28 mars 2024
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Des mercenaires de Wagner opèrent au Venezuela et en Centrafrique

POLEMIQUE

Des mercenaires de Wagner opèrent au Venezuela et en Centrafrique

Il a fallu qu’il s’y reprenne à deux fois pour démentir. « Bien sûr que non », a-t-il finalement lâché. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a manifesté un certain embarras lors de son intervention télévisée sur la chaîne fédérale Rossiya 1 pour réfuter l’idée de l’arrivée de 400 mercenaires russes au Venezuela.

Une information de Reuters les localise pourtant à Caracas où ils auraient reçu la mission de protéger le président Nicolás Maduro.

Leur employeur ? Wagner, une organisation paramilitaire détenue par Evgueni Prigozhin, 58 ans, un oligarque issu de Saint-Pétersbourg et proche de Vladimir Poutine.

Depuis cinq ans, les hommes de Wagner sillonnent la planète. En 2014, ils participent à l’annexion de la Crimée puis à la déstabilisation du Donbass à l’est de l’Ukraine. L’année suivante, ils débarquent en Syrie pour appuyer les forces du régime. En décembre 2017, ils investissent un territoire situé hors de la zone d’influence de la Russie : la Centrafrique. Cent soixante-dix « instructeurs » y séjournent désormais. On retrouve aussi les supplétifs de Wagner en Libye au sein de la garde rapprochée de Khalifa Haftar, l’homme fort à l’est du pays. Ils stationnent enfin au Soudan pour aider les autorités à mater un mouvement de contestation.

Roi des trolls

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Ce n’est pas tout. Leur « boss » Prigozhin tente de nouer des partenariats en République démocratique du Congo, au Mozambique, au Zimbabwe, en Angola, en Guinée-Bissau, à Madagascar. Un travail en eaux troubles assez conforme à son pedigree. En effet, c’est un ancien gangster condamné en 1981 à 9 ans de prison pour vol, fraude et participation à un réseau de prostitution de mineures. L’homme se lance ensuite dans l’alimentaire et ouvre une chaîne de restaurants huppés à Saint-Pétersbourg. En 2001, on le voit servir ses plats à Poutine et à Jacques Chirac, en visite officielle. Un surnom lui est accolé : « chef cuisinier de Poutine ».

Puis c’est l’ascension. Il décroche un contrat d’un milliard de dollars consistant à approvisionner les cantines scolaires et militaires du pays. Son nom sort de l’anonymat au lendemain des élections législatives de 2011. Il fonde alors une agence de « trolls » destinée à inonder les réseaux sociaux de fausses nouvelles et à nuire à la réputation des opposants. Son affaire tourne et réalise bientôt un coup de maître : le parasitage de la campagne présidentielle de la démocrate Hillary Clinton. Une initiative qui vaut à Prigozhin d’être inculpé aux côtés de treize autres ressortissants russes par le procureur spécial américain Robert Mueller.

Intérêts

Pas de quoi intimider l’intéressé dont les activités redoublent avec la création de Wagner. Il confie la direction opérationnelle de son organisation à un agent du GRU, le service des renseignements militaires russes. Son nom ? Dmitri Outkine, décoré par Poutine en 2016, connu pour porter, dit-on, un tatouage de svastika à l’épaule et un casque à cornes lors des combats. C’est lui qui dirige les entraînements de Wagner près de Rostov-sur-le-Don à une cinquantaine de la frontière ukrainienne et planifie les missions à l’extérieur. Parfois au prix d’échecs retentissants. En février 2018, ses hommes décident de prendre d’assaut une raffinerie tenue par les forces kurdes et située dans la province syrienne de Deir ez-Zor. Les représailles sont immédiates. L’aviation américaine bombarde la colonne et tue plus de 200 mercenaires russes.

Prigozhin enrage. Il mobilise en Syrie entre 2 000 et 4 000 hommes payés 2 700 dollars par mois. Il a même conclu avec Damas un contrat lui octroyant 25 % de la production de tout site pétrolier « libéré ». Or, le voilà en déroute sur le théâtre le plus médiatique.

Car, au cœur de la géopolitique, l’oligarque n’oublie jamais ses intérêts commerciaux. C’est le cas au Soudan où il offre ses services en échange de contrats de prospection sur des mines d’or.

« Si M. Prigozhin m’entend au-delà de cette salle, qu’il sache qu’on le connaît bien » (Le Drian)

Même démarche en Centrafrique où ses troupes ont été déployées à proximité de gisements de diamants et d’or. Une intrusion qualifiée d’« antifrançaise » par Paris. « Si M. Prigozhin m’entend au-delà de cette salle, qu’il sache qu’on le connaît bien », souligne même le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian lors d’une audition devant le Sénat fin janvier. Et malheur à ceux qui s’approchent de ses bases. Trois journalistes russes partis enquêter sur Wagner en Centrafrique ont péri dans une embuscade en juillet 2018.

Ses mercenaires dépêchés à la hâte au Venezuela auront cette fois une tâche plus délicate : sauver les milliards de dollars de contrats signés par Nicolás Maduro au profit de Moscou.

Auteur
LePoint

 




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