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jeudi, 30 octobre 2025
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Bien plus qu’une résolution Sahara 2025

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Le projet de résolution américaine sur le Sahara occidental marque une rupture diplomatique majeure. Pour la première fois, un texte soumis au Conseil de sécurité revendique explicitement « le leadership du président Trump » dans le règlement de ce conflit, transformant un dossier multilatéral en instrument d’affirmation hégémonique.

Cette personnalisation du texte consacre une tentative d’américanisation du processus onusien et vise aussi à complexifier le vote, en le faisant porter moins sur la question de la décolonisation que sur la figure du président américain et sa prétendue action pacificatrice, la « Pax trumpana ».

La démarche tend à écarter le multilatéralisme comme cadre de règlement des différends pour le transformer en arène où se rejoue la hiérarchie des puissances. L’inclusion du plan d’autonomie marocain comme « base la plus crédible » opère un renversement de la logique historique des résolutions précédentes, qui, jusqu’ici, maintenaient la référence au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Derrière les mots policés de la diplomatie se dessine un basculement stratégique : celui de l’institution onusienne elle-même, happée par la tentation unipolaire ressuscitée.

La complexité du vote prévu pour demain (jeudi 30 octobre, Ndlr) sera accentuée par plusieurs facteurs. La position chinoise, longtemps prudente, laisse filtrer les signes d’un réalignement partiel. Le commerce bilatéral sino marocain a bondi de 16,6 % sur les cinq premiers mois de 2025, preuve que l’économie prépare souvent le terrain idéologique. La visite du ministre Bourita à Pékin, en septembre, a débouché sur la création d’un dialogue stratégique permanent : une formule en apparence technique, mais qui institue une continuité d’échanges où le Maroc devient un partenaire de confiance dans l’espace africain. L’exclusion du Polisario des récents forums sino-africains n’est pas anodine ; elle constitue un signal implicite de préférence diplomatique.

Pourtant, Pékin ménage toujours ses principes : l’entretien du 29 octobre entre Wang Yi et Ahmed Attaf réaffirme « la constance » de la position chinoise, appuyée sur la « justice et l’équité ». En langage diplomatique, cette constance équivaut à une latitude : la Chine se prépare à s’abstenir, ce qui, dans le calcul des équilibres, revient à ne pas contrarier Washington sans humilier Alger, qui se contente d’une rhétorique de façade.

Du côté russe, la logique transactionnelle prévaut. L’accord de pêche signé avec le Maroc, incluant les eaux sahraouies, vaut reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine — un geste hautement symbolique pour un pays qui, jusqu’ici, avait maintenu une neutralité prudente. Serguei Lavrov parle désormais d’une solution « équilibrée », terme qui, dans le langage moscovite, remplace la référence à « l’autodétermination ».

Mais la Russie n’agit jamais sans calcul global. Les diplomates marocains eux-mêmes admettent que Moscou pourrait user d’un « vote sanction » contre Washington, non pour défendre le Polisario, mais pour négocier ailleurs : en Ukraine, en Syrie ou dans le Sahel.

Dans cette optique, le vote russe au Conseil de sécurité devient un levier de troc, un instrument d’échange dans la diplomatie du donnant donnant entre grandes puissances. L’entretien du 21 octobre entre Attaf et Lavrov relève davantage d’une logique de manœuvre que de partenariat : le Sahara y apparaît comme une monnaie d’ajustement dans un rapport de forces mondialisé, où chaque geste diplomatique s’inscrit dans une stratégie de compensation et de calcul plutôt que dans une réelle coopération. Il reste à s’interroger sur la possibilité que Moscou aille jusqu’à bloquer la résolution, même si, au regard des signaux actuels, l’option la plus probable demeure celle d’une abstention, évitant la confrontation directe avec Washington.

L’enjeu du vote dépasse donc largement la question sahraouie. Il s’agit de savoir si le Conseil de sécurité demeure un organe d’équilibre ou s’il entérine la transformation de l’ONU en prolongement de la diplomatie américaine. La règle est claire : neuf voix favorables suffisent, à condition qu’aucun des cinq permanents ne s’y oppose par un veto. Les États-Unis, confiants, comptent sur l’abstention chinoise et l’absence d’obstruction russe.

Si ce scénario se confirme, la résolution consacrera le plan d’autonomie marocain non plus comme hypothèse, mais comme cadre de référence officiel du règlement. 

En un sens, cela reviendrait à enterrer définitivement la perspective du référendum d’autodétermination. Cette évolution placerait l’ONU dans une contradiction institutionnelle : le Conseil de sécurité, dont la responsabilité première est l’établissement et le maintien de la paix, empiéterait sur les prérogatives de l’Assemblée générale. En passant outre l’inscription de la question sahraouie à l’agenda de la Quatrième Commission, en référence aux résolutions 1514 et 1541, il consacrerait un détournement du cadre de décolonisation initialement prévu par la Charte des Nations unies.

Ce basculement signerait la fin d’une époque : celle où l’ONU, malgré ses faiblesses, représentait encore une scène où la légalité internationale pouvait tempérer la puissance. Le texte américain transforme cette scène en tribune ; il ne cherche plus le compromis (diplomatique), mais plutôt, par la logique transactionnelle, un compromis cynique qui consacre les hégémonies régionales, un genre d’établissement d’un féodalisme planétaire.

