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Allo la France ! Il se passe des choses en Algérie…

REGARD

Allo la France ! Il se passe des choses en Algérie…

Beaucoup d’historiens s’accordent à dire que la Seconde Guerre mondiale est la conséquence du traité de Versailles. Celui-ci a été signé le 28 juin 1919 au Château de Versailles, mettant fin à la Grande Guerre. Il était censé mettre en place une paix durable en Europe et dans le monde, mais, finalement, ce n’était qu’une prolongation du cataclysme dont le point de départ remontait au 28 juin 1914, correspondant à l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand, héritier de la couronne austro-hongroise.

Au lieu de faire la paix avec les vaincus, les alliés se sont acharnés sur l’Allemagne en imposant à sa population des mesures économiques affligeantes et humiliantes. Les conséquences, on les connaît : les nazis arrivent au pouvoir et déclenchent la guerre la plus meurtrière de l’histoire. «Il est plus facile de faire la guerre que la paix», disait Georges Clémenceau.

Ainsi, en partant d’une supposée paix retrouvée, on a abouti à une hécatombe inédite. Un processus rappelant la genèse de l’état algérien. Le 5 juillet 1962, dans l’euphorie générale tout le peuple algérien est sorti dans la rue pour fêter ce que l’on osa appeler l’indépendance du pays. Car, finalement, ce n’était qu’une illusion, des mirages de l’histoire. L’armée de l’extérieur stationnée au Maroc et en Tunisie transforma en cauchemar le rêve de millions de citoyens.

Cette armée, étrangère à la révolution algérienne puisqu’elle n’a jamais participé à celle-ci, est bien équipée et constituée d’un effectif pléthorique. Ce qui lui a permis de ne faire qu’une bouchée des combattants de L’Armée de Libération Nationale osant s’opposer aux nouveaux envahisseurs. À l’exception des régions du centre et de la Kabylie où ils durent faire face à une résistance farouche.

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En tant qu’Algérien et en tant que francophile né après l’année 1962, donc, n’ayant pas vécu la guerre d’Algérie, je me pose cette question : Pourquoi le pouvoir français de l’époque a-t-il autorisé l’armée en question à envahir le territoire algérien ? Les services secrets français savaient pertinemment les visées politiques et idéologiques des têtes pensantes de celle-ci. 

L’armée française était censée remettre le pouvoir au GPRA (Gouvernement Provisoire algérien), et assurer la sécurité des infrastructures et de tous les citoyens, sans distinction d’appartenance ethnique ou communautaire, jusqu’à ce que les nouvelles autorités soient en mesure de prendre la relève, conformément aux accords d’Evian.   

Comment se fait-il que les pieds noirs et les juifs aient été expulsés de leurs maisons et de leurs terres ? Deux communautés pouvant revendiquer leur algérianité au même titre que les autres. L’arrivée de la communauté juive en Afrique du Nord remontait au Vème siècle av. J.-C., il y a 2500 ans. Si l’on suit le raisonnement de ces oppresseurs se faisant passer pour des libérateurs, il n’y a que les autochtones, c’est-à-dire les Berbères, qui auraient le droit de cité en Algérie, puisque toutes les autres communautés pourraient être considérées comme étant des envahisseurs y compris celle à laquelle ils prétendaient appartenir.

Dès 1962, la France a permis indirectement l’instauration d’une dictature militaire en Algérie. Un système clanique, clientéliste, haineux et injuste est mis en place. Un système réduisant la culture algérienne à une seule communauté, une seule langue, une seule religion et un seul dieu qu’on doit remercier tous les jours de nous avoir fait cadeau d’un super président unique et indéboulonnable.

La société est scindée en deux parties inégales : une infime partie appelée « les ayant droit » gravitant autour du centre du pouvoir se partageant les richesses du pays provenant de la rente pétrolière ; une grande partie, vivant des restes de la première, privée de droits et de moyens. Ce système n’a fait que perpétuer celui de l’indigénat. Ce qui nous donne le droit de considérer le nouveau pouvoir comme étant un système néocolonialiste.

En agissant de la sorte, La France voulait-elle faire payer au FLN historique toutes ces années de conflits armés ? S’agissait-il d’une vengeance ? En tout cas, si c’était le cas, l’opération a été relativement un succès, car des milliers de combattants de l’ALN sont tombés sous les balles et les obus de l’armée des frontières. Cette dernière a également tué plus de chefs historiques du FLN que l’armée française. Cependant, du point de vue humain et au regard des conséquences engendrées sur la population algérienne, elle ne pourrait être perçue que comme un acte odieux et monstrueux.

Depuis 1962, La France est restée le partenaire privilégié du pouvoir algérien principalement dans le domaine économique. En ce qui concerne le domaine culturel et éducatif, c’est une autre histoire. Dès l’année 1965, le système algérien a mis en place tout un programme afin d’arabiser l’école et écarter la langue française de l’enseignement. Comme tous les enseignants algériens de l’époque étaient des francisants, on a fait appel au pays dont le Raïs était la référence et le grand idéologue du panarabisme ayant eu une grande influence sur le nouvel homme fort du pouvoir algérien, Houari Boumediene. Il s’agissait de l’Égypte et son chef charismatique Gamal Abdel Nasser. 

