Samedi 6 janvier 2018
En Algérie, les médecins sont tabassés en situation de paix!
La bastonnade qui a été réservée aux médecins résidents à l’hôpital Mustapha Bacha à Alger, et qui a fait entre eux, des dizaines de blessés dont des cas graves, restera une tache noire dans le funeste registre des répressions, déjà bien fournit, de ce pouvoir algérien, qui accumule les abus comme un criminel collectionne des victimes. Un esprit criminel qui ne peut offrir qu’une réponse démesurée à des revendications légitimes et mesurées, qui de plus est, été réservées à la crème de la société algérienne.
« Nous étions en train de protester à l’intérieur de l’hôpital ce matin. À 10h30, quelques confrères ont tenté de franchir la porte. C’est à ce moment-là que la police est entrée dans l’enceinte hospitalière et nous a agressés à coups de matraque. Résultat : une vingtaine de blessés, dont un grave, et neuf arrestations », a témoigné Mohamed Taileb, un membre du Collectif joint sur place par Jeune Afrique.
Dans n’importe quel pays, et même en situation de guerre, les médecins et tout le corps médical sont protégés par des conventions qui obligent les parties qui s’entre-déchirent pourtant, à les épargner, et ce depuis le 19e siècle. La noble mission dont ils sont investis – sauver des vies – a poussé les nations du monde entier à s’entendre sur la nécessité de protéger, ce qui reste de plus humain dans le monde, lorsque la monstruosité s’empare des esprits assoiffés de sang.
Voici un extrait de ce que prévoit le droit international humanitaire (DIH) en cas de guerre pour le personnel soignant: » Au personnel sanitaire, on doit protection et respect. Le personnel affecté à des tâches médicales doit en tout temps être respecté et protégé, à moins qu’il ne commette, en dehors de ses fonctions humanitaires, des actes nuisibles à l’ennemi. Lorsqu’il porte une arme et l’utilise pour sa propre défense ou celle des blessés et des malades dont il a la charge, il ne perd pas la protection à laquelle il a droit. Les blessés et les malades confiés aux soins du personnel sanitaire restent protégés même si celui-ci vient à perdre sa protection. », peut-on lire dans les chartes de protection du personnel soignant en situations de guerre.
« On ne tire pas sur une ambulance », n’est pas juste un adage, mais un fait grave, dénoncé de par le monde en zone de conflit, de même que s’en prendre à un hôpital, est considéré comme un crime de guerre, puni par les instances juridiques mondiales.
Chez nous, en temps de paix, et sous le prétexte grotesque de l’interdiction des manifestations à la capitale, des étudiants finissants en spécialisation médicale, ont été châtiés à la matraque, « tasés » par des pistolets électriques, aspergés de jets hydrauliques puissants, écroués comme des vulgaires malfrats, et renvoyés à l’hôpital, non pas pour exercer, mais pour se faire soigner, et tout cela, parce qu’ils ont voulu simplement marcher !
Les contestataires dénonçaient seulement les conditions de travail « effroyables », le manque de moyens, charge de travail trop importante, insécurité, le service civil qui dure 4 ans, l’absence de logements convenables et le manque de considération de la part de l’administration.
Et l’on s’étonne encore que ces jeunes compétences, « foutent » le camp loin de ce pays gouverné par des malades, qui leur réserve le sort des terroristes, qui, en passant, ont été graciés et réhabilités pour avoir simplement déclaré qu’ils n’étaient que des cuistots dans les djebels.
Amnesty International, section Algérie, a dénoncé sur sa page Facebook, la répression « rappelant que le droit de manifester est garanti par la Constitution. ». Les syndicats quant à eux, dénoncent une mesure anticonstitutionnelle, qui a exclu les médecins, les pharmaciens et les dentistes, d’une mesure de dispense prise par le ministère de la Défense en faveur des Algériens nés entre 1985 et 1987. L’image du pays, déjà bien terne, est souillée cette fois-ci pour de bon.
La protection du personnel sanitaire et des blessés et malades constitue le corps des règles du droit international humanitaire moderne dans les conflits armés depuis son émergence en 1864. Rappelons en effet, qu’Henry Dunant, principal fondateur du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, avait exposé deux recommandations dans Un Souvenir de Solférino publié en 1862 : la création de « sociétés de secours dont le but serait de faire donner des soins aux blessés, en temps de guerre, par des volontaires » et la formulation de « quelque principe international, conventionnel et sacré » qui servirait de base à ces sociétés de secours pour les blessés . En 1863, à l’initiative de ce qui allait devenir le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), une conférence diplomatique est convoquée du 26 au 29 octobre et adopte 10 résolutions visant à mettre en place ces Comités nationaux de secours dans chaque pays. Trois vœux sont également adoptés : que les gouvernements accordent la protection à ces Comités de secours et leur facilitent autant que possible l’accomplissement de leur mandat ; que la neutralisation soit proclamée en temps de guerre par les Etats belligérants pour les ambulances, les hôpitaux et le personnel sanitaire et pour les blessés eux-mêmes et qu’un signe distinctif soit admis pour ce personnel sanitaire, les ambulances et les hôpitaux. La résolution 8 prévoit que ce signe distinctif est « un brassard blanc avec une croix rouge » . (La protection du personnel des soins de santé dans les situations de conflit armé Centre d’étude de droit militaire et de droit de la guerre Journée d’étude du 5 décembre 2013)