6 février 2025
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AccueilChroniqueAve Cesar ! Ave Trump !

Ave Cesar ! Ave Trump !

Ce lundi 20 janvier, l’empereur est monté sur le trône. Il le fait dans le lieu sacré de l’Amérique, le Capitole, temple de la démocratie pour ceux qui lui sont encore fidèles. Un monument qu’il voulait envahir pour dénier à l’Amérique ses valeurs proclamées.

Avec Donald Trump c’est Napoléon qui revient d’exil de l’île d’Elbe. Ce sont les cent jours de l’empereur qui commencent. Donald Trump peut en ce jour de sacre prononcer la parole de Cesar, « Veni, vidi, vici », savourant sa victoire après un exil forcé suite à son échec passé pour un second mandat.

Il est des exils dont on ne revient plus mais il en est d’autres où la rage de revanche est plus forte. Donald Trump l’a eue, il en a fait sa force. Rien ne lui a barré la route vers un retour dans son empire. Ni la vulgarité, ni les grossiers mensonges, ni les décisions farfelues et dangereuses pour le monde qu’il promettait.

Donald Trump prête serment devant le président de la cour suprême, Bible à la main, en s’engageant à « protéger et défendre la Constitution ». Quelle effronterie à la face des américains et du monde, lui qui n’a cessé de la fouler aux pieds.

Sur la Bible ? Lui qui n’a cessé d’ignorer ses commandements. Devant le président de la Cour suprême ? Celui qu’il a nommé pour sa couleur des plus réactionnaires et qui a permis tous les retours en arrière des avancées sociétales et démocratiques que le nouveau président exècre. Celui qui lui a permis d’obtenir toutes les indulgences de report des plaintes, des différés et des amnisties.

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L’empereur est couronné, il va pouvoir se consacrer à sa vengeance et à sa destinée qui l’illumine pour indiquer à ses fidèles la route de la gloire et de la puissance. Á mort, ses opposants ! Dehors, les fonctionnaires hostiles ! Déchirés, les engagements internationaux ! Au diable l’écologie !  Enterrées, la démocratie et les droits des femmes ! Vade retro satanas, la liberté de la presse !

L’Amérique sombre de plus en plus dans un gouffre dont on ne sait jusqu’où va la mener la chute. Le drame est que cette folie d’un empereur hypnotisé par la croyance de son pouvoir divin risque d’entraîner le monde dans l’abîme.

Le sacre de Donald Trump me fait rappeler la fête des fous au Moyen-âge où liberté était accordée à tous les excès dans l’exubérance et le grotesque. Une fête d’un jour si merveilleusement décrite par Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris. L’impertinence des manants envers les puissants était autorisée jusqu’à l’intérieur de ce lieu sacré et sa place où « l’élection du Pape des fous » se déroulait.

C’est bien ce moment des fous auquel on assiste à l’intérieur du lieu sacré de la démocratie, à l’élection du Pape des fous. Walt Disney avait bien vu juste, ce pays qui avait fait du divertissement sa vertu en fait aujourd’hui son âme politique.

Gare aux concurrents de son pouvoir, gare aux pays qui veulent défier la puissance économique de l’empire. Tout va se mettre à genoux devant l’imperator. Le messie tant attendu pour certains, le diable sortant de l’enfer de Dante pour d’autres.

Tout était suspendu jusqu’à l’intronisation du Cesar. Il s’était engagé à résoudre les conflits mondiaux en aussi peu de temps que la justice de Saint Louis consacrait à chaque jugement devant son chêne.

Et pourtant certains prétendront que de la folie peuvent naître aussi bien le malheur que le miracle dont on la crédite parfois. L’imprévisibilité de l’homme pourrait, selon eux, aller jusqu’à nous surprendre, déjouer tous les pronostics de malheurs et de chaos pour solutionner finalement tous les conflits mondiaux aigus.

Barack Obama n’avait-il pas été salué comme le sauveur de l’humanité, nous avons constaté son échec et même ses erreurs dont nous subissons encore les frais. Peut-être que le grotesque, l’imprévisibilité, la vulgarité et l’esbroufe nous emmènera vers la paix et la croissance mondiale, nous affirment les optimistes de l’arrivée de Donald Trump.

Avec la démence et la violence du verbe, tout peut effectivement arriver. Même le diable pourrait enfanter son Brutus. Mais si la raison du monde venait à jouer à la roulette, alors le malheur serait la mise.

Et c’est toujours le casino qui gagne sur les paris des joueurs.

