On croirait bien que son propre village d’Ath Yenni a totalement gommé sa trace. Il n’y a pas une seule école ni une seule placette qui porte le nom de Mohamed Nedir, son jeune et brillant médecin mort au champ d’honneur à l’âge de 32 ans.
Même si, bien évidemment, le grand hôpital actuel de la ville Tizi-Ouzou a été débaptisé en cette année de 1963 pour porter fièrement le nom du chahid Dr Nedir Mohamed, on regrette fortement que les siens n’aient pas, aux premières heures de l’indépendance, réclamé la dénomination d’un lieu, d’une rue ou d’un établissement public du village pour Mohamed, ce fils de Dda Mohand Ath-Ifella qui fut reconnu, en son temps, comme meilleur artisan bijoutier.
En 1956, après des études de médecine à Besançon et à Paris, Mohamed, ce grand garçon révolté et fermement animé par un nationalisme exacerbé, est vite de retour dans son cher pays pour compter dans les rangs de l’Armée de libération nationale
Dès lors, son engagement en qualité de médecin volontaire n’aura de cesse de l’amener à accomplir des missions de première importance dans ces régions d’Ath Ouacif et de Tassaft Ouguemoune.
Des témoignages d’anciens moudjahidines affirment avec force que le grand Docteur des Ath Yenni était significativement mêlé à toutes les grandes actions de résistance dans la région des Igawawen. Le 1er mai 1956, une triste dépêche de l’A.L.N tombe : « Le Docteur Mohamed Nedir vient de tomber au champ d’honneur. »
En pensant bien au suprême sacrifice du Dr Mohamed Nedir pour une Algérie libre et indépendante, n’est-il pas plus que temps, pour nous tous, un devoir impérieux de lui rendre hommage, tardif soit-il, par la dénomination d’une rue ou d’une place de son Ath Yenni ?
Un geste sans doute des plus modestes pour cette illustre figure liée à la guerre d’indépendance de notre pays.
Yazid Sadat
Effrayante, cette propension de la part des média indépendants à chahaditer et a moudjahider ceux qui n’ont fait que se battre – parfois au prix de leurs vies – contre l’injustice, contre le régime coloniale. Chahaditer et moudjahider tout ce qui bouge, c’est réécrire l’histoire, se laisser emporter par la mode du moment. Pour beaucoup de ceux perdu leur vie, c’est les tuer une seconde fois; beaucoup de ceux qui se sont battu et qui ont été moudjahides après coup ont souffert le maquis des dizaines d’années durant après le maquis.