1 mai 2024
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« Banditisme » algérien à Paris

Immigration

Dans certains quartiers de Paris, l’ »Arabe » est roi de la nuit. Il est poussé par la non-assimilation. Les Nord-Africains viennent grossir les rangs de l’armée du crime et les Français sont tous menacés en ville ou en campagnes, d’être égorgés, étranglés, matraqués, dévalisés. Ils tuent pour 300 francs.

C’est certainement ce à quoi pensaient, aujourd’hui, les 14 députés de l’extrême droite française en s’acharnant sur les texte de l’Accord de 1968. De même du côté du chef de l’Etat français, en reproduisant le rhétorique  du « contrôle de l’immigration et de l’amélioration de l’intégration », il ne fait que perpétuer une vieille tradition discursive que nous avons retrouvé dans l’un des organes de la finance coloniale, à savoir L’Aurore du 5/11/1948 ce qui est cité plus haut. Afin d’y remédier à ce fléau d’Algériens « égorgeurs », la solution « est des plus simples », fermant l’écluse ou en l’entrouvrant parcimonieusement. Mais l’Algérien est un enfant. Il croit à ce qu’on lui affirme, un avantage « que l’on ne s’est pas fait faute de le lui dire, sur tous les tons. Mais a-t-on songé aux conséquences » s’interrogeait l’hebdomadaire Carrefour du 30/3/1949.

Une remise en cause de l’accord franco-algérien de 1968 ?

L’euphorie de la libération de 1944 passée, les quelques députés « musulmans » venus d’Algérie et siégeant sous la coupole du Palais Bourbon dont le communiste Djemad ont fait supprimer la sinistre Brigade Nord-Africaine (BNA ou « Nord’af ») de la rue Lecomte laissant comprendre « qu’il ne fallait en aucun cas, s’occuper d’une manière spéciale des Arabes de France » (L’Aurore). Et le Paris de l’après mai 1945, connaitra cet indésirable flux « d’indigènes » nord-africains et plus essentiellement celui d’Algériens.

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Si en Algérie, on ne se contente que d’évoquer la seule émigration qui a contribué à donner de l’élan à l’éveil politique national et démocratique, il y a eu dans ces « Arabes de France », une frange dont on ne parle jamais. Celle de l’unter-lumpen prolétariat ou le sous-prolétariat selon Karl Marx. Ils étaient quelque 50 000 fantômes que la rente a nourris pour le crime sur Paris et sa région, selon la presse française des années 1947 et 1949. A dire que les députés de la République et ceux de la « kommandantur » du bloc Horizon, prêchent dans les archives du Quai des Orfèvres pour évoquer le danger des regroupements tribaux sur la Seine, à l’image des douars de l’Afrique du Nord coloniale.

Tout comme à la belle époque des 200 seigneurs de la colonisation, l’imaginaire social de la France d’aujourd’hui s’entretient dans le retour à la momie du maréchal Bugeaud. Bien que le quotidien Akhbar du 1/12/1908, n’a d’Algérien que le nom, il a eu un certain courage d’évoquer « une confusion en métropole entre brigandage et panislamisme, mettant en confusion avec l’Islam e ce par égarement d’une fausse éducation cléricale, que le musulman est l’ennemi acharné du chrétien », en soulevant, à cette époque, la question la question du « piratage agricole » qui sévissait au début du XXe siècle dans les campagnes algériennes et tunisiennes entre délits de pacquage et vols de bestiaux.

Reçus en France, leurs fréquences donnaient à penser que le musulman est un voleur de naissance. Une fois arrêté et appelé à déposer devant un magistrat roumi, « l’indigène » n’a d’autre souci que « d’égarer la justice ; il ment systématiquement par intérêt, par calcul ou sans autre but que de tromper le magistrat qui l’interroge » (L’Akhbar). C’est certainement ces voleurs de bétails, de poules et d’ânes qui ont émigré en France en 1910 particulièrement à Paris, qui auraient contribué à faire grimper le taux de la criminalité en métropole coloniale !

Pourquoi s’acharne-t-on sur les Mohammed ou les Ahmed lorsqu’il est question d’agression et autres méfaits commis à Paris, pourtant les archives de la police de France et de Navarre n’ont jamais enregistré un quelconque « gang des Nord-Africains » ou une « smala algérienne » armée et organisée ? C’est dans une France en pleine crise économique ne s’appuyant que sur le commerce des richesses spoliées à ses colonies, que l’attitude de Charles-André Julien – très apprécié par certains cercles intellectuels en Algérie ! – alors secrétaire général du Haut Comité méditerranéen créé le 23/2/1935, afin de « surveiller les intérêts de la France autour du bassin de la méditerranée ». Un HCM qui n’était que le véritable centre de décisions économiques et politiques de la social-démocratie coloniale pour l’Algérie, faisant face à la recrudescence du communisme et du nationalisme. Devenant un Monsieur de la hiérarchie administrative de l’Etat de la IVe République coloniale, il se permettait de faire des déclarations bien lourdes en politique et bien pesantes en conséquences historiques.

