Le retour à la réalité a pu redresser les sinuosités de ces esprits aussi tordus que corrompus qui, il y a seulement quelques mois auparavant, se décrivaient comme les tuteurs attitrés de la nation, en présentant un homme gravement malade à la magistrature suprême.

La recette de la chute brutale du clan prédateur n’est pas magique : de simples comparutions au tribunal, des fourgons cellulaires juste à la sortie, des huées de dizaines de citoyens en colère amassés devant les portails de la prison d’El Harrach et placement en détention provisoire, avec pour voisins de cellule des délinquants de droit commun! Il semble que, quoique son éveil de conscience soit lent, le peuple a vite cheminé vers l’évidence de la justice.

Toutes les insultes dénigrantes que les décideurs lui ont jeté à la figure, comme autant de marques de mépris, sont vite lavées par cet incroyable sursaut de dignité. Ni la lâcheté intellectuelle ni le chantage de la rente, moins encore l’endoctrinement démagogique qu’il a subis n’ont pu entamé sa lucidité. Tout le travail de sape que le staff Bouteflika a entrepris s’est retourné contre lui, effet boomerang de la contestation populaire aidant.

Transformés en joueurs de casino qui misent seulement sur le rouge et le noir, en négligeant tous les numéros qui tournent autour, certains porteurs du projet de cinquième mandat doivent apprendre désormais à se réveiller en tenues de prisonniers, simples numéros d’écrou, derrière les barreaux. Drôle de vie pour ceux qui voulaient tromper de tout un peuple, en focalisant son attention sur un homme réduit à l’état végétatif, condamné à gouverner, malgré lui, un pays-continent comme l’Algérie.

Aujourd’hui, ce mot «Système» qui revient sur toutes les lèvres est devenu une sorte de «Léviathan boiteux», pour emprunter un mot du savant américain Thomas Callaghy, ayant perdu son équilibre et sa raison d’être.

Un système qu’il est temps de démanteler. En revanche, la machine judiciaire devrait réunir les conditions normales et objectives pour juger, en toute indépendance et surtout en toute transparence, ces responsables véreux qui ont cassé la baraque de l’Algérie et provoqué la destruction de l’Etat, en institutionnalisant à large échelle la corruption.