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Comment défendre l’Algérie sans défendre Tebboune !

Tebboune

Qu’est-ce qu’être loyal ? À qui doit-on loyauté, à quoi? À une cause, un pays, un clan ou un dogme? Il est des semblants d’évidences qui ont besoin d’être souvent remises à plat! Déconstruites! La loyauté des hommes se mesure-t-elle uniquement à leur degré d’allégeance au chef de la tribu et à ses règles, à la soumission à l’ordre, même liberticide, oppressant, cannibale et injuste?

En Algérie, à chacun sa définition : pour le régime, être loyal c’est idéalement n’être personne. Deux choix s’offrent à toi: être une limace sous la pierre, ou la pierre sur la limace. Concrètement, on te demande de naître et de vendre l’âme sous un drapeau d’une cour d’école en chantant kassamen. Ou la sous-louer au noir en re-regardant la bataille d’Alger jusqu’à épuisement de la dernière seconde de ton forfait mektoub! Comme ça, tu ne t’appartiens plus et tu déménages de ton propre corps pour que le pays l’habite. Et tu en baves comme un SDF, parce que dans le pays qui t’habite il y a les âmes du clan, le chef, le dogme, la tribu et ses règles! 

Et tu te dis que c’est peut-être mieux ainsi, car avoir une âme c’est avoir une fin et il vaut mieux ne jamais naître que vite mourir! Surtout pour une limace! Avec sa vie absurde d’escargot, même pas entêté, sans la maison, condamnée à ramper à perpétuité sous sa propre bave, à errer sans GPS, à lécher le granito des administrations ou à cirer les dalles de sols espagnols des walis en priant le Dieu des mollusques de ne jamais se faire écraser!

Puis tu essaies d’être la pierre sur la limace ! Tu penses que c’est meilleur d’être l’outil du Dieu des mollusques. D’être celui qui écrase plutôt que celui qu’on broie. Tu te répètes que la pierre, elle, au moins, est crainte, ne bouge que si la 2e loi de Newton le lui permet et ne s’arrête que si la 3e le lui ordonne. (Cf. Cours de physique de terminal).

La pierre est l’arme parfaite d’un gardien d’une Bhira de pastèques avec le tire-boulette et qui joue au dictateur : la pierre ne craint pas la mort, ne réfléchit pas, ne souffre pas, n’a pas d’âme (et donc pas d’état d’âme) ni de karma lorsqu’elle se prend pour un Sarmate russe et tue massivement et indistinctement. Et si, en plus, on grave dessus le kit de survie des trois singes, on en fait l’arme absolue, LA mythique pierre philosophale, capable de contaminer les autres âmes pétrifiées, d’enrichir le clan, de prolonger le mandat d’un Tebboune ou de guérir un Mohammed VI de son délire de s’emparer du Sahara : « Ouvrir les yeux sans jamais rien voir, écouter et feindre la surdité et puis se couper la langue à la glotte et les doigts et les orteils (sait-on jamais) pour ne rien hurler ou écrire. » (Lois à graver sur la croûte de chaque pierre sans âme algérienne.)

Être loyal c’est être, au final, le soldat de nos chants patriotiques qui apprend « El mime » arabe: « Ahfad el mime » qu’on nous dit. (Apprends à te taire). Celui qui apprend à se transformer en viande hachée. Celui qu’on tranche en Cachir d’âne pour servir de repas aux étudiants à 24 dourous.

Si j'aime mon pays sans aimer Tebboune, suis-je alors un renégat ? Si je renie un régime véreux, serais-je le prototype le plus avancé du Harki 2.0 ou l'incarcération du Bachagha Boualam ? 

L’Algérie a été promise à un avenir qui la fuit. Un avenir compromis à plusieurs égards. Mais elle a été aussi promise à une paix et à une nation et nous n’avons, encore, durablement, réussi ni l’une ni l’autre. 

Le pays est-il menacé? Évidemment que oui, comme tous les pays riches de ce monde, comme depuis la Rome antique et les Arabes, les vandales et les Ottomans. Menacée par les nostalgiques de l’Algérie-francaise, les  » Rotaillards », ceux qui rêvent du retour des « Fatma » et des « Yawled » pour leur servir le couscous du dimanche arrosé d’un muscat gorgé de soleil de la Mitidja! Menacé par les complotismes belliqueux des royaumes médiévaux. Menacé par les puissances mondiales ultra-financiarisées à la quête d’une autre victime à saigner. Menacé par un ordre mondial sans ordre ni légitimité internationale.

Mais surtout, l’Algérie est menacée parce qu’un régime mafieux a lié son sort à celui d’un pays. Dans le contexte actuel où le plus fort anéanti impunément le plus faible et que les portes des enfers sont promises aux faibles et aux abrutis, la nécessité de s’unir sera encore une fois de plus, la trappe à rats du régime en place.

Il nous fera encore une « Benbellade », une « Hagrouna l’Mrarka, » et proposera un armistice. Et comme El mektoub est toujours écrit d’avance et qu’il a tendance à se répéter alors, on sait déjà que le peuple algérien, les Kabyles en premier, les Sahraouis, les Chaouis, comme en 1963, se mettront du côté des dieux des mollusques en se faisant les pierres de lance, les chairs à canon et le Cachir d’âne avant de redevenir des limaces. C’est écrit sur la croûte de la pierre que nous sommes, sur nos fronts, par loyauté aux âmes des ancêtres : Tahia l’Jazaïr !

K.H.

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