Vendredi 1 janvier 2021
Chine, Europe, Afrique : 2021 sera-t-elle l’année des grandes négociations économiques internationales ?
En pleine crise sanitaire internationale, la Chine et l’Union européenne ne perdent pas le nord ! Après 7 années de négociations à un rythme d’escargot, ils viennent de conclure un « accord global sur les investissements », qui doit encore être ratifié mais est sans doute un jalon important dans les relations économiques internationales.
Après 4 années sous le règne agressif de Trump aux Etats-Unis pendant lesquelles, l’unilatéralisme aveugle a grignoté du terrain, et alors que la pandémie conduit à réfléchir à un monde nouveau, va-t-on assister en 2021 à des grandes manœuvres économiques entre les grandes zones du monde ? Et notamment entre la Chine, l’Europe et l’Afrique où la zone de libre-échange continentale a franchi un nouveau cap le 1er janvier 2021.
L’accord Chine-Europe
Malgré une campagne médiatique injuste liée à la Covid-19, la Chine est sortie globalement renforcée sur la scène internationale et est sur tous les fronts. Elle a promu un accord monumental, signé le 15 novembre 2020 par quinze pays d’Asie et du Pacifique à l’occasion du sommet virtuel de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
Elle vient de conclure cet accord de principe sur les investissements avec l’Europe. C’est le plus ambitieux que la Chine ait signé avec un partenaire depuis ces 20 dernières années. Cet engagement politique a été conclu par visioconférence le 30 décembre 2020 entre le président chinois Xi Jinping et les responsables européens Ursula von der Leyen et Charles Michel, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel, et le président français Emmanuel Macron.
Côté Europe, les entreprises de l’UE auront un meilleur accès aux marché chinois dans plusieurs secteurs financiers et manufacturiers. L’UE a progressé sur deux demandes importantes : la levée de certaines obligations de former des coentreprises avec des groupes chinois, une plus grande transparence sur les subventions publiques que reçoivent les entreprises chinoises.
Côté Chine, l’accès au marché européen de l’énergie est facilité. Les groupes chinois auront la possibilité d’investir dans les renouvelables en dessous d’un plafond de 5 % de parts de marché dans chaque Etat-membre.
Rappelons qu’à la fin septembre 2020, les pays de l’UE ont investi 181 milliards de dollars en Chine (et 31 Mds pour le Royaume-Uni) tandis que la Chine a investi 138 Mds dans l’UE (et 59 Mds au Royaume-Uni).
Sommet en mai 2021 sur le financement de l’économie africaine
La relance en 2021 de grandes négociations économiques internationales pourrait se manifester dès le mois de mai.
Un sommet se tiendra à Paris pour établir de nouvelles règles du « financement de l’économie africaine », afin de relancer un cycle de croissance dans le continent sans pour autant enclencher un mouvement de ré-endettement.
On sait que la dette de l’Afrique est repartie à la hausse depuis 2005. Elle a été multipliée par trois en 15 ans, de 100 à 309 milliards de dollars. La crise de l’épidémie de Covid-19 n’arrange rien.
La Chine est devenue le premier bailleur des pays africains. Les prêts chinois, sous diverses formes, ont permis un fort développement des infrastructures, notamment de transports, qui permettront d’accroître les échanges intra-africains.
C’est un apport considérable au moment où l’Afrique progresse vers une zone de libre-échange, après des décennies d’orientation des relations économiques vers les pays occidentaux.
Vers les zones de libre-échange en Afrique
La zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf ou AfCFTA en anglais) est entrée symboliquement en vigueur le 1er janvier 2021. Un traité ratifié jusqu’à présent par 34 pays vise à instaurer la plus vaste zone de libre-échange au monde avec un potentiel d’1,2 milliard d’habitants. D’ici 15 ans, 90% des taxes douanières sur les biens et les services devraient être supprimées.
Ce genre d’accords entre zones ne peut se concevoir et devenir efficace qu’entre partenaires ayant une influence régionale. Or les pays pris individuellement, comme ceux du Maghreb, ne pèseront rien dans les rapports et influences internationaux s’ils ne s’unissent pas au moins économiquement.
Cela ne suppose pas de mettre les désaccords politiques et diplomatiques sous le tapis. L’accord entre la Chine et l’Europe et l’accord au sein de l’ASEAN montrent combien il est possible d’avancer entre pays aux régimes et aux approches différentes. Il faut simplement faire preuve de patience, accepter des règles claires et partager la volonté de contribuer chacun au développement humain et à la préservation de la planète.
Lyazid Benhami (Fondateur de Mulan Road, agence de communication).