21 mai 2024
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Dahmane El Harrachi : « Hassebni » en symphonie !

Dahmane El Harrachi

Tout le monde connaît le tube planétaire Ya Rayeh popularisé par Rachid Taha. Une chanson qui constitue encore un titre incontournable dans les pistes de danse des fêtes et autres soirées festives. Mais tout le monde ne sait pas que l’originale de cette chanson est de Dahmane El Harrachi, notre regretté Harrachi national qui avait perdu la vie dans un accident de voiture au retour d’une soirée arrosée.

Le répertoire de Dahmane est riche et varié. Après Ya Rayeh, il y a une autre chanson qui fait fureur ces dernières années car elle a été reprise et arrangée de manière moderne par le groupe juif Andelucious, avec la ravissante Lala Tamar, une Amazigh de mère Marocaine et de père Brésilien. De quoi lui conférer des qualités musicales planétaires ! Il s’agit de Hassebni. Cette chanson a même été interprétée par l’orchestre symphonique Klänge der Hoffnung  Musik Verbindet au Grand Temple de Lyon, le 28 mai 2022. C’est dire la qualité mélodique des compositions de notre Harrachi le plus célèbre de la planète.

Biographie

Abderrahmane Amrani, connu sous le nom de scène Dahmane el Harrachi, est né le 7 juillet 1926 à El Biar, Alger, et mort le 31 août 1980 à Aïn Benian, dans la banlieue ouest d’Alger. Il est considéré comme un grand maître du chaâbi.

Originaire de Djellal dans la wilaya de Khenchela, son père s’installe à Alger en 1920 et devient muezzin à la Grande Mosquée. Après la naissance de Dahmane, la famille déménage à Belcourt, puis s’installe définitivement à El-Harrach. Benjamin d’une famille de onze enfants, il s’initie très tôt au banjo. Il est influencé par le chanteur chaâbi Khelifa Belkacem (décédé en 1951). À 16 ans, il interprétait déjà les chansons de ce dernier. Le certificat d’études en poche, il se fait cordonnier puis receveur de tramway sur la ligne reliant Maison Carrée à Bab El Oued. En virtuose du banjo, de nombreux chanteurs chaâbi des années 1940 s’offrent ses services : Hadj Menouar, Cheïkh Bourahla, Cheïkh Larbi el Annabi, Abdelkader Ouchala et surtout Cheikh El Hasnaoui avec qui il se produit pour la première fois au Café des artistes, rue de Charonne, à Paris, en 1952.

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En 1949, il se rend en métropole et s’installe à Lille, puis à Marseille et enfin à Paris, ville qu’il ne quittera pratiquement plus. Pendant des années, il se produit dans les cafés maghrébins des villes de France. Il découvre alors le décalage entre la réalité de l’immigration et le répertoire maghrébin du melhoun écrit entre le XVIe et le XIXe siècle. Auteur-compositeur, il adapte à sa manière le chaâbi en créant un nouveau langage musical et poétique. Ses chansons parlent du vécu dans un parler soutenu, compréhensible par toute la communauté maghrébine.

Il enregistre son premier disque chez Pathé Marconi en 1956, pendant la guerre d’indépendance. Sa chanson portait le titre de Behdja bidha ma t’houl (Alger la blanche ne perdra jamais de son éclat) et compose aussi la chanson Kifech nennsa biled el khir (Comment pourrai-je oublier le pays de l’abondance). Son répertoire est constitué d’environ 500 chansons dont il est l’auteur. Ses paroles incisives et ses mélodies le font apprécier du grand public.

Pour donner plus de contenance à ses textes lyriques, il fait très souvent appel au procédé métaphorique. Sa voix rocailleuse se prête très bien à son répertoire brossant les thèmes de la nostalgie du pays, les souffrances de l’exil, la passion pour sa ville natale, l’amitié, la famille, les déboires amoureux, les vicissitudes de la vie, la droiture, la rigueur morale tout en fustigeant la malhonnêteté, l’hypocrisie, l’ingratitude et la mauvaise foi.

Il a fait toute sa carrière artistique en France. Il a eu la reconnaissance de ses pairs lors du Festival de la musique maghrébine qui s’est tenu au début des années 1970 à La Villette.

Découvert sur le tard par la nouvelle génération en Algérie, il ne s’est produit officiellement en public qu’en 1974 à la salle Atlas d’Alger où il remporta un franc succès. À la télévision algérienne, il a laissé trois enregistrements et a joué son propre rôle dans un téléfilm qui a pour titre saha Dahmane tourné juste avant sa disparition dans un accident de la route survenu le 31 août 1980 à Aïn Benian.

Pour le plaisir des oreilles des mélomanes, nous vous proposons la version du groupe Andelucious et celle de l’orchestre Klänge der Hoffnung arrangée par Amine Soufari.

Kacem Madani

 

 

2 Commentaires

  1. Dahamne Harrachi un Amazigh des Aures, Kacem Madani un Amazigh de Kabylie, et Lala Temar une moitie Amazigh du Maroc, tous unis pour nous faire ingurgiter une chanson en arabe. Tres « interessant » tout ce drame culturel Amazigh en Afrique du Nord.

  2. Il y a une vidéo d’Arezki Bouzid dans laquelle il parle de Dahmane El Harrachi et de sa belle amitié avec feu Salah Sadaoui. Il les décrit comme deux amis inséparables mais toujours en train de se chamailler et même parfois d’en venir aux mains. Il raconte comment une fois l’un d’eux a cassé son intrument sur la tête de l’autre et comment il a fallu les séparer avent qu’ils se massacrent l’un l’autre, mais le lendemain ils étaient bras-dessus bras-dessous, comme s’il ne s’était jamais rien passé la veille. Si tout le monde avait ce type de relation avec au moins une autre personne, les psychologues, les psychiatres et les psychanalystes n’auraient pas de raison d’être. Surtout que l’un était arabophone et l’autre kabyle.

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