Jeudi 7 juin 2018
Dilem veut la coupe du monde !
Au hasard de mes pérégrinations sur la toile, voilà que je tombe sur un entretien accordé par Ali Dilem à Berbère TV. Une perle ! Ali le prude se lâche.
Il n’aime pas trop les caméras. Il aime les routes et ce qu’on trouve sur leurs bords. Ses viatiques sont le rire et le foot. Et la justice. Dilem, comme la vérité est impénétrable. Parce que trop timide. Trop éduqué. Il est né, pourtant, sur les rives de Oued El Harrach. Il aurait dû finir voyou. À la limite, avec son talent inné, j’aurais compris qu’il termine petit caïd. Il en a la carrure. Il est très grand et très beau. Il a choisi un bout d’ombre sous les spots, côté jardin. Ali l’incandescent use d’un verbe lumineux qui galbe une révolte incendiaire d’une ouate doucereuse. Un paradoxe insaisissable ! Lui, dont le trait atomique sévit, chaque jour, sur « Liberté » et régulièrement dans les salles d’exposition du monde entier essaie à chaque question de se faire petit. Il est très grand de taille !
J’ai vu Dilem couché dans une caniveau, noyé dans ses larmes, à l’annonce de l’assassinat d’un ami par l’hydre islamiste. Je l’ai vu rire aux éclats lorsqu’il parvenait, par miracle, à battre le styliste Matoub Lounès au 4-21. Ali Dilem est fidèle en amitié. C’est aussi un jouissif luron. Ses fous rires m’habitent. Je lui reproche une chose : comment peut-il rester supporter de l’USMH ? Que Dieu nous épargne la médiocrité ! Le football est ailleurs. Il se joue sous d’autres cieux. Là où l’argent ne pue pas, où il sort des distributeurs. Où il se transporte dans des mallettes. Pas dans des sacs-poubelle. Dilem est un vrai féru de foot. Je l’imagine meurtri, à une semaine de la coupe du monde, de ne pas pouvoir y suivre les Verts. Ils n’y seront pas. Depuis le départ de Halilhodzic, l’équipe nationale est morte.
Comme moi, j’en suis certain, il vibrera pour les cinq pays africains en lice. Et pour la France. Ah ! La France…
Comme moi , il aurait explosé de rire après la déclaration de Nabil Maâloul, le sélectionneur tunisien : « J’ai dit à Mouez Hassen de tomber pour laisser les joueurs rompre le jeûne du ramadhan … »
Cet aveu appelle des sanctions de la part de la FIFA. Ce n’est pas discutable. La faute est avérée, reconnue. Platini, pour une incartade pas encore prouvée a vu son aura calcinée et ses ambitions légitimes freinées. La sincérité du technicien tunisien n’excuse pas la supercherie. Bien sûr, les deux matchs driblés par la légendaire ruse maghrébine n’étaient qu’amicaux. Ils en disent longs, malgré tout, sur ce qui risque d’être donné à voir sur de vrais terrains, pendant la vraie coupe du monde, qui arrive à grandes enjambées.
Qui supportera Dilem de l’Arabie Saoudite ou de la Russie, le 14 juin à l’heure de l’ouverture des arènes ? Pour qui aurait frémit Matoub, notre ami commun ? C’est drôle comme un jeu de pieds peut faire remonter des vies à la surface…
Avec ces deux entretiens accordés à Berbères TV et KBC, Ali rembobine les « 35 mm » de l’Algérie heureuse tout en mettant le doigt sur celle, triste, morne, presque morte qui tente de singer le monde d’aujourd’hui, sans y parvenir.
Dilem m’a pris par la main aujourd’hui, pour m’aider à pleurer cette Algérie joyeuse et bien vivante que nous avons aimé ensemble.
Il raconte Mekbel, Rebrab, Martinez, une autre poignée d’hommes et de femmes qui ont fait barrage au chaos. J’aurais aimé qu’il me dessine les larmes de Messi, privé de match contre Israël, sûrement d’une victoire. Certainement du rêve de marcher sur les traces des prophètes des grandes religions monothéistes.
Le président de la Fédération de football palestinien a gagné son bras de fer contre l’Etat israélien. La rencontre Israël-Argentine n’aura pas lieu. Quoi de plus normal après les derniers crimes commis par Tsahal aux confins de Gaza ? Dilem aurait, à coup sûr, rappelé aux millions de biens pensants que reçoivent les plateaux des télévisions du monde libre que le territoire de l’état sioniste se situe en Asie.
Un jour le « Haïfa » gagnera la coupe d’Europe. La dérive des continents aura, alors, recommencé.
En attendant, Dilem pourra toujours attendre que la coupe du monde vienne échouer sur les rives de Oued El Harrach…