Durant les années soixante et même au-delà, l’analphabétisme fut un grand problème de la société égyptienne, son taux dépassait les 60 %. Comment est-ce possible qu’un état fasse appel à un autre pays pour résoudre un problème dont souffrait ce dernier ? Quelle absurdité ! En quelques décennies, l’école algérienne s’est gravement dégradée figurant à la 119e place sur 140 pays faisant l’objet d’une étude menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation.  

Les oligarques algériens ont fini par imposer un enseignement exclusivement en arabe au peuple algérien, tandis que leurs enfants étudiaient en langue française dans des établissements privés et autres. Après l’obtention de leurs baccalauréats, ils partaient poursuivre leurs études dans les universités françaises et anglaises.  

De 1962 à ce jour, le peuple algérien a non seulement été privé des richesses provenant des exportations des hydrocarbures, mais, il a subi également un endoctrinement par le biais de l’école de la république visant à falsifier son histoire et faire disparaître sa culture et ses valeurs ancestrales. 

Le 22 février 2019, tel le phénix, le peuple algérien renaît de ses cendres. Même s’il porte encore les stigmates de toutes ces années d’endoctrinement et d’abrutissement devenant visibles à travers les habits ou parfois le langage d’une partie de nos concitoyens. L’espoir est permis. La méthode du pouvoir algérien utilisée jusque là ne fait plus recette. Tous les citoyens sont maintenant convaincus que celui-ci ne s’intéresse à aucune cause ou communauté, toutes ses manoeuvres sont destinées pour diviser afin de mieux régner, son but suprême est la dilapidation des richesses du pays.      

Depuis, chaque vendredi est un référendum exprimant le rejet du système dont la participation dépassait souvent les 100 % du corps électoral, car les enfants prenaient part aussi à ces manifestations. Ce soulèvement est inédit de par son ampleur, sa mixité, son civisme et son pacifisme. Certes, ce n’est pas la perfection absolue, mais au regard du parcours du peuple algérien, on ne peut que se réjouir.

Ce peuple aimerait bien voir les médias, les élites et les hommes politiques du monde entier parler de la situation en Algérie et lui manifester son soutien, et plus particulièrement ceux de la France. En ce moment, son seul moyen de lutte est la mobilisation pacifique se traduisant par des marches, des chants, des slogans et la mise en échec par le boycott de toutes les manœuvres du système. 

Pendant que les chaines de télévision algériennes pratiquaient la désinformation et la manipulation, les chaines françaises s’engouffraient dans le silence. Fallait-il du sang pour qu’elles réagissent ? Sont-elles à ce point des vampires ? Ou bien, ne font-elles qu’exprimer l’omerta de l’Élysée ayant contaminé tous les autres pays européens ?

Depuis le début du soulèvement populaire, les autorités françaises disent qu’elles ne veulent pas s’ingérer dans les affaires intérieures algériennes. Tout en préconisant le dialogue pour trouver une issue à la crise que traverse le pays, elles adoptent une position neutre. Les relations commerciales et diplomatiques sont toujours au beau fixe entre les deux pays, des sociétés françaises auraient même renforcé leurs investissements économiques en Algérie ces derniers mois.

Le Canada est la première nation à avoir dénoncé la fuite de capitaux d’Algérie vers ce pays. Pourquoi la France n’en a pas fait autant ? Ce n’est un secret pour personne que plusieurs oligarques algériens ont investi des sommes faramineuses pour l’acquisition de biens immobiliers, entre autres, sur le territoire français. La France est-elle devenue Grotius dont parlait Jean-Jacques Rousseau dans son œuvre politico-philosophique « Du Contrat Social » ? Pour ses intérêts matériels, est-elle prête à vendre son âme et son honneur en faisant l’impasse sur les principes de l’éthique ?

Il est illusoire de croire qu’on pourrait établir un dialogue entre un clan d’un système militaire dictatorial et le peuple, quand celui-ci, tirant à hue et à dia, légitime les enlèvements en arrêtant des citoyens sans aucune injonction judiciaire pour en faire d’eux des otages ; recourt à la xénophobie pour diviser la population, et allant jusqu’à interdire l’accès à la capitale les vendredis. 

On envoie en prison des manifestants pour port d’emblème berbère représentant la culture ancestrale de ce pays, des opposants politiques, des entrepreneurs, et j’en passe. Ce clan occulte utilise la justice pour en faire un appareil répressif lui permettant de se débarrasser des autres clans et de faire la pression sur le peuple afin de remettre en place leur système parasitaire et abject pour de longues années encore. 

La maturité populaire actuelle ne permettra jamais un éventuel recyclage d’un tel système. On aboutira inévitablement à un éclatement de la nation. Ce qui déstabilisera toute la région dont les conséquences se feront sentir jusqu’en Europe. Dans ce futur désespoir régnant, il faudra s’attendre à un grand flux migratoire vers la France et les autres pays européens.

La France et l’Europe ont un devoir humain, cela va également dans le sens de leurs intérêts, de soutenir le peuple algérien pour retrouver sa souveraineté. Il est temps pour que toutes ces anciennes colonies accèdent à la démocratie et s’organisent en véritables républiques. Ainsi, elles deviendront des partenaires et non pas une sorte de régences des pays riches ou des firmes multinationales au détriment de leurs populations.   

Auteur
Mourad At Yidir, Universitaire

 




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