29 mars 2024
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Cherchons ses causes et ses vraies responsables

Grève illimitée du Cnapest

Cherchons ses causes et ses vraies responsables

Traditionnellement, la grève est définie comme une cessation concertée du travail par des salariés, dans le but de défendre des revendications de nature professionnelle. « Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent ». Contrairement à ce que semblait annoncer ce texte, le législateur n’est pas intervenu pour encadrer le droit de grève, mais seulement pour l’interdire à certaines catégories de personnels.

.Aujourd’hui, la grève en Algérie pose de grands problèmes aussi bien aux grévistes, à l’état, qu’au citoyen lui-même. Les grèves se multiplient et deviennent de plus en plus sévères, vu le manque de dialogue ou plutôt de compétences et d’éthique.

La constitution protège  aussi bien le droit de grève qu’elle formalise à travers ses articles 70 et 71 ci-dessous :

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Art. 70. — Le droit syndical est reconnu à tous les citoyens.

Art. 71. — Le droit de grève est reconnu. Il s’exerce dans le cadre de la loi. Celle-ci peut en interdire ou en limiter l’exercice dans les domaines de défense nationale et de sécurité, ou pour tous services ou activités publics d’intérêt vital pour la communauté.

De là, le droit de grève est assuré par la constitution et aucune instance d’état ne peut l’interdire sauf s’il transgresse la loi. Et la loi peut interdire ou limiter son exercice dans le cadre des services ou activités publics d’intérêt vital comme le stipule l’article 71 de la constitution.

Maintenant, nous constatons que la constitution assure le droit de grève comme elle peut limiter son exercice et c’est aux syndicats stratèges et d’éthique de murir et d’employer la grève comme moyen d’arracher des droits ou de changer certains règlements et non pas pour handicaper l’élève et cela fait partie de l’éthique syndicale.

Une grève illimitée n’a pas de sens et peut amener les autorités ou la justice à l’interdire par application de l’article 71.

Mais, étant moi-même syndicaliste, je comprends le choix des médecins résidents et des travailleurs de l’éducation qui pour arracher leurs droits ont choisi la grève illimitée puisqu’à leurs yeux c’est le seul moyen pour amener les responsables à trouver la solution rapidement. L’histoire a montré que c’est le seul langage qui amèneront les autorités à dialoguer et qui augmenteront la mobilisation suite aux maladresses des responsables pour mettre fin à la grève tel que :

  • ponctions sur salaires

  • menaces employées par le ministère

  • remplacement des grévistes

  • instrumentation de la justice

Le ministère au lieu de trouver de vraies solutions aux revendications pousse vers le pourrissement. Le ministère parle souvent d’éthique mais emploie des moyens qui en disent le contraire car une ponction sur salaire suite à une grève sauvage ne peut dépasser 3 jours par mois, le remplacement d’un fonctionnaire passe par un conseil de discipline alors que peut-on dire d’un remplacement général, de plus le remplacement d’un gréviste par un vacataire amènera une confrontation entre les deux et un manque de respect aussi bien du remplacé que du remplaçant. Donc le ministère à son tour aussi n’utilise pas l’éthique éducative pour dissuader ou convaincre les syndicats ou les enseignants à arrêter leur grève.

Jamais depuis 2003, une grève carrée c’est-à-dire de 24 h n’a donnée de résultats positifs aux protestataires ; seules les grèves reconductibles ou illimitées ont donné des résultats. L’éthique syndicale aurait voulu que les syndicats optent pour des grèves de 24 heures au plus pour des secteurs vitaux comme la santé et l’éducation mais cela ne marche pas en Algérie ou l’incompétence gère ces secteurs. Dans des secteurs aussi vitaux que la santé ou l’éducation une simple annonce d’une heure de protestation devrait être empêchée à temps en trouvant la solution à la revendication et alertée les responsables sur cette crise et de créer cette cellule et non pas déléguer une commission pour étouffer le problème.

Ces protestations n’auraient jamais dû avoir lieu si les autorités avaient pris le temps de régler ces problèmes qui datent depuis 2011 et 2015 pour l’éducation et la santé et créer des cellules de crise qui auraient du travailler depuis et trouver des solutions productives et progressives dans la résolution de ces problèmes.