Interroger sur le rôle de la BNA de la rue Lecomte, il dira qu’il « n’existe aucun organisme national qui puisse guider et contrôler l’immigration. Il est apparu au Comité (…) qu’il impliquait d’une part le retour des services de la police à la Préfecture de police de Paris (…) et d’autre part, la constitution d’un office de placement de la main-d’œuvre ». Des propos qui ont bien amusé L’Ordre du 19/6/1937, qui releva que ce fin connaisseur de l’histoire de l’Afrique du Nord, avait oublié qu’il y avait un ministère du Travail doté depuis des décennies d’un Service central de la Main-d’œuvre et qui n’a jamais réussi à contrôler le flux d’Algériens ou autres venus chercher du travail en France.

Pour ce qui est de l’intégration de la BNA à la police parisienne, la question est très mal reçue en 1937, puisque la BNA de la rue Lecomte n’était pas qu’une simple brigade, mais faisait le rôle d’administration bien occulte ayant ses ramifications dans les territoires de la colonie Algérie.

A cette époque, Ferhat Abbas en fin observateur politique, notait dans l’un de ses discours politiques que « le honteux commerce des recruteurs d’hommes, des racoleurs du pourcentage, des pourvoyeurs de cargaisons  humaines ; ils embarquent des Nord-Africains vers la France sous de fallacieuses promesses, sachant qu’ils les dirigent vers, la misère et la faim » et ce fut l’un des rôles que jouait la Brigade de la rue Lecomte dont la France tarde à rouvrir ses archives.

Devrions-nous encore citer que parmi les premiers racoleurs de la main-d’œuvre algérienne, l’Allemagne nazi qui avait employé un nombre méconnu à nos jours, d’Algériens sur les sites du « mur de l’Atlantique ». Ils venaient de trouver un emploi ! Le bruit s’est répondu, la ruée a commencé. Un « bétail humain » encore méconnu dans nos pages d’histoire.

L’Algérien de l’après Seconde Guerre impérialiste mondiale, pour reprendre Domenico Losurdo, était perçu en France comme un envahisseur, un être de trop. Depuis cette guerre, deux évènements importants se sont produits dans la vie de cette émigration en France encore méconnue. Selon Carrefour cité plus haut, un immense mouvement d’émigration a jeté « les Nord-Africains sur la capitale », et la suppression de la BNA de la sinistre rue Lecomte.

En 1949, ils étaient 200 000 « victimes du mirage » à trouver un travail, un hébergement décent et une aide sociale et sanitaire. La réalité qui leur a été imposé à l’arriver est tout autre. Ceux qui restèrent à Paris seront atteints de tuberculose, 30 % selon des chiffres officiels et de syphilis pour 70 % d’entre ses analphabètes, devenant des êtres vomis par la société parisienne. « Les années sont passés. Les Arabes ont déferlé sur la France par dizaines de milliers. La misère, une certaine inadaptation à la vie européenne les a poussés dans les rangs de l’armée du crime » peut-on lire sur L’Aurore.

En 1947, les nord-africains étaient au nombre de 70000 dont 60000 Algériens, 8000 Marocains et 2000 Tunisiens, tous contrôlés selon les termes de la police de l’époque. L’année d’après, ils seront quelques 100000 nord-africains dont 90000 Algériens composaient de 8000 commerçants, 30000 travailleurs ou étudiants contrôlés et quelques 52000 laissés pour compte non-contrôlés. Avant leur départ du pays, on leur a bien miroiter que l’Algérien serait bien « chez lui » à paris et dans toute la France, puisqu’il est le seul à être considérer citoyen français d’entre les colonisés.

C’est ainsi que nous apprenons que 40 % des agressions à Paris sont commises durant le premier semestre  1949, par les nord-africains. Et le quotidien L’Intransigeant du 17/9/1949 de proposer  qu’il y a urgence de rétablir la BNA dissoute après 1945, du fait que cette population « venaient en quête de la fortune arrivent  en France à des cadences variables, mais sans discontinuité », que le Bureau musulman d’entraide de Paris « évaluait cette transhumance à 1800 personne par semaine ». Paris est devenue la nouvelle Mecque après Alger pour cette population qui s’installera non plus en terme de main-d’œuvre de travail, mais aussi comme population commerçante tels des bouchers  et épiciers tant à Anières qu’à Gennevilliers. Les 80000 Algériens de Paris formaient par contre une grande concentration ouvrière du côté de Nanterre,  Saint-Denis, Saint-Ouen et Boulogne-Billancourt. Une force de production qui vient contribuer à l’enrichissement des nababs parisiens de la colonisation.

