Imaginez un monde où chaque bijou, chaque motif, chaque geste porte un sens profond. Un monde où la beauté et la protection s’entrelacent, où les symboles racontent l’histoire d’un peuple qui traverse les âges. C’est cette immersion fascinante que propose l’exposition Amazighes. Cycles, parures, motifs, au Mucem de Marseille, du 30 avril au 2 novembre 2025.
Une explosion de couleurs, de formes et de symboles — c’est ainsi que l’on pourrait résumer cette exposition unique en son genre. Amazighes n’est pas simplement une rétrospective ; c’est un voyage sensoriel et visuel au cœur de la culture amazighe, un peuple aux racines profondes, un peuple qui vit à travers ses symboles, ses objets, et surtout à travers ses gestes ancestraux.
L’exposition, fruit de la collaboration entre la Fondation Jardin Majorelle de Marrakech et le Mucem, présente près de 150 pièces exceptionnelles, allant des bijoux d’une beauté à couper le souffle aux céramiques délicates, en passant par des sculptures et des textiles aux motifs envoûtants. Ces objets, souvent porteurs de significations cachées, racontent l’histoire d’une identité forte, d’une culture qui, loin d’être figée, se nourrit et se réinvente au fil du temps.
Une fibule qui parle… et protège
Parmi les trésors exposés, une fibule Tabzimt, venue tout droit de la Grande Kabylie, attire immédiatement l’œil. D’un argent éclatant et décorée de corail, cette pièce unique, datant de la première moitié du XXe siècle, n’est pas seulement un bijou : elle incarne la protection, l’identité et le lien entre le passé et le présent. C’est là l’essence même de la culture amazighe : chaque objet n’est pas seulement décoratif, il est porteur de sens, un amulette spirituelle, une transmission de génération en génération.
« Chaque motif, chaque courbe, chaque matériau a une signification », explique Salima Naji, commissaire de l’exposition et anthropologue. « La parure, ici, n’est pas qu’une simple question d’esthétique. C’est un langage, un moyen de se protéger, de marquer son identité et de relier l’humain à l’univers. »

Le féminin sacré : un voyage au cœur de la culture amazighe
L’exposition se déploie autour d’une figure centrale : la femme amazighe, incarnation de la fertilité, de la sagesse et de la protection. Les gestes des femmes amazighes — vannerie, henné, tatouage, tissage — sont non seulement des savoir-faire ancestraux, mais aussi des rituels qui sculptent le temps et l’espace. À travers ces gestes, les femmes transmettent un savoir profond, presque magique, qui réunit l’art, la nature et la spiritualité.
Les hommes, quant à eux, sont les artisans des objets qui, bien que utilitaires, sont également chargés de symbolisme. L’orfèvrerie amazighe, avec ses lignes épurées et ses motifs sacrés, fait le lien entre le quotidien et le sacré.

Un succès retentissant
L’exposition a d’ores et déjà conquis le public marseillais. Dès son ouverture, la file d’attente pour accéder à ce voyage fascinant dans l’histoire amazighe a impressionné : un flot continu de visiteurs, impatients de découvrir ce que cache cette culture millénaire. Ce dimanche, le Mucem était noir de monde. Les visiteurs se pressaient pour observer de près les objets et œuvres, chacun voulant s’imprégner de la magie de ce monde ancestral.
Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de découvrir l’exposition, il est grand temps de le faire. L’occasion de s’immerger dans une culture riche, complexe et profondément humaine. Amazighes vous invite à une rencontre inédite avec un peuple, une culture et un patrimoine qui, loin de se perdre dans le temps, continue de vivre, de vibrer et de s’exprimer.
Djamal Guettala
Exposition Amazighes. Cycles, parures, motifs
Mucem, Marseille. Du 30 avril au 2 novembre 2025
Entrée libre le mercredi et dimanche après-midi.
Commissariat :
Salima Naji, architecte DPLG et docteure en anthropologie
Alexis Sornin, directeur des musées Yves Saint Laurent Marrakech et Pierre Bergé des arts berbères
D’après une idée originale de la Fondation Jardin Majorelle, en coproduction avec le Mucem.
Image
Fibule Tabzimt, vers 1900-1950, Algérie, Grande Kabylie. Argent, corail.
Collection Mucem, Marseille. Don Jacqueline Terrer.
© Mucem / Marianne Kuhn