De là le pourrissement était reporter à plus tard et la grève illimitée ou les grèves de faim dans ces deux secteurs devait revenir car les problèmes n’étaient toujours non résolus et donc on continuera à voir ces sortes de grèves, tant que les compétences des deux côtés que ce soient syndicales ou ministérielles ne s’assoient autour de la même table pour résoudre au moins 50%  des problèmes statuaires ou sectorielles.

Oui aujourd’hui les problèmes actuels dans tous les ministères sont d’ordre statuaire ou propre à chaque ministère.

Pour l’éducation, le problème statuaire devrait être régler depuis longtemps car même si on est incapable d’élaborer un bon statut de l’éducation pour au moins les dix années à venir, nous pouvions nous référer à certains statuts étrangers qui ont résolu définitivement ce problème et qui ont le meilleur des statuts et l’adapter à la réalité algérienne, ainsi le problème statuaire aurait était résolu depuis longtemps, mais la volonté de résoudre ce problème n’existe pas à cause du problème financier ou à l’entêtement de certains responsables.

Donc lorsqu’on voudrait défendre l’éthique syndicale ou professionnelle, il faudrait d’abord régler tous les problèmes en suspens.

Les syndicats sont les yeux de tous les ministères ou les académies et c’est à travers leur déclaration ou leur rapport que 75% des problèmes seraient résolus, mais pour ces responsables, ces organisations sont leurs ennemis et il faut à tout prix les discréditer aux yeux de la société civile et aux yeux de leurs adhérents. Il est vrai que certains syndicalistes, n’ont rien de tel et sont là pour tirer certains avantages que peut leur donner leur fonction  avec la responsabilité de certains responsables ; je parlerai en particulier au détachement de la fonction et la mise à la disposition au syndicat sur les frais de l’état, la facilité d’accès au ministère, aux académies ou aux établissements pour avoir des privilèges personnels ou à leurs amis et là aussi l’éthique de la profession est partagée. C’est ces mêmes syndicalistes, qui avec la complicité de certains responsables peuvent annoncer une grève ou l’arrêter sans tenir compte de leur base. Le détachement a créer de faux syndicalistes et le résultat est là.

Même, dans les statuts proposés au ministère du travail, il est interdit de présenter ce document sans mentionner que les représentants ou adhérents du syndicat peuvent être détachés. Ceci explique que le détachement est un moyen de corruption donné aux syndicats car souvent leur nombre est discuté avec la tutelle. El le ministère distribue ces détachements aux syndicats les plus proches et leur nombre est exagéré pour certains. Beaucoup de ces syndicalistes ont employé ces détachements pour aller vers des fonctions lucratifs sans que le syndicat ou la tutelle n’y mette fin et sont dans certains cas vendus. L’éthique syndicale ou de la fonction devait donner ce droit au syndicat à condition que le syndicat prenne en charge les frais salariaux de son remplacement surtout en période d’austérité. Une simple décision du ministère d’empêcher le syndicaliste d’avoir un détachement au frais de l’état et d’interdire aux services de donner des privilèges aux syndicalistes pousserai 75% des faux syndicalistes démissionner de cette fonction et on retrouvera sur le terrain les vrais militants et ainsi 90% des problèmes actuels seraient résolus et là on aura une vraie éthique syndicale.

Mais, vu la méthode de gérance des académies ou des ministères, les grèves se multiplieront et transgresseront les lois.

Si on revient aux protestations au niveau de l’éducation, on les trouve d’abord localement au niveau de l’établissement. Celles-ci généralement ne dépassent pas 24h. Mais ce qui est surprenant, vu que l’établissement est géré dans la plupart du temps par des incompétents, les solutions aux problèmes ne sont pas résolues, ces problèmes passent de l’établissement à la wilaya et de la wilaya au national pour devenir des revendications nationales, ce qui a poussé certains établissements à observer des grèves illimitées et les raisons sont les mêmes, la sourde oreille des responsables.

La finalité de la grève illimitée est due à 80% à la sourde oreille des responsables ou à leur laisser aller c’est-à-dire à leurs incompétences à résoudre les problèmes. Donc la responsabilité est partagée d’abord entre syndicat et ministère.

Mais ce n’est pas uniquement, les syndicats et le ministère de l’Education qui sont responsables, les parents et leurs enfants ont aussi leur part de responsabilité.

