12 janvier 2025
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Deux présidents et un canard boîteux

Le président américain Donald Trump a été élu le 5 novembre 2024 et la présidence reste aux mains de Joe Biden jusqu’au 20 janvier 2025.

Nous assistons aux Etats-Unis à une situation qui semble baroque en comparaison avec toutes les autres démocraties dans le monde. Ce décalage est connu de tous mais peu se posent la question, pourquoi est-il aussi long ?

C’est la raison pour laquelle les américains appellent cette période de transition le lame duck, c’est-à-dire le « canard boiteux ». Les lecteurs ont compris l’image, le pouvoir américain est dans une démarche très ambiguë et si elle est définie par les règles constitutionnelles, elle ne l’est pas du point de vue politique.

Mais l’habitude séculaire finit toujours par imposer un fait sans qu’il soit obligé de s’expliquer. C’est pourtant ce que nous allons faire. J’affirmerai ma position personnelle à chaque point du développement.

Examinons donc les raisons de cette singularité américaine. À chaque fois que nous invoquons le droit constitutionnel américain cela débute toujours par le rappel que c’est un pays-continent par sa gigantesque superficie et sa particularité d’être bordé par deux océans.

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On comprend qu’à cette époque de l’adoption de la constitution la lenteur de la diffusion des informations était manifeste, notamment en ce qui concerne les résultats autant que les premières déclarations du président en exercice et du président élu qui prend le nom anglais de « President-elec ».

Puis il y a la seconde explication qui en est le corollaire. Aux Etats-Unis, le président était relativement moins issu du sérail des élus siégeant au Congrès à Washington, autre conséquence de l’éloignement qui justifierait le délai de l’entrée en fonction.

À mon sens, il est évident que ces deux arguments ne sont plus valides de nos jours pour la raison évidente de l’instantanéité de la transmission des informations et la rapidité des moyens de transport. C’est tellement vrai que cela a déjà été pris en considération en 1933 par le vingtième amendement qui avait raccourci la période du Lame duck.

Il est certain que les mêmes raisons sont toujours valables vu l’accélération des vitesses de communication et de déplacement qui ont explosé depuis cette date. Ce second argument est donc difficilement explicable pour les mêmes raisons.

Puis il y a des arguments qui sont un petit peu plus sérieux que les deux premiers tout en restant  opposables, ce sont ceux qui découlent du mode électoral. Cela n’a échappé à personne, du fait de la nature fédérale du pays, ce sont les représentants de chaque état, les « grands électeurs » qui confirment l’élection par un vote ultérieur. Le 5 novembre n’est ainsi pas la date officielle de la confirmation de l’élection.

Là, le délai s’explique un peu mieux mais la critique du système fédéral n’est pas la question posée dans cette chronique.

Puis il y a, comme dans tous les pays à régime démocratique, une validation du résultat par l’organe judiciaire le plus haut, la Cour suprême dans le cas américain. Cette validation étant elle-même sujette à la vérification de la bonne tenue des votes et des décomptes. C’est vrai qu’aux Etats-Unis, la multiplication des recours a connu une invraisemblable accélération à notre époque contemporaine. Le cas de Donald Trump ne peut l’infirmer.

Il me semble pourtant, malgré cela, que le délai reste encore trop long pour un pays qui devrait reconsidérer son système de contrôle des voix et le mettre aux normes des avancées technologiques en ce domaine. C’est tout fait étonnant pour ce pays.

Enfin il y a un dernier argument explicatif de la longueur du délai, celui du « Spoil sytem » qui est un usage et non une disposition constitutionnelle. D’une manière simplifiée lorsque l’ancien président quitte ses fonctions le renouvellement des équipes n’est pas seulement gouvernemental mais concerne aussi les hauts fonctionnaires et les responsables des agences fédérales.

On admet aux Etats-Unis que les hauts fonctionnaires soient avant tout choisis pour leur fidélité au président. La neutralité des fonctionnaires, principe assez général dans les pays démocratiques, n’est donc pas la règle aux Etats-Unis. Même si elle est contestable de notre point de vue, la doctrine est légitime car chaque pays est souverain pour déterminer ses règles et usages. Mais elle ne peut tout de même pas justifier un délai aussi long.

La conclusion est que l’image que donne la passation du pouvoir présidentiel est illisible pour le monde entier et surtout très préjudiciable à la crédibilité de la politique américaine.

