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Aux sources du gnawa et de la traite des esclaves (II)

Musique

Aux sources du gnawa et de la traite des esclaves (II)

Déroulement de la Lila

Après la prière d’El’Aïcha, à la tombée de la nuit, le Maalem et les musiciens prennent place face à la foule pour entamer la symphonie de la Lila

Ensuite, c’est le tour de la Rahba (marché au grain) : une Tbika ou Mida (Table) est posée devant le Maalem contenant toutes sorte de grains (mais, blé, haricots, lentilles, fèves) : on va a la Lila comme on va au marché : à la fin du rituel, chaque participant trouvera son bonheur parmi ses différents étals (les différents esprits).

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Durant ce rituel des grains, le chœur de l’orchestre commence à louer Allah et son prophète Mohammed (Qsssl), ses compagnons et les saints de l’islam : la couleur est le blanc et l’encens dégage lui aussi une fumée blanche.

Vient le tour des esprits marins dit aussi «el moussawiyine» ou «el bahriya». On invoque Sidi Moussa el Bahri et d’autres esprits, Leur couleur est le bleu clair, l’encens aussi est blanc mélangé avec des graines de coriandre, L’air est caractéristique, car il évoque la nage et la mer.

Puis, ce sont les esprits à la tunique rouge, l’encens aussi est rouge, Sidi Hamou est le maitre de ces esprits, le maitre des abattoirs qui incarne le boucher : l’instrument de ses esprits est le couteau.

Suivent alors les verts et les bleus foncé (les célestiels), leurs tuniques est verte ou bleu nuit, leur encens est blanc, leur chant invoque les saints de l’islam et les descendants du Prophète (Qsssl).

Puis, on passe au noir qui symbolise l’ensemble des esprits africains appelés «les gens de la forêt», les tuniques et l’encens sont noirs. Les esprits africains les plus authentiques et les plus dangereux s’appellent Sraga en Algérie, Baba Mimoun/Sargou Balaydji au Maroc et Jato en Tunisie.

La Lila se poursuit par Labnat ou La3yalet (les filles). Leur couleur est le jaune et le rose et différents encens clairs sont utilisés. Cette partie se caractérise par une ambiance festive.

La Lila se conclue enfin, à l’aube, avec la prière d’el Fajr. Les participants se quittent en se donnant rendez-vous pour le lendemain, pour la deuxième partie de la Lila qui dure deux jours de suite.

Les gnawa aujourd’hui

De nos jours, les Gnawas gravitent entre World music et rite de possession, leur rite apparaît ainsi comme une variante locale de la tendance universelle à l’incarnation du sacré. Au Maghreb cette tendance a subi l’influence de l’islam mais, elle demeure l’expression religieuse d’un groupe particulier et liée à son histoire culturelle africaine..

Aujourd’hui le rituel est toujours pratiqué au Maroc d’abord où l’on célèbre le Moussem à Tamasloht, un village de la périphérie de Marrakech au mausolée du Sidi Moulay Abdallah Ben Hsaïn, et beaucoup de Lila sont célébrées pendant la deuxième quinzaine de Chaabane, le mois qui précède le mois de Ramadhan au sein de différentes maison Gnawas .Depuis 1998, ce festival réunit les Gnawas du Maroc autour d’une association qui lutte pour les droits des musiciens Gnawas.

Grâce à l’enregistrement de ce patrimoine immatériel mondial, les Gnawas se produisent dans les salles les plus prestigieuses au monde.

En Algérie, des wa3dats annuelles sont célébrées surtout dans l’ouest du pays, là où une forte population de noirs d’Algérie est présente, (Oran Saida, Sidi Bel Abbes, Bechar, Mostaganem, Relizane). De nombreuses Lilas sont commandées par des initiés vivants dans les villes.

Un festival international de musique Diwan a était lancé en 2007 et depuis, il ne cesse de se développer et de structurer ce patrimoine de l’humanité. Des groupes de musique Diwan participent à de nombreux festivals nationaux ou internationaux et essayent de se frayer un chemin dans la globalisation de la musique.

En Tunisie, le rituel est assuré par deux maisons de Stambali, Dar Sidi Fraj et Dar Burnou.

Un festival a failli voir le jour à Tunis. Quelques groupes, généralement issu des anciennes Zawiya de Stambali, travaillent à la sauvegarde de cette musique et participent aux nombreux festivals organisés en Tunisie et à l’étranger.

Quant à la Libye, on n’y signale aucune célébration, et ce depuis des années.

 

Auteur
Nour-Eddine Habibèche

 




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