29 mars 2024
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Bouabdellah, je suis Algérien et non musulman

OPINION

Bouabdellah, je suis Algérien et non musulman

Le président du Haut Conseil islamique, Bouabdellah Ghlamallah, vient encore une fois de se distinguer par sa haute réflexion intellectuelle en affirmant : « Un Algérien ne peut être autre que musulman ». Et de rajouter : « L’Islam et le nationalisme sont les deux faces d’une même pièce ». 

Ce ministre de l’abrutissement du peuple n’a jamais lu la Constitution algérienne. Ou plutôt il s’est arrêté à l’article 2 consacrant l’Islam comme religion d’État.

Il aurait été plus loin, jusqu’à l’article 42, il aurait lu : « La liberté de conscience et la liberté d’opinion sont inviolables. La liberté d’exercice du culte est garantie dans le respect de la loi ».

Ce n’est pas grave pour moi si je réfute cette constitution rédigée par un régime militaire mais, lui, il s’en réfère et ne sait même pas ce qui est écrit.

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 Au passage, il pointe du doigt la pantalonnade que constitue la contradiction notoire entre les deux articles de cette constitution burlesque.    

Un État qui garantit la liberté de conscience ne peut être d’une confession religieuse. La contradiction n’est pas avec la laïcité car le choix de ce régime politique est de la nier. En cette circonstance il y a une logique.

Mais affirmer qu’un État est musulman en garantissant la liberté de conscience est tout simplement une débilité, comment trouver un autre mot ?

Mais encore plus, comment Bouabdellah peut-il choisir pour moi ce que mon identité devrait être ? Je lui refuse ce droit et le renvoie à ses élucubrations avec des mots que le rédacteur en chef de ce quotidien ne pourrait publier. 

Bouabdallah, je suis ce que ma liberté de pensée et d’instruction m’ont poussé à être. Nul individu au monde ne pourrait m’attribuer une religion que je n’ai pas choisie et pour laquelle, en plus, je porte une terrible accusation, tous les jours de mon existence.

Et que dire des très nombreux Algériens qui ont la foi d’une autre religion, présente dans ce pays bien avant qu’il ne porte son nom actuel ? Bouabdellah veut les rayer de l’état-civil ?

Je suis né dans une famille musulmane, modérément mais certainement assez croyante, et alors ? Ils seraient contorsionnistes ou nudistes que je devrais l’être ? 

De plus ils se sont saignés pour que j’aie une instruction, une éducation et une capacité de discernement. Faut-il être musulman pour les respecter ?

Je suis athée et, comme disait ma grand-mère, pour calmer ta colère monte jusqu’au plafond, fracasse-toi la tête et redescends, cela n’y changerait rien, je suis Algérien de naissance.

Bouabdallah fait encore une erreur, a-t-il jamais fait autre chose que dire des bêtises dans sa vie politique ? Il confond l’adhésion à une religion avec la naissance dans une culture qui est, sans aucun doute, imprégnée dans ma vie sociale et laïque. C’est une évidence qui lui échappe.

Je suis, entre autres cultures, dont celle de l’humanisme dont il ignore l’existence et la définition, issu d’une tradition musulmane. J’ai le droit, moi aussi d’avoir des communions sociales avec mes compatriotes.

Je suis heureux de partager les gâteaux de l’Aïd et prononce sans hésitation les mots « Bonne fête ». Un être humain est social et a besoin de commémorer des évènements avec la société.

Ce n’est pas de ma faute si les commémorations et les fêtes sont totalement islamisées. Cela aurait été la fête du printemps (comme en Iran qui est pourtant baignée dans l’Islam) ou la fête des moissons par exemple, des rites ancestraux pour l’humanité, cela m’arrangerait mais ce n’est pas le cas.  

Bouabdallah, des personnes de ton opinion, nous les collectionnons en Algérie mais tu es un chef-d’œuvre parmi tous.               

Je suis Algérien, dans mon rattachement juridique à ce pays, par ma naissance et par mon attachement à ce qui est l’une de mes identités profondes.

Le jour où des individus comme toi me choisiront mon identité avec ma bénédiction, c’est que j’aurais atteint leur niveau intellectuel. On a vu des personnes régresser, par maladie mentale, par compromission ou intérêt.                                                                                                                     

Ce n’est pas mon cas, je ne suis pas musulman mais athée, depuis l’âge de huit ans. Je me souviens même de la période où j’ai brisé mes chaînes. Celles que tu veux me remettre, Bouabdellah..

Essaie !

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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