Jeudi 1 novembre 2018
Allah, Novembre et les forbans (I)
Le président Bouteflika à El Alia. Archives.
Au nom d’Allah Clément et Miséricordieux, que les prières et la paix d’Allah soient sur Son Messager », a-t-il dit en préambule d’une nouvelle sournoiserie. Dieu, c’est pratique, surtout quand on s’apprête à commettre une forfaiture en son nom.
Puis il (ou ceux qui ont rédigé le communiqué à sa place) a (ont) poursuivi : « L’Algérie célébrera, demain, le soixante-quatrième anniversaire du déclenchement de la Glorieuse Révolution de Novembre, la célébration la plus significative de notre histoire contemporaine. En effet, le Glorieux 1er Novembre est le jour où notre peuple a décrété qu’il briserait les chaînes du colonialisme inique consentant tant de sacrifices pour le recouvrement de sa liberté spoliée et sa souveraineté nationale confisquée. »
« Sa liberté spoliée et sa souveraineté nationale confisquée » ? Ce n’était pas très utile de convoquer Dieu et les saints pour répéter un mensonge vieux de 64 ans. « Ô Vous qui allez nous juger… », lisait-on dans la déclaration du 1er Novembre 1954. Malheur à ceux qui ont cru pouvoir juger…Ou qui ont cru pouvoir accéder au pouvoir par le mécanisme démocratique. Bouteflika est de ces hommes habiles et sans scrupules pour qui Dieu, Le prophète, le Coran, les anges, sont de simples faire-valoir au service d’une ambition tristement humaine. Des hommes qui, depuis toujours, ont su confier aux martyrs la besogne de conquérir la liberté pour aussitôt s’y engouffrer, la contrôler, puis gouverner par le glaive et le mensonge et, à l’occasion supprimer les souvenirs des martyrs pour mieux l’enfourcher. Ils n’ont pas de honte à s’approprier le combat des morts, à dire « nous » en parlant des martyrs qu’ils ont fait oublier. Après tout, l’histoire des peuples n’a que faire de vérités ni de mémoire elle a juste besoin de mythes, seulement de mythes, de faux héros, de vrais mensonges et d’orgueil grandiloquent.
Ce président qui n’a connu que les putschs et qui sera resté au pouvoir 20 ans (25 ans s’il arrive au terme de son 5ème mandat), cet homme avide de pouvoir, malade de pouvoir, qui ne croit ni aux élections, ni à l’alternance, ni à la séparation des pouvoirs, cet homme qui dit le contraire de ce qu’il pense et qui pense le contraire de ce qu’il dit, ce personnage sans grande compétence, qui aime s’entendre parler – Hélas, le plus souvent pour ne rien dire – , cet homme n’a pas fini de désosser un pays qui a cru, il y a 64 ans, engager une révolution pour se libérer. Il a dilapidé l’argent du pétrole, hypothéqué l’avenir, installé une Camorra dans la périphérie du pouvoir, isolé le pays dans l’arène internationale… après 20 ans d’exercice absolu et archaïque Du pouvoir, l’Algérie est à bout de souffle. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les journalistes étrangers Qui se plaisaient, en 1999, à dresser un portrait dithyrambique d’un président « éclairé, courageux, démocrate et talentueux » et qui, aujourd’hui, en ce 64e anniversaire de révolution de novembre, écrivent et disent tout autre chose, S’autorisant des formules dégradantes et insultantes à l’endroit de président qu’il portaient aux nues. (A suivre)