Photo : Anton Reyes

Carole Zalberg est une figure remarquable de la littérature contemporaine française. Ses écrits abordent souvent des thèmes intimes et universels, tels que les liens familiaux, l’exil, l’identité et les injustices sociales. Avec une plume poétique et introspective, elle parvient à capturer les émotions profondes et les dilemmes humains dans un style à la fois sobre et poignant.

Son roman À défaut d’Amérique explore le destin croisé de plusieurs générations et leurs quêtes identitaires, entre l’Europe et les États-Unis, mêlant histoire personnelle et collective.

Dans Feu pour feu, elle plonge le lecteur dans l’univers bouleversant d’un père en deuil, mêlant des réflexions sur la violence et le pouvoir de la parole.

En dehors de ses œuvres, Carole Zalberg est activement engagée dans le monde littéraire. Elle anime des ateliers d’écriture, encouragent des voix émergentes à s’exprimer à travers l’écriture. Elle participe également à des jurys littéraires et des débats, renforçant le dialogue autour de l’écriture contemporaine.

Carole Zalberg n’est pas seulement une romancière, mais également une traductrice, et elle a travaillé sur des projets artistiques variés. Ses œuvres traduites atteignent un public international, tandis que certaines de ses histoires prennent vie sur scène, comme Feu pour feu au Théâtre de Belleville.

Elle représente l’alliance entre l’art littéraire et l’engagement personnel et social, témoignant de son désir de connecter les gens, les générations et les cultures.

Carole Zalberg a publié plusieurs œuvres remarquables, souvent avec des éditeurs prestigieux. Léa et les Voix (2002) – Nicolas Philippe/L’embarcadère, Les Mémoires d’un arbre (2002) – Le Cherche Midi, Chez eux (2004) – Phébus, Mort et Vie de Lili Riviera (2005) – Phébus, La mère horizontale (2008) – Albin Michel, Le jour où Lania est partie (2008) – Nathan Poche, À défaut d’Amérique (2012) – Actes Sud, Feu pour feu (2014) – Actes Sud, À la trace : journal de Tel Aviv (2016) – Éditions Intervalles, Je dansais (2017) – Grasset, Où vivre (2018) – Grasset, Tes ombres sur les talons (2021) – Grasset, Song Book (2022) – L’Arbre à Paroles.

Ces œuvres explorent des thèmes variés, allant de l’exil à l’identité, en passant par les relations humaines et les dilemmes sociaux.

L’apport littéraire de Carole Zalberg réside dans sa capacité à traiter des thématiques profondément humaines avec une grande sensibilité et une plume poétique. Carole Zalberg aborde souvent dans ses œuvres les notions d’exil, de déracinement et de quête identitaire. Par exemple, dans À défaut d’Amérique, elle met en lumière les trajectoires entrelacées de générations marquées par l’émigration et la recherche de sens dans des terres lointaines.

Son écriture possède une qualité quasi-poétique, avec une attention particulière à la musique des mots et à la profondeur des émotions. Cela renforce l’impact de ses récits et offre aux lecteurs une expérience immersive.

Son apport littéraire réside dans sa capacité à capturer la complexité de l’expérience humaine tout en ouvrant des fenêtres sur des univers à la fois intimes et universels.

Carole Zalberg a une place singulière dans la littérature française contemporaine grâce à sa capacité à tisser des récits mêlant l’intime et l’universel, tout en explorant les complexités des émotions humaines et des dilemmes sociaux.

Son œuvre littéraire est donc multiple, elle offre à la fois une voix unique dans la fiction contemporaine, tout en s’investissant pour faire vivre la littérature de manière collective et accessible. Une auteure comme Carole Zalberg nous rappelle que la littérature, au-delà des histoires qu’elle raconte, est un moyen de connecter les êtres humains à travers des expériences communes.

Le Matin d’Algérie : Vous revenez souvent aux thèmes de l’exil et de l’identité dans votre écriture. Quelles motivations profondes vous poussent à explorer ces questions de façon récurrente ?

Carole Zalberg : Je suis fille d’exilée du côté de ma mère, petite-fille d’exilé du côté de mon père. Ma mère est venue de Pologne à 6 ans, en 1938, pour fuir le nazisme. Les parents de mon père, également Polonais d’origine, sont arrivés dans les années 1920 pour échapper aux pogroms. 

