Je commençais à m’inquiéter, aucune nouvelle depuis plusieurs mois. Et voilà enfin un signal, une info nous annonce un coup d’État au Niger. Je suis soulagé pour la bonne santé du continent africain.
L’Afrique est donc toujours vivante et elle nous prouve encore sa vitalité, son énergie pour l’espoir, l’intelligence et la prospérité.
Il faut expliquer aux jeunes lecteurs que l’Afrique n’est pas menacée par la famine, les épidémies ou la sécheresse. Ils n’ont pas le recul historique que nous avons depuis notre jeunesse pour apprécier le danger. C’est un manque de coups d’État qui la menacerait fatalement, elle n’y résisterait pas.
Pour ensemencer un bon coup d’État, il faut des ingrédients appropriés et un savoir-faire acquis de longue date. La recette ? Vous prenez un groupe de militaires très souriants et motivés. Attention, il faut un habit bardé de médailles et une grosse pincée d’armes. Puis il faut faire mijoter avec un discours rigoureusement transmis de génération d’officiers à fils d’officiers.
« Nous, officiers de la grande nation, venons de libérer le pays de la tyrannie, de la corruption et de la trahison. Nous nous engageons à organiser des élections libres et remettre le pouvoir au seul détenteur légitime, le peuple ».
Avec le dernier coup d’État au Niger, nous mesurons le parcours immense parcouru depuis la décolonisation. Mais il y a des hauts et des bas dans ce chemin du développement.
Il y a quelque temps encore, en 2022, l’Afrique avait connu une expansion faste avec une série impressionnante de coups d’État en quelques mois, Burkina Faso, Soudan, Guinée, Tchad, Mali. Avec le coup d’état en Birmanie et quelques tentatives, par ci-par là, le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Gutteres, avait parlé « d’épidémie ».
Mais on constate sur une période longue, 2011-2021, que la progression avait été moins forte, soit moins d’un coup d’État par an en moyenne. Les chiffres semblent donc vouloir rattraper cette tendance au cours des deux dernières années. Il faut dire qu’après les grandes dépressions arrivent toujours les périodes fastes.
Il faut également apprendre aux jeunes lecteurs que les statistiques doivent toujours être appréhendées avec précaution. Car aux coups d’État réussis, il faut rajouter la proportion de coups d’État déjoués. Les statistiques, c’est une sciences pour personnes averties.
L’Afrique prouve au monde que c’est la région la plus en pointe en ce domaine et qu’elle laisse loin derrière elle les amateurs. Voyons les chiffres d’une étude menée par les chercheurs américains Jonathan Powell (University of Central Florida) et Clayton Thyne (University of Kentucky) qui ont effectivement comptabilisé moins d’un coup d’État réussi par an sur le continent sur la période 2011-2021.
Comme il s’agit, nous l’avons déjà précisé, d’une période de « vaches maigres » pour les coups d’État, on en est encore plus refroidis par les chiffres impressionnants.
Tentatives de coups d’État | Réussis | Ratés | |
Afrique | 214 | 106 | 108 |
Amérique latine | 146 | 70 | 76 |
Asie de l’Est | 49 | 27 | 22 |
Moyen-Orient | 44 | 21 | 23 |
Europe (*) | 17 | 8 | 9 |
Asie du Sud | 16 | 10 | 16 |
Total | 486 | 242 | 244 |
(*) Nous voyons là que la définition des coups d’État est très élargie, on pourrait plutôt parler de « coups de force constitutionnels » pour ces pays.
Le Niger vient à son tour marquer la résurgence de la vitalité africaine qui garde sa médaille d’or, en haut du podium et très loin derrière les autres.
Ce matin de vacances en Espagne, il est l’heure d’aller à la plage. Je vais rencontrer, comme tous les jours, la force vitale économique de l’Afrique.
Des dizaines de malheureux clandestins africains vendant sur la plage des sacs Dior et des lunettes Gucci. Bien entendu, aussi vrais que les milliards des dirigeants et hommes d’affaires africains en comptes offshore.
L’Afrique vient de publier son dernier bulletin de santé, tout va bien.
Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant retraité