27 avril 2024
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Détenus d’opinion : une avocate tire la sonnette d’alarme

Prisons algériennes

La rentrée sociale est particulièrement dure cette année à plus d’un niveau. La paupérisation se généralise et l’état des libertés est chaotique.

Tout cela est émaillé par des attaques sans précédent contre le droit de la défense en tentant d’anéantir le métier d’avocat si ce n’est de le réduire à un rôle de faire-valoir.

Un déséquilibre entre les acteurs qui ne peut permettre à rendre justice. C’est dans cette situation de marasme que notre reprise est faite.
Elle a débuté bien évidemment par la visite des détenus d’opinion.

Notre direction est vers la prison de Koléa, dans la wilaya de Tipaza, où nous nous sommes rendus, en compagnie de Me Karima Bouhanik et de Samira Aggoune. Sans oublier de citer Me Hakim Saheb, que nous avons rencontré sur les lieux.

Nous avons entamé notre visite par Kamira Nait Sid pour s’enquérir de son état de santé.

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Elle souffre toujours et elle vomissait du sang et il a fallu attendre de 17 heures jusqu’à minuit pour qu’elle soit admise en urgence à l’infirmerie pour des soins, confie-t-elle.

Elle vit le calvaire. Elle mène un combat inégal contre la vie carcérale insupportable.
Mais elle garde l’espoir surtout de voir sa demande aboutir، de son transfert à la prison de Tizi-Ouzou. Ce sera pour elle une forme de guérison en étant plus proche de sa maman, Na Nouara, malade et âgée, dont le voyage de Tizi-Ouzou à Koléa la fatigue davantage.

Trop de peines et de malheurs pour une famille qui n’a connu que des sacrifices pour le pays.

Le détenu d’opinion Belaid Amar Khodja était ravi de nous voir et il est revenu longuement sur le déroulement de son procès. Sinon, il attend la fin, il ne lui reste que 9 mois à purger.

Amar Zebbar, l’émigré qui est rentré pour le mariage de son fils, a été arrêté au port d’Alger. Il a été condamné en première instance à 3 ans de prison ferme. Il espère que justice lui soit rendue et qu’il sera libéré lors de son procès en appel. Il attend sa programmation.

Lounis Hamzi compte les jours, en attente du jour de délivrance, le 8 octobre prochain, où il retrouvera sa liberté pour rejoindre sa famille. Et cette fois-ci, pour du vrai et ce ne sera pas  » un canular », d’erreurs de l’administration pénitentiaire comme la dernière fois. Il aurait purgé la totalité de sa peine, qui est de 3 ans de prison.
Il garde les yeux rivés vers cette date et il ne suffit qu’à les regarder, ils s’illuminent à la prononciation du mot liberté.

Les autres détenus qu’on a pu rendre visite:Toufik Hamdene, Djaffar Hamzi, Farid Belmokhtar, Abdellah Hanine, Nacer Boukhari, Salim Khacer, Belkacem Kara, Merzouk Ait Younes, Soufiane Mohedeb et Yughourthen Tayeb.

Les nouveaux arrivants, ceux qui ont été transférés de la prison de Tidjilabine, dans la wilaya de Bourmerdes. Ils trouvent les
conditions carcérales à Koléa infernales : la ration alimentaire ne répond pas à l’exigence minimum en qualité et en quantité; la privation du droit à l’accès aux soins…

La peine est grande chez ces détenus, en pensant à leurs familles, déjà frappées par la cherté de la vie, la précarité et ne pouvant joindre les deux bouts, se sacrifiant pour leur ramener le couffin à chaque visite. Elles se privent et elles enlèvent la nourriture de la bouche des enfants pour leur permettre de survivre dans ce milieu où les peines se doublent et se multiplient, car elles ne se résument pas seulement à celles prononcées aux tribunaux lors des procès. Sans compter le coût des trajets à parcourir pour chaque visite.
Pourquoi toute cette cascade de peines ? Alors qu’ils n’ont fait qu’exercer leur droit constitutionnel et du bon citoyen, par amour à la patrie et pour son bien.

Le cauchemar continue, malgré la lueur d’espoir qui demeure et qui montre la voie, de voir le jour se lever et de se voir réhabilités dans leurs droits.

Nacera Hadouche, avocate et défenseure des Droits humains

1 COMMENTAIRE

  1. Constater (de visu) que bon nombre de dispositions de la constitution de ce pays sont en totale contradiction avec le droit international (droits humains), est une bonne chose en soi. De là à espérer que le système onusien change de paradigme et cesse d’user des perpétuels éléments de langage et autres procédés qui s’apparentent au mieux à une certaine crédulité, au pire à du déni, il y a un pas que peu d’observateurs oseront franchir.

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