Condamner des jeunes pour avoir brandi des drapeaux avec l’emblème dit amazigh est un acte, a priori, dénué de toute logique judiciaire.

Depuis des mois j’ai sciemment évité ce sujet car il requière beaucoup de travail et de recherche, oui, le sujet est trop épineux pour le prendre à la légère et sous-estimer son impact sociétal, sachez qu’il y a une science dédiée à l’étude des drapeaux et des pavillons.

Cela se nomme la vexillologie, au risque de vous vexer, je ne suis pas vexillologue, trop de tissu me donne des allergies qui exciteront mes cathares, je parle d’ORL et non pas des « hérétiques » selon notre Saint Augustin, à ce sujet ils avaient leur propre drapeau, finalement, me direz-vous.

Et me voilà embarqué, malgré moi, dans une histoire sans fin, mon corps flottant au gré des vents dans une histoire de drapeaux qui va au-delà de nos frontières et bien plus loin, en saisir la nuance n’est point une mince affaire au vu des différentes lectures historique et conjoncturelles.

A défaut de coton et afin de synthétiser la question pour mieux m’installer dans ma vie cagnarde et ne pas avoir du fil à retordre pour recoudre je ne sais quel drapeau, sachez que les emblèmes ont de tout temps existé au sein des sociétés depuis très longtemps, bien avant notre ère.

C’est des signes ostentatoires qui expriment une appartenance à un clan, à une tribu, une nation ou une idéologie bien distincte ou tout autre groupe d’être humain unis par une quelconque cause.

De nos jours, en Europe par exemple, il est impossible de faire un inventaire des différents emblèmes qui existent au sein des pays dont l’unité n’est nullement mise en question ni menacée.

 Mise à part un cas récents, celui des indépendantistes catalans et encore, même les unionistes ibériques arborent fièrement l’emblème catalan car il fait référence à une région d’Espagne et rien de plus selon eux, c’est pour vos dire la notion d’emblème dont il est question.

Donc, et de façon rationnelle pourquoi la chose est différente chez nous ? pourquoi ce sujet soulève la polémique et va plus loin, jusqu’à arriver à des condamnations devant les tribunaux ?

C’est exactement cette question qui me taraude l’esprit depuis un moment déjà, si la prise de position pour le moins radicale de l’autorité était motivée par la préservation de l’unité nationale, je ne peux citer le nombre de fois ou des drapeaux étrangers tels qu’ italiens, brésilien allemands et autres qui  ont été brandis lors de manifestations sportives, lors de matchs de football en l’occurrence, je ne parle pas de drapeau d’un ou de deux mètres mais de banderoles, des « tifos » allant jusqu’à dix voir quinze mètres.

Mais tous les algériens savent que ces démonstrations sont les œuvres des supporteurs des diffèrent clubs pour montrer leurs penchants pour telle ou telle école footballistique, dans certain cas il s’agis simplement des couleurs qui se rapprochent des clubs en question rien de plus.

Il en est de même pour les accoutrements, de nos jours, des « tee shirt » flanqués de drapeaux étrangers ne choquent personne dans la rue et ne provoquent aucunes verbalisations ou remarques émanant de l’autorité.

Je ne me rappel pas avoir entendu parler d’une condamnation d’un supporteur prit en flagrant délit d’arborer un drapeau italien ou argentin, ou d’un estivant avec le drapeau britannique sur le torse vraiment, je ne crois pas que cela c’est  passé chez nous.

De fil en aiguille, pour rester dans le tissu, j’ai compris l’essence même de cette polémique concernant le drapeau dit amazigh, je suis remonté à sa création dans les années 1970 pour être officialisé vers la fin des année quatre vingt dix lors du Congrès mondial amazigh qui s’est tenu dans les Iles Canaries.

 Je vous passe les détails des contextes politiques  de l’époque car la littérature à ce sujet et abondante et, à dire vrai, ce n’est pas le sujet que je veux traiter aujourd’hui, néanmoins , il est important de noter que si ce n’était la chape de plomb qui planait sur le pays bien soutenue par le parti unique, je ne serais pas en train de m’efforcer d’expliquer des évidences culturelles qui démontrent clairement que les Algériens sont unis dans leurs différences et c’est une force plus que tout . 

En toute objectivité, moi-même qui suis un fervent défenseur de l’identité berbère, je pense que ce sont  les conditions de création de l’emblème en question qui sont la raison essentielle de la répression dans toute cette affaire, car c’est de cela qu’il s’agit d’une affaire qui remonte à la naissance de la pan-berbérité politique qui ne peut s’accommoder de frontières et c’est là le problème, d’où la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui.

En vérité, selon moi, il serait préférable de donner la priorité au questions liées à la démocratisation totale du système en Algérie pour, par la suite débattre des sujets inhérents à notre culture qui ne peut être qu’ancrée dans la culture berbère plusieurs foi séculaire, c’est un fait inexorable.

Autrement dit, le bon sens voudrait que ce ne soit pas une question de drapeau qui hypothèquera les revendication légitimes de tout un peuple uni derrière une seule exigence qui est la libération du champs politique aliéné à un système qui démontre ses limites.

Ces quêtes de liberté ne doivent pas se transformer en conjuration par le simple fait d’arborer l’emblème dit amazigh, les jeunes algérien de tout temps berbères, sauf pour ceux qui le sont et qui ne le savent pas encore, doivent connaitre l’histoire et pourquoi pas, écrire la leur différemment avec comme fondement la vision d’un destin commun. En revanche, cette fois-ci, ça devra être fait sans aucune ambiguïté, ni parrainage qui sèmerait le doute sur l’authenticité de l’élan.