Après le feuilleton des pénuries des produits de première nécessité comme le lait, l’huile de table et de la semoule qui se vendaient sous le manteau et souvent avec des prix exagérés, un autre phénomène du même acabit s’installe sur le marché : la rareté et la cherté du prix de l’œuf.
Ce produit alimentaire indispensable dans la consommation des ménages qui connait une hausse exponentielle depuis le mois d’octobre dernier vient d’atteindre en ce début de l’année 2023, une hausse historique et jamais égalée: il est cédé entre 20 et 25 dinars soit 650 dinars le plateau de trente unités. Certains commerçants ont même décidé de surseoir à la vente des œufs dont le prix a explosé à un moment où celui du poulet connaît une décrue.
De guerre lasse et ayant constaté que le département ministériel du grotesque Kamel Rezig préfère s’adonner à l’exercice facile de l’idéologie en livrant un combat donquichottesque contre l’invasion imaginaire des couleurs LGBT, les citoyens s’organisent. Ils viennent de lancer une campagne de boycott de ce produit sur les réseaux sociaux. Une campagne prise à bras-le-corps par l’Organisation de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce). « L’Apoce annonce son soutien total aux campagnes de boycott lancées sur les réseaux sociaux (…) le boycott est l’arme du consommateur pour changer la réalité et dénoncer les situations qui portent préjudice à son pouvoir d’achat», lance Mustapha Zebdi président de cette organisation sur sa page Facebook qui qualifie d’inquiétant le phénomène de la hausse du prix des œufs que les autorités n’arrivent pas à juguler d’autant plus que le mois du ramadan approche à grands pas.
Pour les aviculteurs, cette augmentation, s’explique par la hausse du prix de l’aliment pour volaille sur le marché international. Une explication donnée par le porte-parole de la Fédération nationale des aviculteurs, Djeloul Boudaoud, pour qui cette flambée du prix des œufs au fait que le coût de l’aliment pour volaille a quasiment doublé sur le marché international ces dernières semaines. Une hausse qui a conduit à la vente d’un plateau d’œufs sur le marché de gros à 570 DA.
Boudaoud a fait savoir que les prix des différents types d’aliments pour volaille sont passés de 3 500 dinars le quintal en 2021 à 7 500 DA, voire 8 000 DA le quintal dernièrement. Ce qui a causé un sérieux préjudice aux éleveurs et contraint les plus petits d’entre eux à cesser leur activité. Le nombre de poules pondeuses en Algérie a ainsi chuté de près 40 millions en 2019 à environ 8 millions actuellement. La situation est aggravée par les maladies, en particulier la grippe aviaire, selon Djeloul Djeloul Boudaoud.
Au mois d’octobre 2022, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni qui était en visite à Ain Defla a promis de trouver une solution au problème de la hausse du prix des œufs, phénomène qui était à ses débuts à l’époque. «Toutes les mesures ont été prises avec les parties concernées pour connaître les raisons de la hausse de leur prix, que ce soit avec l’éleveur ou le commerçant », a déclaré Mohamed, Abdelhafid Henni qui, selon un média national qui a rapporté ces de déclarations, a promis que des commissions de surveillance des prix seront déployées sur le terrain.
Visiblement, les mesures préconisées par le ministre par le ministre de l’agriculture n’ont pas été concluantes.
Chose qui a poussé les autorités à réagir. A en croire le site d’information Interlignes, le gouvernement vient d’autoriser l’importation des poules pondeuses. Une opération qui vise à augmenter la production de ce produit, selon le média qui précise que la décision a été prise, hier mardi, à l’issue d’une réunion entre le Directeur de la production agricole et les professionnels du Conseil national de la production de viandes blanches et de l’élevage de volailles, tenue au siège du ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
Samia Naït Iqbal