18 avril 2024
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Défense absolue et intransigeante

Liberté d’opinion et d’association

Défense absolue et intransigeante

L’usage de la force et de mesures d’interdiction de l’expression ne sont pas les caractéristiques de l’Etat de droit.

L’interdiction de deux associations féminines à Oran, et la déclaration de Monsieur Noureddine Boukrouh sur ce qu’il subit en ce moment, outre à tellement d’autres faits injustes et illégaux, justifient cette contribution. Pour éviter tout malentendu, il ne s’agit pas ici uniquement de ces deux associations et de ce Monsieur.

La seule société qui mérite le respect, le seul État qui voudrait ne pas être dénoncé comme illégitime sont la société et l’État où la liberté citoyenne d’opinion et d’association est absolument libre et totale.

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Tant que la confrontation se déroule dans le domaine des idées, la limiter ou, pis, l’interdire relève de plusieurs défauts, et cela que l’on soit citoyen ou, plus gravement encore, un représentant de l’État.

Premièrement. Un citoyen qui ne respecte pas ce genre de liberté démontre la faiblesse de ses propres opinions dans la confrontation pacifique des idées. Quant à l’État, il manifeste la même carence, mais aggravée par son attitude dictatoriale ; elle est illégitime étant donné qu’aucune volonté populaire ne l’a chargé d’agir de manière autoritaire.

Deuxièmement. Limiter ou interdire la liberté dont il est question est une violence de fait. Le citoyen qui la dénie est susceptible de provoquer une contrer-violence, dont il est le premier responsable. Quant à l’État, cette violence est manifestée par des mesures juridiques (des « lois » sur mesure, mais hors de la mesure reconnue par la justice universelle) ou répressives. Dès lors, il se rend le premier responsable d’une contre-violence qui pourrait contester cette violence.

Troisièmement. Toute société humaine a besoin de la liberté dont il est question pour discuter les problèmes en son sein, afin de trouver les solutions adéquates. Autrement, cette société cause des ressentiments légitimes qui peuvent, à la longue, se transformer en confrontation violente. Là, encore, le responsable est le citoyen ou/et l’État niant la liberté en question.

Quatrièmement. Cette liberté doit être totale, tant que son expression réside dans le domaine des idées. Les extrémistes de tout bord, comme les modérés et les conservateurs ont le même droit. À la confrontation publique de montrer le bien ou le mal fondé des idées défendues par les uns et les autres. Si une idée est acceptée par la majorité des citoyen-ne-s, soit elle est conforme à leur intérêt véritable, alors  elle devient légitime et il faut trouver les moyens de la concrétiser ; soit cette idée manipule les citoyen-ne-s dans un but inavoué, contraire à leur intérêt véritable, et favorable à une caste dominante ou aspirant à dominer. Dans ce dernier cas, il est inefficace, à long terme, d’interdire l’expression de ces idées ou des associations qui les produisent, car ces idées continuent de manière plus ou moins clandestine à exister. La réelle efficacité est de les discuter et de parvenir à montrer aux citoyen-ne-s en quoi ces idées leur sont néfastes.

On pourrait objecter : laisser ce genre de liberté a porté les fascistes et les nazis au pouvoir, ou les islamistes réactionnaires à prendre le pouvoir en Algérie et en Égypte. Ce n’est pas entièrement vrai. Car, dans ces cas, la propagande des idées fut menée parallèlement et complémentairement avec l’exercice de la violence physique. Ce fut, chez les fascistes et les nazis, celle de leurs groupes para-militaires, de manière organisée et systématique ; quant aux islamistes réactionnaires, les agressions physiques, allant jusqu’aux assassinats, commencèrent bien avant l’interruption du processus électoral en Algérie.

Par conséquent, tant que la confrontation demeure dans le domaine des idées et des associations qui les défendent, la liberté est absolument nécessaire. Même si ces idées appellent à une résistance violente ou armée. Tant que cette dernière ne s’est pas concrétisée, c’est par les idées qu’il faut en démontrer l’illégitimité. Et si l’on a peur que le peuple, malgré cela, y succombe, c’est que ce peuple soit est soumis à une servitude telle que la résistance violente lui paraît la seule solution, soit il n’a pas bénéficié d’une correcte explication de la part des personnes qui contestent le recours à la violence et à la lutte armée.

En Algérie, la preuve éclatante est présente : la victoire militaire sur les islamistes réactionnaires n’a pas réellement entamé leur présence idéologique. Dans ce domaine, s’ils ne triomphent pas, ils demeurent hégémoniques (1). Et la preuve que les détenteurs de l’État actuel, malgré la manipulation des élections, ne parvient pas à convaincre de sa légitimité la partie des citoyen-ne-s les plus honnêtes et éclairé-e-s, c’est le harcèlement répressif, sous diverses formes, de la liberté d’opinion et d’association. Cependant, l’histoire humaine universelle l’a démontré et continue à le démontrer : les bourreaux de la liberté citoyenne passeront, sans gloire, mais la liberté refleurira par l’action de la partie la plus consciente et la plus honnête du peuple !

K. N.

Email : kad-n@email.com

Notes

(1)   Voir  HÉGÉMONIE CULTURELLE : L’ENJEU FONDAMENTAL, in :

https://lematindalgerie.comlenjeu-fondamental-limportance-de-la-methode-i

https://lematindalgerie.comdu-spirituel-ii

https://lematindalgerie.comlenjeu-fondamental-connaitre-et-distinguer-iii

 

Auteur
Kadour Naïmi

 




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