Le 8 mai 1945, une date symbolique dans la construction de notre conscience nationale. En ce jour les indépendantistes algériens du Nord-Constantinois se sont soulevés contre le colonialisme français et ont scandé » nous voulons l’indépendance « . Une indépendance acquise après avoir payé le plus lourd tribut pour affirmer leur droit à l’existence en tant que peuple indépendant.
Hélas ! Presque 60 ans après, le 5 juillet 2019, en plein cœur d’Alger, à l’occasion de la fête de l’indépendance retentit le même slogan : « le peuple veut l’indépendance ». Nous sommes le seul peuple qui, deux fois dans son histoire, a réclamé son indépendance ! Avaient raison ceux qui ont qualifié la première indépendance d’indépendance confisquée tel Ferhat Abbas, de colonialisme intérieur tel Hocine Aït Ahmed et d’indépendance inachevée telle » l’Algérie du Peuple « .
Car si la première indépendance fut politique (l’indépendance de l’Algérie) ; la seconde indépendance, celle pour laquelle nous luttons, est une indépendance citoyenne (l’indépendance de l’Algérien) et elle a pour objectif de fonder une Etat de droit et de libertés (Al Huriya). La grandeur du Hirak populaire du 22 février 2019 est qu’il incarne l’histoire de la résistance au régime militaire de 1962 et c’est la raison pour laquelle il est massif, pacifique, radical et inclusif : il représente une rupture historique.
« L’Algérie du peuple » s’est fait connaître en tant que mouvement le 12/12/2022 en se référant au élections du 12/12/2019 pour se distinguer de l’Algérie des Généraux car il existe deux Algérie en Algérie ! Celle des Généraux donc qui a voté Tebboune et se réclame du Hirak béni le Hirak institutionnel- et celle du peuple qui se réclame du Hirak populaire et s’est opposé aux élections.
Parmi ses principes, » l’Algérie du peuple » a exhorté les Algériens à ne pas répondre aux « Appels anonymes » et elle s’est engagée à prendre ses responsabilités lorsque le contexte l’exige. Ce moment est venu et elle juge la situation révolutionnaire. Une situation est jugée révolutionnaire par les théoriciens de la Révolution lorsqu’une société ou une civilisation traverse une crise qui peut engendrer son effondrement ou sa régénération.
D’où cet Appel aux patriotes algériens ! L’heure est grave et le moment plus que jamais décisif. Des distances astronomiques séparent l’Algérie rêvée dans le manifeste du 1er novembre 1954 de l’Algérie de 2024. Celle-ci est la négation totale de l’esprit de Novembre car elle n’est ni démocratique, ni populaire, ni sociale. Que dire aussi de l’espoir porté par le soulèvement populaire du 22 février 2019 réclamant une transition systémique et qui se trouve face à un changement clanique ?
Comme Novembre 1954 fut la synthèse de la résistance anticoloniale depuis 1830, son Appel a posé la problématique essentielle du mouvement national : qui détient la souveraineté en Algérie, la France coloniale ou le peuple algérien ?
A son tour, le Hirak populaire, dans son sillage, est l’évènement historique qui synthétise l’histoire de la résistance à ce pouvoir militaire- incarné à présent par l’Algérie des généraux, et ce depuis depuis 1962.
Le Hirak a désigné l’année 1962 comme étant l’origine du mal algérien. Il a libéré le génie populaire suivi d’une prodigieuse effervescence où la majorité des publications se réfère à cette date, et dont presque l’ensemble des auteurs se sont retrouvés injustement incarcérés dans les geôles de l’Algérie Nouvelle pour avoir critiqué le pouvoir militaire.
Le Hirak n’est pas une fin en soi.
« L’Algérie du peuple » se veut la traductrice de sa vérité contestataire. Patriote et antisystème, radicale et inclusive, » l’Algérie du peuple » pose à son tour la question politique essentielle : qui détient la souveraineté en Algérie, le Peuple ou l’Armée ?
Cette Armée dont la généalogie n’est pas l’esprit de l’Armée de libération mais celui de l’Armée des Frontières. Car, celle-ci est une armée de conquête et de pouvoir. En marchant sur Alger durant l’été 1962 et l’Indépendance confisquée par la force des armes, le système politique qu’elle a engendré jusqu’à ce jour sème la mort, la discorde, le désespoir et la non-vie.
L’annonce des élections anticipées est l’humiliation de trop. Le Hirak a revivifié en nous notre algérianité ; d’autres avant nous ont vu l’Algérie mourir au lendemain de sa naissance, allons-nous à notre tour la laisser mourir une seconde fois, au moment de sa renaissance ? Nous sommes dans l’urgence.
Chaque génération a une mission, la nôtre consiste à libérer l’Algérie de la mainmise du militaire sur la vie politique.
Pour cet idéal « l’Algérie du peuple » appelle les patriotes algériens à se mobiliser et à affirmer :
1- Notre refus radical des élections anticipées du 7 septembre
2- Toute personne qui candidate s’inscrit dans la logique de la continuité du système
3- Nous ne reconnaissons pas ces élections ni leurs résultats
4- Le pouvoir actuel, prolongement de la prise du pouvoir par la force par l’Armée des frontières en 1962 a un déficit de légitimité populaire.
5-Faisons de la journée du 7 septembre une journée de deuil national
6-Dans l’hypothèse qu’une vraie dynamique puisse voir le jour et que puisse se dessiner un horizon politique rassembleur – à commencer par la libération des détenus et ouverture du champ médiatique et politique-, garantissant que la volonté populaire sera respectée et
souveraine ; à cette condition » l’Algérie du peuple » propose comme date des élections présidentielles le 22 février 2025.
Le 22 février est une date symbolique, notre matrice commune car elle incarne la naissance d’une nouvelle légitimité politique : la légitimité populaire.
Faisons alors de cette date la naissance d’une Algérie réconciliée. « L’Algérie du peuple » présentera des noms. Un homme politique est un discours et un parcours.
Cet Appel est un appel d’espoir, une renaissance de la vie politique, une refondation de la personnalité algérienne et de l’Etat algérien. Il est aussi un Non radical à la criminalisation de l’action politique (en exergue l’article 87 bis du code pénal) et à la violence juridique qui défigurent l’Algérie et l’Algérien.
« L’Algérie du peuple » en appelant à la souveraineté de la volonté populaire veut que l’Algérien ne se sente plus étranger dans son propre pays : dépouillé de ses terres et de ses croyances durant l’ère coloniale, il est aussi dépouillé de sa dignité, de sa liberté et privé de sa citoyenneté dans l’ère postcoloniale.
Il faut que l’Algérie ne soit plus simplement un beau pays mais une Patrie pour tous ses enfants. Ainsi, nous parachèverons enfin l’édification de l’Etat algérien que l’esprit de Novembre 1954 a voulu bâtir : à savoir « la restauration de l’Etat algérien souverain démocratique et social dans le cadre des principes de l’islam ». « L’Algérie du peuple » ne vous promet pas une Algérie Nouvelle mais une Algérie Alternative.
Le combat politique de » l’Algérie du peuple » est un combat juste et libérateur, y être solidaire est une exigence à la fois politique et morale afin que l’indépendance du pays arrachée de longues luttes en 1962 devienne enfin une réalité.
L’Algérie du peuple
Mahmoud Senadji et Ibrahim Quentour
Le Secrétariat provisoire