24 novembre 2024
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Chapeau ! Bouteflika a vibré pour les Bleus

FOOTAISES de Meziane Ourad

Chapeau ! Bouteflika a vibré pour les Bleus

Incroyable ! A quelques minutes du coup d’envoi de la finale de cette coupe du monde 2018, alors que j’étais assis en retrait de la  fan-zone de ma petite ville de campagne, deux dames d’un âge assez avancé me demandent la permission de partager le banc public que j’occupais. Qu’à Dieu ne plaise ! Je les invite à s’asseoir et les apostrophe : « Vous êtes là pour voir le match ? »  » Ah non, mon fils ! » me répondent-elles de concert.

Supportrices de l’équipe de France, tout de même, elles m’ont expliqué qu’elles n’avaient pas l’énergie qu’il faut pour affronter la tornade qui s’annonçait !

En revanche, étant blanc mais trop blond, elles ont compris que je venais d’ailleurs. elles ont voulu savoir. « Algérie, mesdames. » La réponse m’a stupéfait. Il faut dire que j’étais échaudé. Il y a une trentaine d’années, je me suis retrouvé à Berne, le 1er août, jour de la fête nationale suisse. C’était au temps où la généreuse Algérie nous accordait 340 francs pour voyager. Une misère ! 

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J’étais quasi affalé sur un trottoir avec deux minables pièces dans la poche pendant que sous mes yeux tout le monde festoyait. Une nonagénaire s’était, alors, approchée de moi et m’a interpellé : « Qu’est-ce qui vous arrive Monsieur ? C’est quoi cet air triste, c’est un jour de fête ! Allez, venez, je vous paie un verre ! »

Un ange venait de tomber du ciel ! Je l’accompagne et autour de la seule Grappa qu’elle avait prévu de me payer, on discute de choses et d’autres. Nous étions dans la capitale helvétique, donc en zone alémanique. Son français très bien maîtrisé m’ayant interpellé , je lui ai demandé d’où elle le tenait. Elle m’a expliqué que toute la vieille bourgeoisie bernoise était francophone et francophile.

Nous en venons donc à parler de France. Elle me scie littéralement lorsqu’au détour de quelques échanges sur Verlaine, Mallarmé, Zola, Brassens ou Ferré, elle me sort un inattendu : « La France est très belle. Dommage qu’elle soit polluée par une race indomptable! , truande et sale ! Les Algériens. » 

Vous imaginez de quel ciel je suis tombé. Je lui ai, bien sûr, avoué mon origine. Elle s’est fondue en excuses et m’a servi le plat habituel : « Ho pardon ! Toi tu n’es pas comme les autres… »

Je suis comme les autres, je ressemble à Ibrahim, ce Malien de 17 ans qui est venu s’installer sur mon banc quelques minutes après le départ des sympathiques ancêtres que Gabriel, l’ange, m’a envoyées. Ibrahim est en France depuis moins de six mois, il lui en a fallu autant pour traverser le Sahara et la Méditerranée. Echoué en Espagne, il a choisi la France pour des raisons linguistiques et familiales. Son radeau a accosté à Laval, une association humanitaire qui s’occupe des migrants mineurs l’a installé dans un lieu accueillant à quelques kilomètres de la capitale mayennaise. A Evron. Ibrahim est là pour fêter le triomphe annoncé de l’équipe de France. Il est footballeur, il rêve lui aussi, d’étoiles. La veille, sur un terrain municipal de cette sympathique ville, il a livré un combat sur le gazon contre des équipiers de son âge et il a gagné. Que deviendra Ibrahim dans quelques années ? Nul ne peut le prévoir. Ce qui je sais c’est qu’au moment où Manduzkic déviait un tir de Griezmann dans son but, Ibrahim a explosé de joie. 

Les 23 joueurs de l’équipe de France ont été ignés, à cet instant, par le feu de la victoire. Macron, président d’une république triomphante, se déchire les cordes vocales et quelques muscles. 

La France des couleurs, la vraie France, celle des cœurs, est en route vers une victoire fondatrice. Une deuxième. Celle là me semble plus importante parce qu’elle intervient treize années après les émeutes des banlieues qui ont fait suite à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-bois, en Seine-Saint-Denis. Il s’agissait d’un assassinat. D’une exécution. La colère qui a suivi ce crime à donné naissance à Killian M’bappé, né à Bondy, à moins de deux kilomètres du lieu de la curée. Elle a gonflé, les cœurs de ses enfants qui viennent de repeindre la république aux couleurs de la fierté. La France est heureuse.

Bouteflika est heureux. Apparemment, il s’est réveillé et son acuité visuelle a pris un sacré coup de tonus. Il a adressé un très fort et très sympathique message de félicitations à Emmanuel Macron, en insistant, sur l’homogénéité des jeunesses de nos deux pays. Pour une fois, j’applaudis. Vive Bouteflika le footballeur. Le football, est capable de réveiller les morts ! 

M. O.

Post-scriptum : Footaises s’arrête aujourd’hui. Je remercie mon amie, Nathalie, de m’avoir accompagné tout au long de cette aventure très sportive. Je reviendrai bientôt pour parler de choses plus sérieuses.

Auteur
Meziane Ourad

 




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