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Changer ou disparaître ?

REGARD

Changer ou disparaître ?

« Croire en une idée signifie la vivre », disait un jour Léon Tolstoï. Les Algériens semblent suivre comme des élèves assidus l’aphorisme du grand écrivain russe, au point qu’ils ont mis au défi pendant 26 semaines sans relâche, tout un système vieux de plus de cinquante ans, rien que pour concrétiser le rêve démocratique pour lequel tant de générations se sont sacrifiés.

Vivre le changement on live, voilà ce à quoi les médias, locaux ou étrangers soient-ils, ont pris le pari de s’y habituer.

L’Algérie bouge et c’est sérieux! On a beau minimiser l’événement, la réalité sur le terrain en dit le contraire. Les rues ne désemplissent pas, même en pleine période de canicule, la mobilisation se fait au son du tambour et des trompettes. Fait rare dans la mesure où, même dans les pays développés où les traditions démocratiques sont bien enracinées, pareille affluence humaine avec une telle constance et sans le moindre dérapage violent n’est pas chose facilement acquise.

Qu’on le veuille ou pas, chez nous, il y a un avant et un après 22 février. Bien qu’aucun événement historique ne se reproduise sous la forme et dans les circonstances où il est advenu pour  la première fois, on peut dire que c’est Octobre 88 qui renaît sous un autre visage.

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Octobre moins le sang de ses victimes et avec davantage de sourire et d’optimisme. Bref, un printemps algérien singulier et haut en couleurs qui suit tout doucement son chemin pour être un modèle pour d’autres nations en quête de liberté et de démocratie.

Le secret : Les miens ont fait une rupture avec les confrontations violentes avec ceux qui les gouvernent. Ils leur transmettent en chaque fin de semaine des messages pleins de sagesse et d’intelligence, en ayant recours aussi bien à la farce comique qu’à la satire.

Somme toute, ils ont compris que la violence ne mène qu’à la violence, et que tout entêtement irréfléchi peut leur causer des regrets. Si nos officiels s’exonèrent à présent de tout réexamen de conscience, ils ne peuvent toutefois s’autoriser, pour longtemps, la négation de la réalité, car cela leur sera  non seulement nuisible, mais porteur de gros risques pour la stabilité du pays et de toute la région. 

Toutes ces marées humaines, si elles sont là, c’est qu’il y a péril en la demeure, c’est que l’Algérie va mal, c’est qu’elles ressentent elles-mêmes le besoin de changer les choses en douceur et au plus vite, c’est qu’elles ont envie de désencrasser la pratique politique viciée par deux décennies de corruption massive et de mettre en branle une machinerie étatique en arrêt depuis plus de sept ans, c’est qu’elles aspirent à un avenir meilleur.

« Marche ou crève », telle semble être désormais la devise des Algériens pour en finir avec le système, ses relais, ses réseaux et ses avatars.   

Auteur
Kamal Guerroua

 




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