26 avril 2024
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Djamila : « l’Kbayel – Aɛraben khawa-khawa », en 1964 déjà !

Impérieuse culture du terroir 

Djamila : « l’Kbayel – Aɛraben khawa-khawa », en 1964 déjà !

Encore une pionnière de la chanson kabyle à la voix pure et limpide disparue des radars des canaux radio et télé depuis belle lurette. Comme toutes les grandes dames de son époque qui avaient osé défier les carcans de traditions exclusivement masculines, Lla Djamila commence sa carrière très tôt, au début des années 1950. 

Parmi ses grands succès, citons « Arnouyass aman akhali », « Am Laɛiun », « d acu iyi tehdreḍ », sans oublier « Yefka lɛahed Amirouche », une version différente de celle de Nora, et qui fût bien évidemment interdite d’antenne par les sbires de Boumediene pour éviter que les héros du terroir ne fassent de l’ombre à sa stature de dictateur.

Elle a aussi rendu hommage à la JSK avec un titre qui reprend la musique de « walaɣ tasekurt » de la chanteuse Ourida (*) qu’elle avait transformé en « walaɣ i-feruǧen ».

Mais la chanson qui mérite que l’on s’y intéresse davantage est celle dans laquelle elle chante la gloire du pays. Elle insiste, en termes clairs, sur l’unité sacrée entre arabes et kabyles. « Tamurt n Elzayer » est une ode à la tolérance et la fraternité telle que rêvées par les vrais combattants du terrain, ceux qui sont tombés sur les champs d’honneurs pendant la sale guerre, ou ceux qui sont restés vivants sans demander quelconque compensation pour leur glorieuse épopée. 

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Biographie

De son vrai nom Djohar Bachane, Djamila est née le 2 mai 1930 à Ait Bouhouni, commune de Azazga, wilaya de Tizi-Ouzou. Mariée à l’âge de 12 ans, elle vivait entre Ben Aknoun, Bouzaréah et Alger-Centre où elle a eu la chance d’avoir à ses côtés, la grande chanteuse kabyle Nna Chabha.

Cette dernière était la première à avoir découvert le talent, le don et la voix cristalline de Djamila. Pour mettre en lumière son talent, Nna Chabha l’a amenée à la Radio algérienne pour lui faire des essais dans une émission de radio, diffusée dans les deux langues, en arabe et en kabyle. Elle est prise en charge par les maîtres de l’époque, Boudali Safir, Saïd Rezagui et Cheikh Nourredine, qui l’a beaucoup encouragée, conseillée et aidée. 

C’est en 1951 qu’une nouvelle étoile de la chanson kabyle est née. Djamila marque, alors son nom en lettres d’or sur la scène musicale et commence sa carrière par l’animation radiophonique dans une émission qui s’intitule « les femmes au foyer » ainsi qu’une autre émission pour enfants, avec Abdelmadjid Ben Nacer, Ahmed Halit, Ibrahim Darri et Hassen El Hadj.

En 1953, après la courte expérience qu’elle a acquise à la radio, Djamila s’est mise à écrire et à chanter des chansons qui ont eu un grand succès populaire comme « Abehri », « Siouḍass S’lam », sous forme de messages pour les émigrés. Par la suite, elle a rejoint la chorale féminine « Urar l’Kalat » à la Chaîne II, sous la houlette de Lla Yamina, Chabha, Ourida et bien d’autres. Toutes celles qui étaient les leaders de la chanson amazigh. Le domaine artistique n’a pas empêché Djamila de militer pour la cause de son pays, telle qu’exprimée dans « Tamurt n’lzayer » et « Aya ɛassas El Djamaâ ». 

Après l’Indépendance, Djamila a connu une grande notoriété, en compagnie d’une pléiade d’artistes comme Nouara, Cherifa, etc. Elle a fait de nombreuses tournées en Algérie et à l’étranger, avec Akli Yahiatene et Youssef Abjaoui. Elle était sollicitée pour jouer des rôles dans des courts métrages, comme « Le colonel Si Belaid », « Le bus des rêves », réalisé par Mustapha Tizraoui, « Le vent des Aurès », de Lakhdar Hamina, « Les hors la loi », de Toufik Farés, « Leila et les autres », de Sid Ali Mazif, sans oublier « La colline oubliée », de abderahmane Bougarmouh. 

Lla Djamila nous quitte le 29 octobre 2019, à l’âge de 89 ans, laissant derrière elle une œuvre qui reste encore à découvrir et faire connaître aux nouvelles générations.

Quoi de plus opportun pour lui rendre hommage que d’écouter « Tamurt n-Elzayer » dans laquelle elle énonce dans un live à la télé algérienne qui date de 1964 :

Mon cher frère maintenant nos larmes sont séchées

L’Algérie nous appartient savourons la liberté

Le ciel soit remercié nous avons notre nation

Dieu prémunis le peuple algérien de tous les démons

L’Algérie nous l’aimons c’est notre patrie

Pour elle nous sacrifierons nos vies

Celui qui la chérit il est le bienvenu, nous l’aimons c’est notre ami

Mais celui qui la hais, souvenez-vous c’est notre ennemi

Des montagnes ou des plaines nous partageons les mêmes sentiers

Arabes et Kabyles, jamais personne ne pourra les séparer !!

Quoi de plus explicite pour illustrer le khawa-khawa déjà bien ancré dans le cœur des Algériens à l’orée de notre liberté retrouvée ? Comme quoi, sans ces chenapans au sommet qui ont tout ruiné, le pays aurait été construit sur une base de fraternité au tout début de la souveraineté arrachée.

 (*)https://lematindalgerie.comourida-miss-printemps-italie-1956

Auteur
Kacem Madani

 




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