Il s’agit d’un exil particulier puisqu’il est sans retour possible. Plus rien ni personne n’existe de leur famille, de ce qui avait été bâti, dans le pays qu’ils ont quitté. Pour ma génération, issue de ce déracinement, héritière de la précarité des existences, la possibilité de la perte est comme métabolisée. Lorsqu’on écrit, même de la fiction pure, on va puiser profond en soi, tout passe par l’intériorité. Rien d’étonnant, alors, à ce que les thèmes de l’exil et de l’identité complexe s’invitent sous des formes plus ou moins directes.  

Le Matin d’Algérie : Dans vos récits, les relations humaines occupent une place centrale. Quelle est votre approche pour retranscrire avec justesse la richesse des émotions tout en préservant une narration harmonieuse et fluide ?

Carole Zalberg : Merci d’évoquer la justesse. Elle est pour moi essentielle. Mon travail, têtu, acharné, consiste à dégager, dans la matière de la langue, la forme précise qui me semble porter le sens voulu. Qu’il s’agisse de romans, de poésie, de chanson, même, je confie à la musique des mots, au rythme, la responsabilité du fond. C’est une approche très intuitive que j’aurais bien du mal à décomposer en étapes, en méthode. 

 Le Matin d’Algérie : Dans des œuvres comme Feu pour feu, vous explorez des thèmes profonds tels que le deuil et la violence. Comment parvenez-vous à conjuguer l’intensité de ces sujets avec la sensibilité de votre écriture ?

Carole Zalberg : Il me semble que plus les sujets sont durs et intenses, plus l’écriture doit être mesurée, faire ressentir plutôt que tenter d’imposer un sentiment. Chaque description, chaque nuance doit porter un élément du récit. Ce n’est pas une question de longueur du texte mais d’économie de la phrase. Feu pour feu est très bref et donc naturellement plus dense mais, dans l’idéal, cette économie vaut pour un roman plus long comme, par exemple, À défaut d’Amérique. Je rêve qu’on puisse ouvrir mes livres à n’importe quelle page et y trouver un monde qui se tient, un ensemble cohérent d’éléments « chargés », comme lorsqu’on prélève une carotte dans un sol pour l’étudier.

Le Matin d’Algérie : Votre style est souvent qualifié de poétique et introspectif. Quelles influences littéraires ou artistiques ont façonné votre écriture ?

Carole Zalberg : J’ai du mal à répondre à cette question parce que j’ai lu, enfant et adolescente, à peu près tout ce qui me tombait sous la main. Je me suis enflammée pour la littérature contemporaine américaine, mais aussi pour Tolstoï, Duras, Cortázar, Gary, Albert Cohen et tant d’autres. Ce qui est commun à mes grandes émotions de lectrice, c’est la singularité de l’écriture. Un livre peut raconter la plus palpitante des histoires, s’il est « sans écriture », sans musique, sans recherche de forme, il me tombera des mains au bout de quelques page. 

Le Matin d’Algérie : Entre Léa et les voix et Song book, votre parcours littéraire témoigne d’une évolution marquante. Comment percevez-vous votre croissance en tant qu’écrivain au fil de vos œuvres, tant sur le plan stylistique que thématique ? Y a-t-il des moments ou des œuvres qui, selon vous, ont particulièrement façonné votre trajectoire artistique ?

Carole Zalberg : Je ne perçois pas ma trajectoire comme une croissance mais comme un chemin plein de détours, d’explorations, d’expériences à la marge. Je ne m’interdis aucune aventure. J’écris ce qui s’impose, ce qui, à tel ou tel moment, se révèle à moi comme une nécessité. Je suis très poreuse au monde. Je recueille, consciemment ou non, ce qui l’agite et cela se recompose lentement, parfois durant des années. C’est ainsi que naissent mes livres. 

Le Matin d’Algérie : Parmi vos livres, lequel vous tient le plus à cœur et pourquoi ?

Carole Zalberg : Le livre à venir, qui a besoin que je l’accompagne.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Carole Zalberg : J’ai terminé récemment un roman mêlant histoire familiale et réinvention. J’ai découvert récemment qu’une cousine de mon grand-père paternel s’était réfugiée en Argentine au moment de l’Occupation. Cette nouvelle branche s’y déploie depuis. J’ai été bouleversée par cette révélation car j’ai toujours été fascinée par ce pays sans savoir pourquoi. Je cherche la bonne maison d’édition pour ce texte qui m’est très cher.

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Carole Zalberg : Un immense merci pour l’intérêt que vous portez à mon travail !

Entretien réalisé par Brahim Saci

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