêteté.

Je suis un lâche car je n’ai eu ni le courage ni la compétence pour prendre les armes aux côtés des militaires dans la noble mission qui est la leur de défendre un peuple en danger de toutes les menaces du monde. Pas de service militaire fait pour aider ces hommes en armes à construire un pays digne et florissant.

Je suis un veule personnage car le droit constitutionnel est ma formation de base et que j’aurais dû le mettre au service de la nation. Au contraire, je l’avais investi dans un parti de lâches, au côté d’un grand lâche, pour essayer de proposer une constituante. Heureusement que la bravoure des militaires nous a empêché de mettre en exécution une abomination qui ne peut sortir que de l’esprit de veules personnes.

Au lieu de les critiquer lâchement de l’étranger, nous aurions du nous aligner derrière eux car lorsque nous lisons les textes d’Ali Mebroukine, nous avons conscience d’avoir raté l’occasion d’être au service de très grands personnages investis d’une mission sacrée.

Et puis, que Ali Mebroukine nous pardonne, si nous n’avons pas assez crié notre amour de la patrie et notre reconnaissance envers ceux qui la protègent, c’est que nous n’avons pas le même talent que lui pour le faire. Tout le monde ne peut rédiger une merveilleuse ode aux militaires et à leurs vaillants généraux, il faut nous en excuser.

Là, sur ce point, Monsieur Mebroukine, vous êtes injuste avec moi car à vous lire je me dis que tout le monde n’a pas le même talent, il faut être indulgent. La barre est si haute dans le poème lyrique à l’adresse des militaires et de leurs hauts gradés qu’il me serait impossible d’atteindre ce niveau si élevé.

J’ai écrit dans la presse une ode d’amour pour ma femme, je le fais souvent dans les réseaux sociaux pour elle comme pour mes enfants. J’ai rédigé une ode pour mes deux lions de la place d’armes d’Oran. Mais franchement, je ne sais pas reproduire votre grandeur d’amour lyrique envers les militaires, j’ai tant de pudeur lorsqu’il s’agit de personnes bien plus élevés dans l’estime qui leur est dû.

Ma lâcheté est à la hauteur de mon aveuglement à percevoir où se trouve l’intérêt du pays qui m’a vu naître. Mais tout le monde ne peut avoir la hauteur de vue d’un professeur de droit constitutionnel pour admirer et chanter les louanges à nos immenses démocrates, intègres et prêts à se sacrifier pour le bonheur des leurs.

Dans les régimes militaires, il y a toujours eu des lâches qui les combattaient et des vrais patriotes qui les soutenaient. Dans une autre vie, peut-être serais-je enfin du bon côté ?

Il faut toujours donner une seconde chance aux lâches !
 

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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