27 octobre 2024
spot_img
AccueilPolitiqueEmmanuel Macron se rabiboche avec Mohammed VI

Emmanuel Macron se rabiboche avec Mohammed VI

Le président Emmanuel Macron arrivera lundi 28 octobre 2024 à Rabat flanqué du nouveau ministre de l’Intérieur qui agite toujours la menace des visas face au Maroc. Cette visite arrive au moment où le Proche-Orient est assis sur un baril d’explosifs.

Cette opération de rabibochage menée tombours battants par un Emmanuel Macron au plus mal avec le continent africain est un véritable pied de nez pour Alger. Pourtant rien n’était gagné. Le prix de cette réconciliation est lourd : la reconnaissance officielle du plan marocain pour le Sahara occidental.

En effet, après six années de brouilles, la France de Macron renoue avec le Maroc de Mohammed VI au grand désespoir d’Alger qui ronge son frein. Six longues années après son dernier voyage au Maroc, Emmanuel sera en visite officielle lundi dans le royaume chérifien.

Cette visite d’État de trois jours s’annonce importante, eu égard aux dernières déclarations de Paris et Rabat. Le président français emmène des dizaines de patrons, une bonne partie du gouvernement dont Rachida Dati, Sébastien Lecornu, Anne Genettet, des personnalités de la scène culturelle franco-marocaine comme le comédien Jamel Debbouze (proche et soutien inconditionnel de Mohammed VI) ou Gérard Darmon…

Sur place sont attendus la signature de gros contratsun dîner officiel forcément royal et de multiples démonstrations d’amitié.

- Advertisement -

Des informations de possibles ventes de l’avion Rafale au Maroc circulent depuis quelques jours.

Renvois de sans papiers au menu

Bruno Retailleau, le très droitier ministre de l’Intérieur, souhaite en effet conditionner la politique de visas à la délivrance des laissez-passer consulaires, documents indispensables pour renvoyer des étrangers dans leur pays d’origine. Début octobre, il citait l’exemple du Maroc : en 2023, 238.000 visas ont été accordés aux ressortissants marocains pour seulement 1.680 retours forcés sur leur sol.

Une stratégie déjà employée à l’automne 2021 par son prédécesseur Gérald Darmanin, qui avait décidé de réduire de moitié l’octroi de visas pour les Marocains, Algériens et Tunisiens. La décision avait empoisonné les relations diplomatiques entre la France et le Maghreb.

Cet épisode « a été catastrophique » pour les relations diplomatiques, rappelle Pierre Vermeren, historien et professeur à l’université de la Sorbonne à Paris. « Il serait donc étonnant que la France recommence la même erreur. »

Jeudi sur la radio RTL, Bruno Retailleau a annoncé la nomination d’un « missi dominici qui aura cette obsession de faire avec des pays tiers, des pays d’origine, des pays de transit, des accords bilatéraux ».

Or dans une lettre adressée fin juillet au roi du Maroc Mohammed VI, Emmanuel Macron affirmait que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».

Mais à l’approche de la visite d’État, il a pris le soin de citer le Maroc comme « un pays sûr » où l’on peut « accélérer un certain nombre de réadmissions ». Surtout pas de vague avec Rabat, notamment quand on sait l’investissement du président Macron pour renouer les fils du dialogue avec un Mohammed VI qui l’a longtemps boudé.

L’autre sujet qui devrait mettre d’accord les deux pays concerne le Sahara occidental, un territoire considéré comme « non autonome » par l’ONU, qui oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.

On oublie les sujets qui fâchent

L’affaire Pegasus a pourri les relations franco-marocaines. On se rappelle que le Maroc est soupçonné d’avoir espionné le président français ainsi qu’une grosse partie du gouvernement. En 2021, l’affaire Pegasus – du nom du logiciel espion israélien utilisé par les services de renseignement marocains pour infiltrer les smartphones de hauts responsables français, dont celui du Président – avait ulcéré l’Elysée. Emmanuel Macron s’était senti «trahi» par son vieil allié. Jusqu’à l’heure, on ne sait ce que les renseignements marocains ont tiré de cette opération Pagasus. Laquelle a sans doutez permis également de faire une pêche au chalut du renseignement. Il n’est d’ailleurs pas impossible que même les officiels algériens ne soient pas « infectés » par cette énorme affaire d’espionnage avec Pegasus.

La politique de réduction drastique de délivrance des visas français (-50 %), annoncée quelques mois plus tard, a été l’autre dossier qui a envenimé les relations entre les deux pays. Comme Alger et Tunis, Rabat a vécu cette réduction de visas comme une humiliation par les Marocains. C’est dire que la destination France pour les officiels marocains est hyperimportantes.

Cette visite officielle de Macron au Maroc intervient au moment les relations algéro-françaises sont au plus mal. Comme d’ailleurs celles qui régissent l’Algérie avec le Maroc. L’Algérie n’a plus d’ambassadeur ni à Paris ni à Rabat. L’espace aérien algérien est fermé aux avions marocains comme d’ailleurs les frontières terrestres.

La rédaction

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles

Commentaires récents