28 mars 2024
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Comment faire savoir que le roi est nu

Sortir de l’hypnose du temps Makhzénien

Comment faire savoir que le roi est nu

Antonio Gramsci écrivit : «Dans la construction d’un nouvel imaginaire public, comme dans toute autre forme d’activité humaine, vous êtes pris entre deux réalités : vous devez rebrousser chemin jusqu’au point où vous vous êtes trompés, mais vous ne pouvez pas rentrer chez vous.»

Redécouvrir les luttes pour un projet démocratique et populaire d’envergure, relancer la lutte face au Makhzen et son Etat intégral, reconstruire la stratégie d’hégémonie culturelle émanant de notre histoire collective millénaire, celle de ceux qui ne sont plus propriétaires que de leurs dettes et de leurs berrakas, voilà des questions qui vont aux sources de l’effondrement de ce qu’on appelle « les forces et politiques » dites «Dakakines Siyassiya », passée avec armes et bagages dans le camp du « système makhzénien dominateur », des « minorités » et des classes « moyennes » effarouchées par leur déclassement social en cours, oubliant en route l’immense majorité du Rif à Zagora et de Casablanca à Jerada et Figuig ou Bouarfa.

Nous constatons que c’est au près du Makhzen lui-même qu’on trouve aujourd’hui ceux qui s’accaparent le discours d’une certaine gauche au nom des mécontents, car là on sait utiliser les mots que ladite « classe de notables », ou de nouveaux «aristocrates parvenus », de «crétins parlementaires » récurrents, de «pouvoirs personnels », pour reprendre des concepts ancrés dans le mouvement social, et qui n’ont cessé d’être utilisés. Et qui sont en passe d’être remplacés par « le peuple veut la déchéance de notre nationalité »

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A l’heure où le capitalisme a créé un «système-monde global» violant les nations.

A l’heure où les avoirs d’une majorité de l’humanité sont concentrés dans de grandes banques collectivistes supranationales privatisant les profits et socialisant les pertes au profit des « happy few ».

A l’heure où une masse de citoyens croule sous la pauvreté et la précarité, subit une répression rappelant les années de plomb, atteignant son apogée par les morts et les embastillés du Rif et des candidats à l’exil, ou s’engage dans des activités de survie diverses, économiques, sociales, culturelles, humanitaires, sanitaires, etc., sans lesquelles l’ordre social actuel s’effondrerait sous les coups de ses propres incohérences et de ses déséquilibres intenables dictées par les inquisitions du FMI et de la Banque Mondiale.

A l’heure donc où l’on perçoit que les fondements de «la démocratie parlementaire et de l’action dans l’Etat » et celle de « mener la transition démocratique par en haut » sont, de fait, transformés par une bourgeoisie despotique constituée de hordes de rapaces et à leur tête le conglomérat royal qui a multiplié sa richesse par 7 en 20 ans, qui continue à se réserver l’usage égoïste de sa gestion et des bénéfices qu’elle en sous-titre.

Plus que jamais donc, les conditions semblent réunies pour dépasser à la fois un Makhzen essoufflé et une classe politique couchée.

Comment faire pour que le peuple prenne en main tout ce qui a déjà été concentré, collectivisé dans les faits par un discours usurpateur de la condition populaire, et c’est en passe de l’être ?

Comment faire savoir que le roi est nu et qu’on peut « se lancer à l’assaut du ciel » ?

Et comme tous ceux qui ont révolutionné le monde sérieusement, de Mao et Ho Chi Minh à Fidel Castro et Amilcar Cabral, Gramsci, il faudrait combiner peuple, classe, masse et nation dans un bloc, un bloc « majoritaire » au sens le plus strict de ce terme et non une  » collocation  » de minorités.

Le Rif, Jerada ou Zagora nous ont proposés un bloc socle, en mesure de servir d’appui à une vision d’espoir. Ils sont le champ magnétique de la transformation et boussole pour une construction durable permettant de redécouvrir et de se réapproprier la nation, de ré-imaginer un « peuple-nation » et de construire un bloc «populaire national » comme l’écrivit Gramsci.

Dans le même esprit, il ne faut pas éluder une «éthique de la violence » – c’est-à-dire de son usage correct – en constitue un élément central. Elle doit reconnaître que chaque fois que la violence est utilisée sciemment contre des innocents, contre des civils non armés – cela constitue du terrorisme.

Le terrorisme ne peut être déployé, toléré ou ignoré, même lorsqu’il est dirigé contre une entité envers nous, qui nous sommes hostiles. Mais l’éthique progressiste reste la vision applicable le plus largement possible.

Auteur
Mohamed Bentahar

 




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