Si la résolution passe, l’histoire retiendra moins la question sahraouie que le précédent institutionnel : la reconnaissance d’une solution imposée par la diplomatie d’un seul État, au nom d’un réalisme supposé. Ce réalisme là, fondé sur la transaction et la hiérarchie des forces, éloigne un peu plus le droit international de sa raison d’être : servir de rempart contre l’arbitraire des puissants.

Mohand Bakir

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7 Commentaires

  1. 50 millions de Marocains de l’intérieur et de l’extérieur sont tous unis pour défendre l’intégrité territoriale du pays et n’ont plus besoin ni de votes ni de l’ingérence des organisations tel que l’ONU dans les affaires internes de notre pays c’est le peuple Marocain qui décide et sont prêts à défendre par tous les moyens et aussi avec les armes et vive le Maroc et abat tous les ennemis

    • Commencez déjà par vous libérer de cette famille prédatrice arabe alaouite qui s’est accaparé une terre nord africaine amazigh et qui à réduit tout un peuple à la soumission,au baise main et surtout à la misère et la pauvreté.
      Pas un mot concernant l’occupation espagnole de Ceuta et Melilla sans parler des colons sionistes qui exproprient et chasse les familles marocaines de leurs maisons,même vos rues n’ont pas été épargné,elles sont débaptisées pour laisser place aux noms de « personnalités » judéo-sioniste ».
      Quel peuple peut-il accepter d’être soumis à une famille d’imposteurs affiliés au sionisme?

  2. Si je m’étais dit qu’un jour on me récidivera ma nostalgie à coup de lamentations, je ne me serais sans doute pas trompé .

    Bien plus qu’une résolution ! Une injure, aurait-il ajouté , du temps où l’on croyait encore que la dignité diplomatique se tenait droite.

    Iben moua, cet article me ravive ma nostalgie du temps où, pétant le feu par tous les trous, nous pouvions taper du poing sur la table en braillant ma3ak ya Falastine dhalima oula madhlouma. C’était nos liturgies de trottoir, nos exorcismes contre l’arbitraire, nos imprécations collectives jetées comme des sorts à la face des puissants. Mais les mômes d’aujourd’hui, biberonnés à l’IA shootée au Big Data, n’en ont cure : ils scrollent le monde comme on feuillette un menu.
    Faut dire qu’on n’a même plus à se renier : tout se fait désormais à l’insu de notre propre gré. La rhétorique diplomatique nous récite les mêmes psaumes, mais les prêtres ont changé. Chinois, Russes, Américains — tous se serrent la main au-dessus du Sahara pendant que nous comptons les mirages. Et pendant que Trump prie Poutine de lui dessiner un mouton, nous, nous continuons à agiter nos vieilles formules magiques, persuadés qu’un slogan bien scandé peut encore déranger la tectonique des puissances.

    On dira que ce n’est pas contre nous, que ce n’est qu’un ajustement des équilibres. Mais allez donc expliquer à nos vieilles lubies que le monde nous a laissé en rade !! Nous, les irréductibles de l’indignation permanente, survivants d’un âge où chaque cause avait sa chanson, on continue de psalmodier nos mantras politiques comme des griots d’un temps fossilisé. Nous sommes passés du cri au soupir, du manifeste à la nostalgie.

    Mais, malgré l’évidence, au milieu de la tendresse lasse et des sarcasmes, parmi les cendres, un reste de chaleur, nourri d’aigreur et de rancœur, refuse de s’éteindre.

    Alors oui, que les puissants marchandent les déserts et que les réalistes vendent l’idéal au poids du baril : nous, on garde encore nos vieilles imprécations pour conjurer la honte. C’est tout ce qu’il nous reste, la nostalgie de nos lubies, nos exorcismes d’hier. Une foi sans autel, mais pas tout à fait morte — juste en attente d’un miracle qui ne viendra sans doute plus.

    • en attendant la mouhand ou tartoura sait appuyer sur la touche effacer. Il se prend pour muhand-marie khra ! Akarewn iman nsen les inellectuels…

  3. « Pour la première fois, un texte soumis au Conseil de sécurité revendique explicitement « le leadership du président Trump » dans le règlement de ce conflit, transformant un dossier multilatéral en instrument d’affirmation hégémonique ». La nature a horreur du vide. Ce n’est que le résultat logique de 50 ans de tka3rir. L’Algérie officielle se disant non partie prenante dans ce conflit, puis un peu quand même puis beaucoup, selon la direction du vent … de sable. Un conflit qui s’éternise et qui a coûté des milliards de dollars à l’Algérie sans compter les pertes humaines dont, bizarrement, personne n’en parle. Même les nombreux pays qui avaient reconnu la RASD ont fini par tourner casaque après tarissement de la manne en provenance d’Alger. October 30, 2025: Day of reckoning!

  4. Dès que trompe se mèle de quelque chose , c’est qu’il y a du flouze à se faire ….money money money , le personnage le plus cupide de la planète.

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