Boumediene Sid Lakhdar

6 Commentaires

  1. Tu me rappelles le vieux proverbe : am yiẓẓan t’fednin : skud ma teţḥukkuḍ skud ma ţalin. Si tu es trop jeune pour comprendre, demande aux plus vieux qui marchaient pieds nus zikenni.

  2. Pour paraphraser un dicton du Sud des USA, Trump is like a bullfrog: All that is not belly is mouth. Trump est comme un crapaud : tout ce qui n’est pas du ventre est de la gueule.
    Trump est une grosse gueule ambulante et toujours active, rien d’autre.

  3. Anecdote réelle qui me rappelle Trump:
    Il y a presque 40 ans au Texas il y a eu de très fortes pluies une fois, une quinzaine de centimètres en une seule nuit. Il y avait des inondations partout. Quelques jours plus tard je conduisais dans la campagne quand j’ai vu de loin deux femmes devant leur voiture qui était au bord d’un “bayou” (petite rivière peu profonde et presque stagnante, et insalubre d’habitude.) C’était un endroit isolé dans la campagne. Je me suis arrêté pour essayer de les aider. C’était une mère et sa fille adulte. Le côté droit de la voiture était penché sur la pente raide qui bordait la rivière et le côté gauche touchait à peine le goudron sur la route. Il suffisait d’une petite poussée pour que la voiture glisse dans la rivière. La mère m’a demandé si j’avais une chaîne. Je n’avais pas de chaîne, mais j’avais une corde. Le risque d’essayer de remorquer leur voiture avec la mienne sans que nos véhicules finissent tous les deux dans la rivière était trop grand, et elles étaient d’accord.

    Je leur ai proposé de les déposer chez un dépanneur qui reviendrait remorquer leur voiture. Alors qu’elles s’apprêtaient à entrer dans la mienne, une grosse Cadillac s’arrête devant nous. Un vieux pseudo-cowboy Texan en sort. Petit, habillé en cowboy de pacotille, avec un grand chapeau, des bottes reluisantes et un nœud papillon, il s’approche de nous. Il s’adresse directement à la mère, la main tendue et d’une voix autoritaire: « Give me the keys » (donnez-moi les clefs.)
    Elle hésite un peu mais lui donne quand-même ses clefs. Prévoyant un désastre, j’essaye d’intervenir: « Ecoutez, Monsieur, le sol est très glissant…il y a un risque que… »
    M’ignorant totalement, il lance à la dame sans même se retourner: « Vous en faites pas. Je sais ce que je fais. »
    A peine s’est-il assis sur la banquette, avant même qu’il ait eu le temps de refermer la porte, la voiture glisse et s’enfonce dans la rivière. Sous les cris et les soupirs des pauvres femmes il est sorti tout plein de boue, sans son chapeau. Il lui a fallu ramper à plat-ventre sur la berge, reglissant plusieurs fois dans l’eau avant de réussir à remonter sur la route. Il n’était pas beau à voir. Là, sans demander pardon, ni offrir d’autre solution, il a simplement remis les clefs dégoulinantes d’eau boueuse à la mère en disant « Gotta go » (faut qu’je parte.) Il est remonté tout plein de boue dans sans Cadillac rutilante et a démarré de là sur des chapeaux de roues.

    Voilà quelqu’un exactement comme Trump.

    • Té, j’ai apipri la même histoire. Il y a sakata , une copine avait fait venir un plombier pour lui installer une évacuation pour la machine à laver le linge. Il avait mis l’entrée d’évacuation au même niveau que le siphon. J’ai osé lui faire remarquer que ça aller déborder. Il s’est fâché en me disant que ce n’est pas un plouc comme moi qui lui apprendrait son métier. Ma copine, ajouta : oui à son âge, il connait son métier. Le lendemain matin, elle fit sa machine avant d’aller au boulot. Le soir quand on rentra toute la maison était inondée. Je lui dis en constatant le désastre , comme Mac-Mahon : Que d’eau ! Que d’eau ! Que d’eau !

      • C’est ça, Trump a dit en 2016, « Je suis le seul à pouvoir tout résoudre » et un livre a été écrit portant ce titre (I alone can fix it.) On lui a bien donné quate ans pour le faire et on vu le désastre qu’il a causé, et pourtant les américains sont tellement désabusés maintenant qu’ils se laissent rouler une deuxième fois.
        Mais c’est parce que « l’autre parti » ne fait pas vraiment mieux.

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