Selon des informations de RFI, Alger et Bamako ont, chacun de leur côté, sollicité le Conseil de sécurité de l’ONU dans le cadre de la crise diplomatique aigüe qui les oppose depuis la destruction d’un drone malien par l’armée algérienne, à la frontière entre les deux pays, il y a dix jours.
Rappel des ambassadeurs, fermeture de leurs espaces aériens respectifs, accusations virulentes par communiqués interposés : la confrontation est violente et le ton parfois menaçant.
Par ces deux lettres datées du 7 avril que RFI s’est procurées, Bamako et Alger transmettent au Conseil de sécurité leurs communiqués gouvernementaux respectifs sur la destruction du drone malien, sans toutefois le saisir officiellement.
Dans ce dossier, leurs positions respectives sont connues : le Mali condamne un acte hostile et accuse l’Algérie de soutenir le terrorisme ; l’Algérie dénonce des violations de son espace aérien et une stratégie mensongère des dirigeants maliens de transition.
« Pas d’action spécifique du Conseil »
Si, dans la soirée du dimanche 6 avril, Bamako avait annoncé le dépôt d’une « plainte » à venir « devant les instances internationales » pour « actes d’agression », cette sollicitation du Conseil de sécurité ne constitue cependant pas une plainte au sens judiciaire du terme : la démarche relève de la stricte transmission de documents et n’est d’ailleurs accompagnée d’aucune demande particulière.
Une source diplomatique au sein du Conseil de sécurité précise au demeurant que « ni le Mali, ni l’Algérie n’ont sollicité de réunion sur le sujet. Ces courriers n’appellent donc pas d’action spécifique du Conseil » dont la présidence tournante est – coïncidence cocasse – assurée par la France et où siège également l’Algérie en tant que membre non permanent en ce mois d’avril, situation qui inspire également ce commentaire à cette même source : « Je ne suis pas sûr que ces deux pays veuillent aborder la question sous présidence française »…
Menace pour la paix et la sécurité internationale
« C’est très courant, décrypte pour sa part un juriste spécialiste des protocoles onusiens. Les États notifient le Conseil de sécurité lorsqu’ils considèrent qu’un autre État pose un acte à leur encontre qui menace la paix et la sécurité internationale ». Une façon, selon cette source, de susciter des discussions parmi les membres du Conseil, de manière informelle ou en séance. « Juridiquement, poursuit cet expert, cela permet aussi de notifier son désaccord et de préparer d’éventuelles représailles ». Ni Alger ni Bamako n’ont communiqué publiquement sur cette démarche.
RFI