8 mai 2024
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Après le coup d’État, se dirige-t-on vers un «État d’exception» ?

DEBAT

Après le coup d’État, se dirige-t-on vers un «État d’exception» ?

L’ex-alliance présidentielle fait allégeance à Gaïd Salah

Saïd Bouteflika a déjà ambitionné sur cette idée. Tout au début de la révolution, il est pris de panique et n’avait d’autres choix que de vouloir imposer «l’état d’urgence ou l’état de siège» selon Khaled Nezzar. Heureusement que les choses ont tourné autrement, le peuple a su s’imposer en jouant son rôle dans cet imbroglio, il a déjoué tous les pièges tendus.

Mais cette idée n’est pas complètement enterrée, car les déclarations hasardeuses de Gaïd Salah suscitent des inquiétudes. Ne sachant prendre ses distances des affaires politiques, tout en confondant le peuple à ses subalternes  de sa hiérarchie militaire, il risque de mener le pays vers l’inconnu. Trop volubile, il martèle que les élections auront lieu le 4 juillet malgré le refus d’un peuple incrédule. Sans doute, est une volonté de s’établir avec force. De quoi se mêle-t-il d’ailleurs ! Sa place est à la caserne, de surcroît, qu’est-ce qu’il attend pour prendre sa retraite et de s’occuper de ses petits enfants au lieu de vitupérer contre la volonté d’un peuple ?

Selon l’avis des spécialistes et les analystes qui ont porté une attention particulière à la conjoncture, ils alertent qu’il est pratiquement impossible d’organiser une échéance électorale dans de telles conditions, c’est absurde de le faire sans l’accord de tous.  

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Donc, il est juste de penser que Gaïd Salah et ses conseillers s’orientent vers une solution à la hussarde. Le coup d’État perpétré contre Bouteflika et en plaçant Bensalah comme un éventail peut nous renseigner sur les véritables motivations et les intentions du général-major : «un changement avec le maintien du système».

Rien de moins surprenant de voir le retour des Don Quichottes pour un appel de soutien au général-major. En changeant de fusil d’épaule, ex-alliance présidentielle composée de partis politiques les plus haïssables aux yeux des Algériens notamment le FLN, RND, TAJ et le MPA. Avec leurs chefs, ils font de la prostitution politique pour le nouveau maître des lieux.   

On se souvient  il n’y a pas si longtemps, ils faisaient des déclarations lamentables pour le soutien à la candidature de Bouteflika. Aujourd’hui, dans le même sillage, leur intrusion est de mauvais augure pour le système et un bon signe pour le reste puisque la présidentielle prévue pour le 19 avril a emporté Bouteflika, celle du 4 juillet va emporter inéluctablement Gaïd Salah car le peuple est déterminé.

Après cette date, ce dernier risque de mettre l’Algérie dans «un cas de nécessité impérieuse» pour trouver un argument solide pour s’accaparer des pleins pouvoirs. Et sans aucune culture politique, le militaire est habitué  «à recevoir et à donner les ordres», le reste, rien ne peut lui convenir.

Mme Fatiha Benabou, juriste et spécialiste dans la constitution, rappelle dans les colonnes du journal électronique Tsa, que le peuple est contre les élections du 4 juillet. «Donc, ces élections tombent d’elles mêmes. Lorsque la Constitution n’offre plus de solution, il faut revenir à l’article 7 de cette même Constitution, c’est-à-dire au propriétaire de la souveraineté nationale qui est le peuple. C’est lui qui offre la garantie et la crédibilité par la légitimité populaire».

Ce qui est approprié et logique dans le contexte actuelle.

L’opinion politique, l’élite et l’intellectuel sont unanimes sur ce sujet. Même les plus fidèles au système, comme Ahmed Taleb Ibrahimi, reconnaissent la gravité d’une fausse manœuvre. Avec deux de ses consorts l’avocat Ali Yahia Abdenour et un ex-général à la retraite Benyelles ont interpellé par le biais d’une lettre les tenants des rênes du pays de lâcher le lest, le peuple est très en avance sur eux sur la manière de procéder pour régler la crise.

Dans un esprit de prévention, pour garder la révolte dans un climat de sérénité et de calme, il reste encore une chance pour que l’ANP prenne ses responsabilités en affichant sa volonté et sa disponibilité de veiller sur le pays et non être représentée par une poignée de vieux militaires revanchards qui font le jeu de la lutte des clans et pour instaurer une république des règlements de comptes. La société algérienne croit fermement qu’il existe au sein de cette institution des hommes et des femmes capables de faire la part des choses. Pour une solution durable, la primauté du civil sur le militaire est un point de départ pour l’Algérie de demain.

Ce n’est pas en mettant en prison Issad Rebrab, le premier créateur d’emplois du pays, en dressant des barrages chaque vendredi pour empêcher les Algériens de marcher dans leur capitale, où bien de laisser les forces de l’ordre matraquer les manifestants et asperger les femmes et les enfants avec des gaz de lacrymogènes qu’on pourra bâtir l’Algérie de demain. La duplicité affichée par le chef des forces de l’armée est déplorable.

Le monde entier épie nos faits et gestes, certains pays ne pourront jamais accepter notre exploit pour des raisons de géopolitiques, de stratégies de risques de contagion, que ça soit deux de l’occident ou ceux de l’orient. Il suffit de savoir qui a soutenu d’une manière assumée le peuple algérien dans cette révolution. Sauf les dessous et tractations pour l’étouffer comme elle le fait la France avec Les Émirats arabes unis dû manière la plus vile. Il est difficile de se faire des bons amis quand on est sur une trajectoire ascendante.

L’Algérie n’est pas l’Égypte ni la Syrie, son histoire est façonnée par des femmes et des hommes depuis l’époque de Massinissa et de Jugurtha jusqu’à aujourd’hui par Djamila Bouhired, Benyoucef Mellouk et Dr Sadi. Pour sa dignité beaucoup ont été sacrifiés : la Kahina, La Fatma N’Soumer, Abane Ramdane, Ben-Mhidi, Ben-Boulaid, Amirouche, Hassiba Ben-Bouali, le petit Omar, Chabani, Khider, Krim Belkacem, Boudiaf, Hocine Ait-Ahmed et d’autres que je ne peux citer faute de places dans cette modeste contribution. Donc, lutter contre le despotisme est une culture ancrée dans nos mœurs depuis la nuit des temps.

Dans la perspective d’œuvrer pour un État d’exception, il est important que les décideurs du moment comprennent enfin que le projet sera avorté, car le peuple est en mesure de choisir librement ses propres dirigeants. Ce vendredi 14 mai en est la dernière illustration en date.

Auteur
Messaoudene Mahfoudh

 




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