Nous voilà avec un Donald Trump qui se comporte comme un chef d’état, dans les médias comme dans la représentation de l’état américain à l’étranger. Tous les grands enjeux stratégiques mondiaux sont suspendus au temps et à l’indécision alors que le vrai président en place n’est ni écouté ni considéré par personne.

Jusque-là cela avait fonctionné mais avec la montée des discours populistes, notamment avec un « President elect » fantasque et imprévisible qui a une parole plus crédible que le président en place, la situation est dangereuse pour le monde vu la puissance de l’influence militaire et économique de ce pays.

Sid Lakhdar Boumediene

1 COMMENTAIRE

  1. Ya si boumediene, ce n’est pas Trump qui se comporte comme un President, mais le monde qui reagit a ses propos comme s’il l’etait !!! Tu vois la nuance? Lui, il est dans son role de dire ce qu’il et et va faire, c’est les autres qui changent leur comportement pour l’aligner avec les voeux de trump plutot que de respecter les voeux pour lesquels sont en poste. Et, il ne se gene pas d’exploiter ca a fond !

    En montant ses desiratas maintenant, les autres faux-Qs, font leurs calculs en fonction de ces voeux-aberrants. Ils s’enguageront les uns envers les autres vers une position P moins aberrante, c.a.d. juste. Lorsque le temps de negotier vraiment, ses interlocuteurs vont facilement et vite s’accomoder de ce qu’il a vraiment en tete. Et on ne peut vraiment l’accuser de bellicisme, puis que ses aberrations avant le 20 Janvier ne sont que du vent. Un example de ca est la menace avec les Palestiniens. La situation ne peut absolument pas se degrader plus qu’elle ne l’est ! Et, il ne va certainnement pas prendre la responsabilite’ des echecs de Biden et Natanyahu – qui sont tous les deux finis. Mieux encore, etant a son 2nd mandat, il n’a RIEN A PERDRE !!!

    Il fait la meme chose a l’interieur des USA meme, en affirmant qu’il va reformer les elections-meme, de sorte que les votes et resultats soient connus le jour-meme… Impossible ! La difference d’heure entre les les differentes villes en Floride, Hawai et l’Alaska par exemple ne le permettront jamais. A moins qu’il sache comment PLIER LE TEMPS –

    Son veritable probleme est qu’il a un peu trop abuse’ de ces manoeuvres, qui ont marche’ un coup, 2 coups, et voila qu’il est completement previsible. C.a.d. que c’est les autres qui savent plus de lui, c.a.d. ses manoeuvres. Du coup, il se coince lui-meme et se met dans une position ou il va devoir faire des concessions pour ne pas se decribiliser et donner l’opportunite’ a ses adversaires de faire PAUSE pour 4 ans, voir moins c.a.d. 2, le temps de perdre la majorite’ actuelle a l’une des chambres. Il est deja mis en difficulte’ dans son propre parti !

    Les seuls qui sont desiquilibre’s par ses methodes sont ceux qui manquent de legitimite’ et marge de manoeuvre. Ca va des dictateurs jusqu’aux mal-elus, comme Macron et Sholtz. Sa 1ere defaite sera avec Poutine, qui arretera sa guerre en conservant ses gains d’Ukrain et comme Bonus la reprise du marche’ Europeen, c.a.d. Allemagne et autres petits pays qui ont besoin d’energie pas cher !!!

    Cela dit, ses menaces au 1er mandat, c’est Biden qui les a mise a execution ! En les deprivant d’energie et allumant Poutine les forcant a des depenses militaires. Ce que Macron ne semble pas realiser est qu’en ne s’enguageant avec la France dans une production d’armement commune, est un signe que les Allemands comptent bien passer leurs commandes aupres de Trump, des que le conflit Ukrainiens est fini. Les bla bla bla de Musk, sont a comprendre comme une maniere de retarder l’enguagement Allemand avec la France – de quelques mois – Le temps dont a besoin Macron. Et c’est pour ca que je pense que le RN ne le lui donnera pas, c.a.d. que le gouvernement Francais actuel est destine’ a sauter tres bientot. Elle prend son temps, c.a.d. qu’elle ait l’opportunite’ de negotier cela avec Poutine – une dette non-connue a effacer? A travers Total par exemple, dont les interets en Russie, elle est mieux placer pour defendre.

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