Les historiens de la Commission algéro-française se retrouvent ce lundi à Alger pour quatre jours de travail dans la capitale algérienne. C’est leur 5ᵉ réunion en l’espace d’un an, la deuxième en Algérie.
À l’issue des deux dernières réunions, les historiens avaient formulé plusieurs propositions aux présidents Macron et Tebboune concernant notamment les archives et la restitution de biens de l’émir Abdelkader, un des chefs de la résistance algérienne avant qu’il se rendent et qu’ils soient conduit dans le château d’Amboise (région d’Indre-et-Loire) avec sa famille et proches de 1848 à 1852.
Mais les blocages restent nombreux. La colonisation est un sujet explosif autant en Algérie où le régime en use par populisme qu’en France où l’extrême droite, nostalgique de la colonisation et des tueurs de l’OAS, en fait un de ses chevaux de bataille pour jeter l’opprobre sur l’Algérie. Aussi, Emmanuel Macron a soutenu, dans une déclaration en 2023, qu’il n’avait pas à demander pardon aux Algériens au sujet de la colonisation française.
La question des archives sera au centre des discussions en Algérie. La France dispose encore de nombreuses archives gouvernementales, coloniales, diplomatiques et militaires. La commission avait proposé d’en restituer certaines et d’en numériser d’autres. Mais au mois de mars, Mohamed Lahcen Zeghidi, qui copréside la commission, a jeté un pavé dans la mare en affirmant que l’Algérie voulait récupérer l’ensemble des originaux.
Pour évoquer cette question sensible, la délégation française sera accompagnée à Alger du directeur des Archives nationales et du président de la Bibliothèque nationale de France. Un autre sujet complexe sera abordé lors de ces réunions, celui des restitutions.
Selon un des membres de la commission, les participants devraient continuer à dresser un inventaire des biens qui peuvent être rendus à l’Algérie. La question du retour des effets personnels de l’émir Abdelkader sera certainement à nouveau évoquée.
En amont de ce travail, c’est la visite d’Abdelmadjid Tebboune en France à l’automne prochain qui est en jeu. Cette visite a été plusieurs fois annulée et reportée sine die.
Il y a quelques semaines, Abdelmadjid Tebboune avait annoncé sa visite d’Etat en France alors même qu’il y a une présidentielle le 7 septembre. Etait-ce un lapsus ? Aucun communiqué n’est venu clarifier la déclaration.
Ce qui veut dire que cette présidentielle est jouée d’avance. Un scénario que connaissent parfaitement les Algériens puisque le régime n’organise jamais une élection pour faire perdre son candidat.
Sofiane Ayache/Rfi