Aujourd’hui pour certains parents ou élèves, la grève illimitée ou non les arrangent encore plus car ils auront toute la journée pour faire leur cours particuliers. Certains professeurs grévistes, profitent de l’aubaine pour donner beaucoup plus de cours pendant cette période et vont jusqu’à aller à donner des cours à la carte pour rattraper le retard dans les programmes. Les parents, élèves, syndicats et le ministère le savent et comme plus de 80% des élèves font des cours particuliers dans toutes les matières essentielles ou non, et que les cours sont assurés ailleurs que dans l’école, sous le regard indifférent des responsables. L’école ne joue plus son rôle car aucun intérêt ne lui est consacré. Un simple sondage chez ces responsables, qui gèrent le ministère de l’éducation et qui ont des enfants dans l’école, vous dira à 100% que leurs enfants n’ont jamais été dans l’école publique et qu’ils suivent des cours particuliers donc ils ne défendront jamais la qualité ni de l’école publique ni celle des cours particuliers.

Les grèves illimitées, décidées par les syndicats les rendent complices avec le ministère, car c’est devenu l’alibi employé par le ministère pour expliquer le retard dans les programmes, de l’échec de la réforme de l’éducation, de la violence dans les établissements et de la qualité de l’école publique visée pour y mettre fin.

Nous savons, tous en tant qu’enseignant ou en tant que pédagogue qu’un programme est minutieusement élaboré et ficelé de façon que son volume horaire soit  partagé : entre heures de cours et leurs applications, ainsi que les devoirs et leurs corrections. Une simple absence d’une heure de l’élève ou du professeur et difficilement rattrapable vu la justesse de sa confection

Pour le bon élève absent, il sera toujours derrière son enseignant pour le convaincre à lui refaire ce cours, celui-ci lui expliquera que cela reste impossible et lorsqu’il aura le temps il reviendra à ce cours, alors que l’enseignant sans scrupule, lui dira de venir au garage pour prendre ce cours et de le payer. Car aujourd’hui certains, emploient aussi des cours à la carte pour ceux qui ont les élèves qui ont été malades ou ont raté des cours pour diverses raisons.

La grève illimitée est devenue une aubaine beaucoup plus qu’un handicap pour les élèves juste moyens qui représentent plus de 70% de la communauté scolaire, car celle-ci leur permet de suivre leurs cours particuliers à l’aise pendant les 24h et le ministère veillera à ce que les examens porteront surtout sur un minimum de  cours et non pas sur tout le programme et tant que cette protestation durera tant que ce minimum augmentera.

La finalité est que la grève arrange tout le monde : élèves, parents d’élèves, enseignants et ministère ; elle portera atteinte uniquement à l’avenir des générations futures qui iront à l’université sans tous les pré-requis indispensables à la formation.

La question qui est posée : pourquoi jamais le ministère n’a osé déclaré une année blanche ou de reporter la fin de l’année et les examens pour une région où les grèves ont dépassé un mois au premier trimestre ? L’éthique est d’avouer qu’il est impossible de rattraper un mois de grève sans affecter les programmes.

Il est venu le temps de revenir à l’autorité de l’école en obligeant les élèves à suivre leur cours dans l’enceinte de celle-ci et non pas en dehors, d’élaborer de vraies sujets de devoirs ou d’examens pour obliger les élèves à suivre leur cours, de revoir les programmes, de faire une refondation de l’école avant de réformer le baccalauréat et de ne plus pour chercher à avoir un taux de réussite acceptable pour s’auto satisfaire.

Avant de parler d’éthique dans l’éducation, une vraie transformation doit s’opérer aussi bien dans les mentalités et mettre l’homme qu’il faut dans le poste qu’il faut. Les compétences et l’intégrité existent chez nos jeunes et moins jeunes donc faisons appel à eux pour sauver ce qui peut être sauvé. Ce n’est qu’à partir de là, qu’on parlera d’éthique dans l’éducation, ou de refondation de l’école, réforme du baccalauréat mais cela demande un grand sacrifice et un grand lavage aux niveaux des chefs ou responsables de services ayant prouvé leurs limites ou leurs incompétences. On ne responsabilise pas un cadre à travers un concours où la tricherie est un acte normal.

Auteur
Bachir Hakem, enseignant au lycée Lotfi d’Oran

 




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