2 mai 2024
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Crise algérienne : On a déjà franchi le pas de l’inconstitutionnel

DECRYPTAGE

Crise algérienne : On a déjà franchi le pas de l’inconstitutionnel

Dans son intervention du 20 mai au siège de la 4éme région militaire d’Ouargla, le général-major du corps d’armée, vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, après son refus catégorique de dialoguer directement avec les forces politiques, ce qui est compréhensible. Pourquoi ?

Il tente, selon toute vraisemblance et il a réussi, de préserver la réputation de l’armée algérienne d’être « accusée » de se mêler des affaires politiques, notamment  par les nations étrangères qui suivent avec attention l’évolution de la crise algérienne.

Pour lui, comme il l’a noté dans ses précédents discours, l’armée a pour rôle d’accompagner  en créant les conditions sécuritaires favorables mais il appartiendra au président élu démocratiquement de continuer le reste dans le calme et sérénité; et un mandat présidentiel de cinq ans lui permettra donc de prendre tout son temps pour apporter les modifications nécessaires à la constitution pour refonder un Etat de droit.

Toutes ces questions politiques ne sont pas du ressort de l’armée. Cette fois- ci, il n’a pas évoqué clairement la date arrêtée par le chef de l’Etat intérimaire de l’échéance  du 4 juillet. Cela suppose donc que le report est envisageable s’il n’a pas été déjà discuté dans le cadre d’un plan « B » au sommet de l’Etat.

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Le lendemain c’est-à-dire le lundi 21 mai, il est revenu sur les dossiers de corruption d’une manière toute à fait anxiogène. Pour Gaïd Salah, ce  fléau s’appuie sur des réseaux politiques, financiers et médiatiques et surtout «de nombreux lobbies infiltrés au sein des institutions de l’Etat ». Il n’a pas manqué de rassurer que cette interconnexion entre les affaires et la politique est bien maîtrisée à travers une lutte sans merci contre la corruption qu’il juge « bonne car s’appuyant sur des bases solides ». Elle a confirmé selon ses propres dires des dossiers « lourds et dangereux ». Il a compris aussi, que la « bande » visée par ces enquêtes est « fortement dérangée » et tente d’entraver « les efforts de l’armée nationale populaire et l’appareil judiciaire ». Le vieux général, pense que cette bande pourrait s’infiltrer dans les rangs du mouvement de dissidence populaire et créer une Fitna entre le peuple et ses institutions pour brouiller les cartes. Il appelle donc le peuple à la vigilance.

 1- Que doit faire le peuple pour être vigilant ?

Selon lui, il doit aider les institutions en place pour éviter un « vide constitutionnel » et se préparer pour une échéance électorale par débuter   « l’étape principale qui consiste d’accélérer la constitution et l’installation d’une instance indépendante pour l’organisation et la supervision des élections(…) Nous attendons l’accélération de la prise des mesures adéquates pour la mise en œuvre de ce mécanisme constitutionnel, considéré comme l’outil juridique idoine pour préserver la voix de l’électeur et donner une crédibilité aux élections »

2- A ce niveau, deux observations

La première  concerne les partis de l’alliance à savoir (FLN, RND, MPA et TAJ) qui juste après son discours, ils ont tous applaudi chacun à sa manière alors que la plus part d’entre eux sont touchés par ces enquêtes. Rappelons que cette semaine  deux ex-Premiers ministres et cinq anciens ministres de la République sont appelés à comparaître devant la Cour suprême.

Convoqués par le procureur du tribunal de Sidi M’hamed, près la cour d’Alger, Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia, Amara Benyounes, Amar Tou, Hocine Necib, Abdelghani Zaalane, et Karim Djoudi ont été informés jeudi dernier des griefs retenus contre eux et du transfert de leurs dossiers à la Cour suprême, rapportait le quotidien francophone El Watan dans son édition de lundi.

On peut se demander si ce discours n’a pas confirmé le plan « A » de Bouteflika sans Bouteflika ? Ensuite cette anxiété, peut être appréhension autour des dossiers lourds de corruption n’est elle pas constitutionnellement du ressort de la justice puisqu’ils en sont arrivés là. Elle n’est plus au stade de l’enquête auprès des services relevant de la défense nationale pour que le chef de l’état-major en parle ? N’est il pas temps que la justice dise au peuple de quoi il s’agit exactement ? 

La deuxième observation quant à elle est relative à cette commission indépendante de surveillance des élections à laquelle appelle le général-major qui emboîte le pas du chef de l’Etat qui a tenté dès son installation de faire appel à des constitutionnalistes et des personnalités politiques pour la constituer en vain d’ailleurs.

La haute instance indépendante de la surveillance des élections étant dissoute par le président démissionnaire et une nouvelle ne peut être installée que par un président de la république élu alors que c’est elle qui surveille cette élection donc son existence est effectivement nécessaire  mais son installation reste inconstitutionnelle. 

Moralité de tout ça ?

Le discours politique du général Gaid Salah est inconstitutionnel puisqu’il le dit lui-même l’armée populaire nationale ne fait pas de politique, l’installation d’une commission de surveillance telle que préconisée par le général n’est pas non plus du ressort du chef de l’Etat par intérim. 

Le vide constitutionnel est incontournable en cas d’un deuxième tour des élections avec plus de 76 dossiers de candidature à ce jours recensés par le ministère de l’intérieur etc.  

Donc inconstitutionnel pour inconstitutionnel autant entamer un dialogue pour tout faire par « un consensus politique » qui permettra de réaliser tout cela en s’appuyant sur le propriétaire de la souveraineté nationale qui dispose de toutes les prérogatives pour reporter les élections de quelques mois et mettre sur pieds une commission qui actualise les listes électorales et les règles pour une élection libre et transparente.

En tout cas, le dialogue hebdomadaire de sourds ne ramènera rien et aura à la longue un impact négatif sur les rouages économiques et sociaux.

Qui paiera les frais ?                                        

Auteur
Rabah Reghis

 




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