8 novembre 2024
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C’est un leurre que de tenter de modéliser la transition (I)

DECRYPTAGE

C’est un leurre que de tenter de modéliser la transition (I)

Les Algériens, comparés à leurs voisins en Afrique et ceux des pays de l’Amérique latine, font trop de protestations sous forme d’avertissement qui à chaque fois ont abouti à un compromis avec le pouvoir en place.

1- Position du problème

Pour autant, ils n’ont fait que deux révolutions : une le premier novembre 1954 et une autre le 22 février 2019. Dans les deux cas ils ont dit aux colons et au système « assez d’humiliation, dégagez ». Cette revendication est irréversible quelles qu’en soient les conséquences, ce qui fait dire au sociologue Nacer Djabi qui a travaillé longtemps sur ces mouvements « les Algériens cette fois-ci ne quitterons pas la rue avant  le départ du système ». Comparer donc le processus transitionnel dans le monde pour en tirer un modèle serait un peu prétentieux pour ne pas dire carrément caricatural.

Les raisons sont simples : Les Algériens n’auront pas à inventer la démocratie car la constitution de 1996, venue dans des circonstances particulières, fortement débattue par le bas, accordait des libertés déjà mais triturer par la suite au gré des circonstances et des hommes pour concentrer leur « pouvoir » au détriment de cette première fenêtre vers le processus démocratique.

La seconde raison, est pas des moindres est que l’expérience montre que chaque transition vise un objectif qui doit être adapté aux moyens choisis et surtout le contexte propre à la situation en présence. En fait, les nombreux spécialistes qui ont tenté de théoriser le processus transitionnel ont été heurtés à une absence  de « stratégie de transition démocratique applicable universellement ». Chaque société se distingue par ses attentes qui ne peuvent faire l’objet d’une corrélation inter-sociétés pour en tirer un modèle universel  à suivre.

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L’Algérien par exemple a montré qu’il jouit de la primeur de ses contestations, depuis la révolution pour son indépendance, octobre 1988, janvier 2011 à celle du 22 février 2019. Une seule constante spécifie la motivation du protestataire Algérien, il n’aime pas la Hogra et sait incontestablement fixer les objectifs de ces revendications qu’il finira par obtenir quel qu’en soit le prix à payer toute en sachant faire des concessions lorsqu’elles s’avèrent nécessaires.            

2- La première révolution des Algériens

Le déclenchement de la révolution en novembre 1954 constitue en fait une forme de contestation ou de protestation, aux effets de cette contradiction qui a rendu l’Algérien frustré par une compétitivité déloyale. En effet, La société algérienne fut une des plus dépossédées du monde : la colonisation de peuplement avait expulsé une partie de la paysannerie de sa terre et condamnait, par son existence même, les chômeurs ruraux à ne pas trouver d’emploi dans le secteur agricole.

La majorité des postes de cadres moyens ainsi que des fonctions administratives subalternes étaient dévolues aux Européens. Enfin l’identité algérienne elle-même était niée, le pays ayant un statut départemental tandis que leurs langues n’étaient même  pas enseignées dans les écoles. Le succès de l’insurrection du 1er novembre 1954 trouve là ses sources.

Tous les mouvements nationalistes, fussent-ils petits-bourgeois, n’avaient d’autre programme que l’indépendance, d’autre idéologie que l’anticolonialisme. 

En dépit de certaines divergences d’avant le déclenchement de la lutte armée, divergences qui portaient plutôt sur la marche à suivre que sur les objectifs communs, d’ailleurs très connues et qu’il est inutile de rappeler ici, on peut dire que ces conditions étaient favorables pour trouver un ″premier consensus″ qui rassemble toutes les fractions autour d’un seul objectif prioritaire : la conquête de l’indépendance politique » (01).

En dépit des orientations qui ont été projetées quand au développement économique et social à entreprendre plus tard et consignées dan une charte dite de Tripoli et retient deux volets  ″l’industrialisation″ et ″la révolution agraire″. Mais à l’indépendance le pouvoir en place ne pouvait asseoir un modèle solide (02). Il s’agit de l’incapacité des dirigeants venus après de comprendre ce qu’ils feraient de cette indépendance et donc ont tous échoué. Ils ont réussi en conséquence entre autres à confisquer la souveraineté du peuple au nom de la légitimité révolutionnaire pour asseoir un « pouvoir » en monnayant une paix sociale qui est un espèce d’un ordre établi où chacun trouve son compte en définitive. (A suivre)   

R. R.

Renvois :

(01) Mohammed Harbi, « FLN, mirages et réalités », Edition Jeunes Afrique 1980  (02)- Paul Balta, C. Rousseau « Travail et travailleurs en Algérie » Edition Mouton Paris

Auteur
Rabah Reghis

 




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