Il aurait eu 101 ans en 2022. Amar Ouhadda est un autre monument de la culture kabyle méconnu des nouvelles générations. Comédien, chanteur et fantaisiste, c’était l’un des artistes les plus accomplis de sa génération.
Parmi ses succès, on se rappelle notamment « Yenuɣ laḥlal d laḥṛṛam », « Ad rebbi ig v’ɣan», « Ay a ḥmam », « Ulac wi aɛzizen felli », et le grand classique « Ekker ma ţduḍ ».
Biographie
Né en 1921, Amar Ouhadda était l’un des grands chansonniers et comédiens algériens ayant marqué la scène artistique. Il est devenu célèbre pour ses chansons comiques, dont Guerroum ou Guerrouma (titre que nous n’avons malheureusement pas pu retrouver sur YouTube) avant de tomber dans l’oubli à partir des années 1980, à cause de la mauvaise gestion du secteur culturel.
L’artiste qui était doué pour la chanson, la comédie et plus particulièrement la fantaisie avait rejoint la troupe théâtrale populaire (TTP) dans les années 1970 aux côtés de Hassan El Hassani, Tayeb Abou El Hassan, Hamid Nemri, Kaci Ksentini et Mahboub Stambouli. La troupe théâtrale populaire avait sillonné toute l’Algérie et donné des représentations dans les villages les plus éloignés, même du Sahara pour rapprocher le théâtre des citoyens.
La troupe était composée de grands comédiens, musiciens et chanteurs tels que Zoubida, Warda Amel et Rachid. Il faut noter que plusieurs artistes ont fait leur début sur scène au sein de cette grande troupe de théâtre dont le chanteur Abdelmadjid Meskoud qui a percé plus tard dans le monde de la chanson chaâbi.
Amar Ouhadda avait joué pratiquement dans toutes les pièces de la troupe TTP dont Si Belgacem El Bourgeoisi et Oum Ethouar. Avec la fin de cette troupe qui souffrait du manque de subvention et ne vivait que de faibles rentrées d’argent, Amar Ouhadda a été malheureusement marginalisé par tout le secteur culturel. Dès le début des années 1980, on ne l’a pratiquement plus revu sur scène ni à la télévision.
C’est quasiment dans l’anonymat qu’il nous quitte en 2011, à l’âge de 90 ans.
Un grand artiste très vite tombé dans l’oubli et qu’il est utile de faire connaitre aux nouvelles générations. Pour ce faire, nous vous proposons l’écoute et la traduction de « Ekker ma ţduḍ »
Viens donc m’accompagner
Sept années sont passées
Pourquoi veux-tu rester
Viens donc m’accompagner
Allez l’ami par tous les saints
Reviens au pays qui est le tien
Tu n’as pas bossé pour tes parents
Tu n’as cumulé nul bien
Par les plaisirs tu as été happé
Oubliant les tourments du passé
Viens donc m’accompagner
Ton foyer compte sur toi
Pour s’occuper d’eux et travailler
Le pays de ton père tu l’as laissé
L’ennemi va s’en emparer
Reviens donc dévergondé
Je ne sais ce que tu attends
Viens donc m’accompagner
Dis-moi depuis que tu es parti
Qu’à tu envoyé à ton foyer
Même pas une lettre en papier
Pour réjouir ta postérité
Tu finiras par le regretter
Pour les avoir abandonnés
Viens donc m’accompagner
Sept années sont passées
Tu t’es complétement oublié
Tes enfants comptent les journées
Pour eux aie un peu de pitié
Ce n’est pas ainsi qu’agissent les parents
Je ne sais ce que tu attends
Viens donc m’accompagner
Que dire de celui qui a vendu ses terres
Il ne fout rien c’est un désœuvré
De sa femme l’un a divorcé
Il s’est exilé sans rien envoyer
L’autre se retrouve fauché
Incapable de s’offrir un billet
Viens donc m’accompagner
De sa femme l’un a divorcé
Il s’est exilé sans rien envoyer
Je ne sais ce que tu attends
Viens donc m’accompagner