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mardi 20 mai 2025
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Crise migratoire au Sahara : indignation sélective et silences complices

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Alors que des collectifs d’ONG dénoncent avec virulence les expulsions de migrants subsahariens par l’Algérie, peu d’entre eux pointent la responsabilité des États d’origine ou le rôle des politiques européennes. Une lecture partielle d’un drame humain aux causes multiples, où les logiques géopolitiques semblent parfois l’emporter sur l’analyse équilibrée des faits.

Une déclaration conjointe émanant à partir de Niamey de plusieurs collectifs africains de défense des droits des migrants a vivement dénoncé les expulsions massives de migrants subsahariens par l’Algérie, qualifiant ces actions d’inhumaines et d’illégales. Selon les signataires, plus de 5800 personnes ont été expulsées vers le désert depuis le début de l’année, dont un convoi de 1141 personnes le 19 avril, parmi lesquelles figuraient des femmes et des mineurs.

Les organisations dénoncent des violences physiques et verbales, des disparitions et des traitements humiliants. Elles pointent également du doigt l’inaction de l’Union africaine et accusent l’Union européenne de complicité dans des politiques migratoires répressives.

Cependant, cette vague d’indignation semble souffrir d’un sérieux déséquilibre. Si la déclaration vise durement le gouvernement algérien, elle reste silencieuse sur la responsabilité des pays d’origine de ces migrants. D’où viennent ces milliers de personnes poussées à l’exil ? Quelles politiques publiques ou défaillances structurelles les poussent à risquer leur vie dans le désert saharien ? L’absence de développement économique, les crises politiques, les conflits armés, mais aussi la mauvaise gouvernance dans plusieurs États subsahariens sont autant de causes profondes que les ONG omettent souvent d’interroger.

Derrière cette indignation ciblée se dessinent également des enjeux géopolitiques complexes. L’Algérie, acteur régional influent, est régulièrement la cible de critiques sur fond de tensions diplomatiques avec certains pays africains et européens. Dans ce contexte, les dénonciations à sens unique de sa politique migratoire peuvent être perçues comme instrumentalisées par des intérêts extérieurs, désireux de ternir son image ou de l’affaiblir sur la scène régionale.

Par ailleurs, la politique migratoire de l’Union européenne joue un rôle central : sous couvert de lutte contre l’immigration clandestine, elle externalise de plus en plus la gestion de ses frontières vers les pays du Maghreb, dont l’Algérie, en y imposant des logiques sécuritaires. Ce transfert de responsabilité s’opère sans véritables mécanismes de protection des droits humains ni prise en charge coordonnée des migrants.

En parallèle, les pays d’origine des migrants – pour la plupart d’Afrique subsaharienne – brillent par l’absence de politiques publiques efficaces pour retenir leur jeunesse sur place. Manque d’emplois, services publics défaillants, corruption endémique, instabilité politique : ces défaillances structurelles alimentent un cycle migratoire de désespoir. Or, ces réalités sont rarement dénoncées avec autant de vigueur par les mêmes organisations. Sans un effort commun pour traiter les causes profondes de la migration, les dénonciations unilatérales risquent de rester stériles et politiquement biaisées.

Une réponse équilibrée à cette crise devrait interpeller toutes les responsabilités – y compris celles des États d’origine – et engager un dialogue sincère sur les politiques de développement, la coopération régionale et la dignité des migrants, sans tomber dans la logique du deux poids, deux mesures.

Samia Naït Iqbal

#Lien pour lire la déclaration des ONG de défense des droits des migrants 

https://www.facebook.com/share/p/19LxnVhcDL

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