La montée de l’extrême droite en Occident a été un des faits marquant l’année 2025, mais la croissance de ce mouvement pourrait ralentir en 2026 si les démocraties lui imposaient une plus forte résistance.
En début de 2025, une structure politique a pris une ampleur qui lui était inconnue au XXIe siècle avec l’appui du mouvement MAGA (Make America Great Again), des GAFAM et plus particulièrement d’Elon Musk qui utilise un des plus grands réseaux sociaux du monde comme outil de propagande. L’internationale réactionnaire a atteint une visibilité mondiale et intervient directement dans les élections de pays telle l’Allemagne en appuyant le parti d’extrême droite allemand AfD en pleine campagne pour les élections anticipées. Après avoir été condamné par la Commission européenne a une l’amende de 120 millions d’euros infligée à son réseau social X en début décembre pour avoir enfreint plusieurs règles de la loi sur les services numériques le Digital Services Act (DSA), Musk affirme même que l’Union européenne devrait être abolie et la souveraineté rendue aux pays, afin que les gouvernements puissent mieux représenter leurs citoyens.
L’orientation idéologique que prend actuellement le gouvernement américain l’entraîne de plus en plus dans cette internationale réactionnaire et l’éloigne des autres pays membres du G7. La stratégie de sécurité nationale publiée le 5 décembre par la Maison Blanche affirme, sans prendre en compte les grands bouleversements climatiques, les menaces cyber, celles de l’intelligence artificielle, du terrorisme, de la géopolitique et des nouvelles technologies, que les Européens sont engagés dans un effacement civilisationnel. Selon un expert à la Brookings Institution, Thomas Wright, cette stratégie de sécurité nationale est une feuille de route pour construire un ordre international illibéral, dans lequel les États-Unis affirmeraient unilatéralement leur dominance. Le gouvernement américain soutient aussi des partis populistes de droite en Europe qui tentent de renverser les élites centristes.
Solidement verrouillée dans cette internationale réactionnaire, la Russie a continué en 2025 à mener sa guerre hybride contre les pays occidentaux et à bafouer leur souveraineté.
En Amérique latine, les idées d’extrême droite ont pris plus de place en 2025. Javier Milei, le président libertarien de l’Argentine parle désormais de l’immigration en lien avec l’internationale réactionnaire qui s’étend au continent latino-américain.
La part de la population mondiale vivant dans un régime démocratique est passée de 54 % à 32 % dans les 20 premières années de ce siècle. C’est donc la survie de l’État de droit et de la démocratie qui sont en jeu dans les prochains mois.
Actions concrètes à mener en 2026
Le 18 décembre, la présidente au Parlement européen du groupe Renew Europe, Valérie Hayer, secrétaire générale déléguée du parti Renaissance, a demandé aux démocrates et libéraux du monde entier de réfléchir aux actions à prendre pour contrer l’internationale réactionnaire. Une alliance pourrait être constituée de représentants de pays européens, des États-Unis, d’Amérique du Nord et d’Asie.
Des ministres européens voudraient aussi que la Commission agisse avec la plus grande fermeté contre des violations du DSA par la plateforme X. L’Europe pourrait fournir en 2026 une réponse plus cohérente qu’elle ne l’a fait en 2025 en s’appuyant plus fortement sur ses règlements pour encadrer les activités numériques des GAFAM.
En ce qui concerne le conflit en Ukraine, les Européens cherchent actuellement une manière de faire pression sur la Russie pour qu’elle accepte une pause dans les combats, ce qui pourrait passer par des actions et menaces plus crédibles. Les Européens pourraient aussi en 2026 travailler à contraindre Donald Trump à écouter l’opinion publique américaine qui est très fortement pour le maintien des liens avec le vieux continent et la défense de l’Ukraine contre l’agression russe.
Les récents mouvements économiques au niveau mondial pourraient aussi être favorables à une diminution des hostilités en Ukraine en 2026. Avec les récentes sanctions prises non seulement par l’Europe qui suit à la trace les vaisseaux fantômes russes, mais aussi l’Ukraine qui les coule quand elle en a la chance et même les États-Unis qui les saisissent quand ils s’approchent des côtes du Venezuela, la Russie est aux prises avec une diminution de ses revenus.
Il y a aussi des enjeux électoraux importants en Amérique du Sud en 2026 qui pourraient changer la donne, alors que des élections se tiendront au Costa Rica en février et avril, en Colombie en mars et mai, au Pérou en avril et au Brésil en octobre.
Finalement, le président américain est aussi affaibli en ce début de 2026. Lui qui a lancé une guerre économique internationale en 2025, se trouve actuellement en mauvaise posture dans son propre pays en raison des contrecoups économiques que ses actions y ont engendrés. Il a donc commencé en fin d’année à diminuer les tarifs qui touchent le plus fortement sa population. Il y a de fortes chances qu’il continue sur cette lancée au moins jusqu’aux élections de mi-mandat en novembre qui pourraient lui compliquer la vie et ralentir la croissance de l’internationale réactionnaire.
Michel Gourd