Parmi les Nord-Africains, au nombre de 120 000, « il y avait 30 000 Arabes qui travaillent et ceux qui vendent des fruits dans  de petites voitures de marchands de quatre saisons » (Libération, 20/10/1949). Il y a aussi ceux qui déambulent à la devanture des cafés qui vendent des tapis ou encore, ces « nocturnes » qui font des corvées aux Halles. Cet autre « monde » de la nuit parisienne lui, est bien constitué de « truands » formé de 90 % d’Algériens,  de 7% de Marocains et de 2 % de Tunisiens selon la Préfecture de police de Paris de l’époque.

Les chiffres sont avancés par France-Soir du 20/9/1949 où ces Nord-Africains portent à leur actif 50 % de crimes et délits commis sur des personnes seules et la nuit. Ils choisissent les coins sombres et déserts où le risque est minime. Ils ne font pas partie d’un gang. On ne les surprend jamais avec une mitraillette entre les mains. Leur arme est le couteau qu’ils utilisent le plus souvent, au cours de rixe, contre un coreligionnaire. Ils ne sont non plus « tireurs » et rarement cambrioleurs.

Quand ces Algériens assassinent, ils étranglent où égorgent, le plus souvent des rentières ou des commerçantes, vieilles et importantes, qu’ils ont voulu dévaliser en compagnie d’un ou deux complices. Durant 1947, le quai des Orfèvres avait relevé 2766 délits commis par des nord-africains sur une population de 70000 personnes, ce qui faisait en termes de chiffres un criminel sur 30. Paris enregistra tous les 10 jours 38 assassinats, 145 vols qualifiés, 85 attentats à la pudeur, 114 détentions d’armes et 254 agressions à main armée.

Pour le 1er semestre de 1948 et avec l’augmentation de la population « indigène » formant le 1/5 de la population parisienne, 2 210 délits ont été enregistrés, ils n’étaient que 250 000 « Arabes de France » dont 160 000 d’entre eux étaient des chômeurs et que 2 sur 100 Algériens travaillaient avec un contrat dument livré.

Tout comme aujourd’hui, il y a eu dans une certaines presse parisienne de l’après-guerre, une critique acerbe à l’encontre de la présence de ces « Nord-Africains » à Paris, où l’on accuse ces malheureux de pires méfaits « une généralisation hâtive, criminelle chargeait les Nord-Africains de tous les crimes, de toutes les agressions que la police parisienne se révélait impuissante à empêcher ».

Une presse qui roulait pour ceux, tel que le député RPF Godin, qui fut le chef de la BNA avant sa dissolution et qui essaya de la ressusciter en 1949 sous une forme des plus odieuses de la répression. Une « brigade arabe » à Paris qui rappelle, les brigades de la rue Lecomte et les brigades racistes de Vichy. C’est ce que nous pouvons lire sur Alger républicain du 16/9/1949 qu’il est intéressant de projeter aujourd’hui sur ce qui se trame dans les palais de la Ve République celto-normandes en décomposition.

Mohamed-Karim Assouane, universitaire

3 Commentaires

  1. Je ne pense pas qu’il y ait la moindre accusation qui n’ait de base. Les Francais ont bien raison de vouloir preserver la singularite’ et personnalite’ de leur pays. Peut-on leur en vouloir? Biensur que non. Ce qui aurait ete’ louable est que les Algeriens et nord-africains en general eussent l’ide’e de copier ! Copieurs, ils le sont, a la difference qu’ils copient de l’Est pour coller au nord. Pourquoi ne vont-ils pas en Arabie? Et par ‘ils » je veux dire, ceux qui se disent « Arabes », c.a.d. extraire les Kabyles de ce lot de mdr. D’ailleurs le khrbaisme a pousse’ partout sauf chez-nous. Faut dire les choses telles qu’elles sont a la fin.
    Une chose est vraie, c’est que si la mafia avait ne serait-ce que betement copie’ le systeme herite’ de France avec un acces aux droits et obligation, c.a.d. une citoyennete’ vraie et complete aux Algeriens, aujourd’hui, ca serait le parlement Algerien qui serait preoccupe’ par une immigration massive !!! S’il y avait un iota d’honneur dans ce pays, quiconque qui travaille pour ou dans le systeme, c.a.d. fonctionnaire devrait quitter ses fonctions et se dire « a quoi bon D’AUTRE suis-je bon? » et aller le faire. Mais, la est le probleme, l’honneur est ce qui manque !!!

  2. « Arabes » par-ci, « arabes » par-là ! … c’est révoltant à la fin !!
    Rectifions l’Histoire , bon Dieu !!!.
    Quand crierons-nous à la face du monde que les Nord’Af ne sont pas « arabes » !! : les Vrais habitent une lointaine péninsule éponyme.

    Franchement, je tire chapeau aux KABYLES : ils sont fiers de leurs origines non arabes, et ils le font savoir haut et fort … je leur souhaite d’aboutir dans leur juste combat d’indépendance, et dans la rectification des erreurs de la cruelle Histoire.
    A bon entendeur …

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