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Démocratophobie quand elle nous tient !

DIGRESSION

Démocratophobie quand elle nous tient !

Tout le monde est d’accord pour dire que la révolution algérienne, dans sa mouture de deux mille dix-neuf, est un miracle républicain, « y’a pas photo » là-dessus.

A vrai dire, peu de pays en connus un soulèvement populaire pareil, oui, disons-le sans vergogne ni pudeur mal placée, aucune nation sur terre n’a connu la révolution pacifique algérienne.

Une révolution que vit toujours l’Algérie au moment où j’écris ce modeste texte, le Hirak est une œuvre collective phénoménale qui redonne des couleurs à un peuple gris de désespoir depuis longtemps.

En effet, depuis le vingt-deux février dernier, nous assistons, tous les vendredis, à l’éruption d’un volcan contestataire.

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Les algériens ne cessent de cracher leurs ras le bol dans les airs en cette période ou les climatosceptiques n’ont plus rien à dire. 
 Néanmoins, c’est un mal pour un bien, dans les fumerolles étouffantes de nos villes, chacun d’entre nous peut imaginer à sa façon, comme nous le faisions gamins devant les nuages, les formes qu’il croira discerner ou imaginer, chacun à sa façon et selon son humeur.

Pour les uns ce sera des formes galbées d’un optimisme incommensurable de voir une Algérie moderne et juste, pour d’autres, ils y verront des spectres moins accommodants, en vérité, ces derniers n’y verront que d’hypothétiques catastrophes qui assombriront le pays pour nous replonger dans une période de disette.

Quel qu’en soit la perception faite, il n’en demeure pas moins que les nouvelles mœurs des algériens ces derniers mois ont, bel et bien, porté leurs fruits.

C’est vrai, je vous l’accorde, ils ne sont pas encore assez mûrs pour la douceur de nos palais ni de ceux qui y habitaient, mais, entre nous, un fruit reste un fruit tout de même, la nature est ainsi faite.

Le fait de voir derrière les barreaux rouillés des geôles d’Alger ceux qui se sont pavanés pendant des décennies prétendant être l’intelligentsia nationale, est une dégustation en soit, cela suffit amplement à légitimer pleinement le mouvement populaire.

Des geôles qui ont vu des locataires bien plus distingués, c’étaient les coupables de la pensée, punis pour avoir crié des vérités, tels des oracles fous, ils comprirent l’effroyable imposture avant tout le monde.

Des vérités dont nous n’avions rien à faire, ce fut notre plus grande erreur, aujourd’hui nous en mesurons les conséquences à nos dépens.

Nous n’écoutions plus personne, nous n’entendions rien, à dire vrai, nous n’étions pas un peuple, juste des personnes qui essayaient de vivoter dans le « delirium » général, nous avons joué le jeu sans avoir les cartes en mains.

De toute façon, rien ne pouvait nous faire croire que quelque chose changera, rien n’y faisait, personne n’a réussi à nous faire prendre conscience que le bateau Algérie prend de l’eau.

Personne n’a réussi à nous faire prendre conscience, même l’homme perché en haut du port de La Madrague n’y faisait rien, lui, qui voyait un horizon autre que le nôtre ,nous ne regardions que le bout de notre nez, nous pensions en avoir un alors que… 

Certes, cette époque est bel et bien lointaine, cela dit, il ne faut pas méconnaître que c’étaient des incarcérations intransigeantes qui, je suppose, ont laissé des traces indélébiles sur ceux qui la foudre de l’injustice est tombée.

Aujourd’hui, je les conçois comme étant des martyrs de la parole, les grands oubliés par les manifestants, mais ce n’est pas grave, rien n’est grave même l’omission outrageuse est compréhensible.

Comme je le disais, le Hirak algérien est reconnu dans le monde pour être une révolution à part, un truc nouveau. Aujourd’hui, ce n’est pas le sujet de cet écrit, bien que le préambule en vaille la chandelle, puisse-elle éclairer la noirceur de la situation dans laquelle nous sommes.

Non, ce qui me turlupine au plus haut point c’est de voir la limite « vivable » atteinte par les démocraties occidentales qui, de vous à moi, ne sont qu’un choix à faire parmi des élites présélectionnées des grandes écoles.

Le peuple au sein de ces démocratie est le dindon de la farce, croyez-le, sauf pour « Thanksgiving » qui arrive les prochains jours, c’est normal, charité chrétienne oblige.

Des semi-citoyens qui ne font que plébisciter des énergumènes qui leurs sont proposés par l’establishment bien riveté aux commandes , autrement dit, le système mâche le travail pour faire passer la pilule enrobée dans de la bonne vieille démocratie.
Les quotas sont bien respectés, pas d’ouvrier à l’assemblée ou peut-être, un ou deux, pour ne pas pousser le bouchon de Champagne trop loin lors de leurs dîners.

En France, par exemple, il y en avait deux qui ont été admis par le « petit paris grandement hermétique », rappelez-vous de Bernard Tapie et de Pierre Bérégovoy.

Deux personnages, certes atypiques dans la conformité politique jacobine . Leurs fins ont été tragiques c’est le moins que l’on puisse dire, punis pour avoir osé mettre le pied à l’étrier de la démocratie sans faire trop de vagues.

C’est le cas en France mais aussi dans beaucoup de pays d’Europe, les autres nations, à quelques exceptions près, ne font que suivre le courant et aspirent à cette « perfection démocratique » qui cache véritablement, un royalisme édulcoré.

Pis encore, au Etats Unis, il n’y a aucun sénateur issu du peuple d’en bas, ni de gouverneur mis à part  Arnold qui a dû ramer pour y parvenir.

L’opinion des politicards « US » était un  poids qui  pesait trop lourd sur lui mais, in fine ,  il l’a fait Gouvernator  , pourtant ses discours lors de la  campagne électorale étaient d’une « légèreté » déconcertantes .

Selon moi, puisse qu’on est en plein Hirak, pourquoi pas prouver au monde que nous pouvons, en tant que peuple sur le chemin de la souveraineté, revenir à l’essence même de la démocratie, quitte à inventer un nouveau concept en politique que nous nommerons : « La démocratie forcée » sans aucun artifice pour légitimer la raison d’état.

Nous devons aller jusqu’aux fondements de la « matrice » pour mettre sur pied une réelle démocratie exempte de toute entourloupe ou de maldonne.

Je sais pertinemment que ce que j’avance est utopique, mais je l’aurais dis et c’est le plus important en ce qui me concerne.
Le reste m’importe peu, à la longue, et devant mon constat de la démocratie outre-mer, je suis devenu democratophobe . 

Auteur
Nazim Maiza 

 




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