Mercredi 5 février 2020
Entre les compromis et les compromissions, le Hirak a compris !
Le mouvement de dissidence populaire poursuit la contestation contre le pouvoir. Crédit photo : Zinedine Zebar.
Feu Abdelhamid Mehri avait bien raison de dire qu’il viendra un jour où le pouvoir cherchera une opposition viable avec laquelle il dialoguera, mais il ne trouvera personne face à lui.
C’est un peu vrai, même, extrêmement, d’actualité, puisque depuis quelques mois, des ex-hommes d’État et même des représentants de partis politiques (dont on ne sait plus s’ils sont de gauche, de droite, islamistes solubles ou insolubles dans la république), accourent au pied de Tebboune pour lui porter secours. Ils nous apprennent qu’il faut désormais accepter les compromis tout en se gardant de ne jamais sombrer dans les compromissions. Voilà un sujet qui, pour tout candidat à une carrière politique au sein des institutions occultes du régime algérien, vaut dissertation, et pour d’autres, plus aguerris, habitués au vent très chaud du nord-est qui balaie, à son passage, aussi bien les convictions politiques qui s’effritent que les fines couches de dignité qui se décollent, vaut acclamation.
On va être d’accord, je cite Abdelhamid Mehri pour la justesse de ses propos, voire pour le réalisme prodigieux de cette prophétie qui se révèle, dans le contexte politique du Hirak et des manœuvres politiciennes de ceux qui gravitent autour, un oracle d’une vérité apocalyptique.
Il y a le Hirak et sa géographie ; il y a le dedans, le dehors et l’entre-deux. Il y a aussi le Hirak et son historiographie ; celle des hommes et des femmes qui, consciemment, délibérément, selon ce qui motive intrinsèquement leur engagement dans les luttes que mène le peuple pour son indépendance décident, de l’endroit où ils se situeront vis-à-vis du Hirak (en dedans, en dehors ou entre les deux), quoi nous raconter.
Ceux qui sont dans le Hirak, ce sont ceux qui ne l’ont jamais quitté avant même qu’il ne prenne cette forme autogestionnaire et citoyenne et qui, inéluctablement, découlent d’une tradition de lutte sans compromis avec le régime.
Ce sont ceux qui ont bâti un idéal de lutte viscéralement imprégnée des valeurs de liberté et de démocratie auquel le peuple aspire ardemment. Ils ne se monnaient pas, ne connaissent pas le langage des politicards de salon, ne sont pas ministrables, encore moins présidentiables, veulent le démantèlement du système et non son ravalement, et refusent catégoriquement l’idée même de se faire voir, ne serait-ce que de loin, dans la périphérie pestilentielle du pouvoir d’Alger. En Bref, ce sont les : Lakhdar Bouregga, Djamila Bouhired, Nour El Houda Ougad, Ali Yahia Abdenour, Kamel Boumala, Hakim Addad, le bédéiste Abdelhamid Amine( Nime),…… Ils tirent leur légitimité du fait qu’ils ne sont ni dans les compromis, encore moins dans les compromissions. Ils sont dans les luttes, donc ils sont dans la vie, comme disait Victor Hugo.
Pour ceux qui sont en dehors du Hirak, et qui assurent publiquement leur position en faveur de la dictature et pour la continuité du processus de dilapidation des richesses du pays et l’asservissement du peuple, ceux-là sont exempts de dissertation ; il y a très longtemps que leur passage du côté obscur du régime les a fait asseoir sur les bancs des épiciers assidus de l’Assemblée nationale.
On n’a qu’à entendre les inanités de Naima Salhi , les divagations de Saadani, le charabia de Khalida Toumi ou encore les élucubrations de Aboudjera Soltani pour comprendre qu’il n’y a plus rien à faire pour eux. Comme à chaque fois, ils sont allégrement remerciés pour les beaux, interminables et loyaux services rendus à ce régime, et ceci depuis l’ère de la re-colonisation. Néanmoins, le seul mérite qui leur revient est celui d’être démesurément lâches, pour assumer ouvertement de telles besognes.
Viennent ensuite ceux qui sont dans l’entre-deux ; ceux qui nous invitent à une dissertation sur l’homme politique, dont les convictions peinent à trouver une assise en dehors du compromis qui inféode les hommes jusqu’à les pousser aux compromissions. Dans compr(omis), il y a toutes les omissions volontaires que l’on fait pour plaire, pour faire à l’autre ce que l’autre cherche à nous faire croire.
Croire qu’il y aura changement, croire que ça ira mieux, croire que c’est pour notre bien commun de baisser les bras et les mains, que tout ira pour le mieux dans le meilleur marché au troc possible, comme si que l’Algérie qui, jusque-là, n’a été que pour eux, entre eux et contre nous tous, devient subitement le butin de guerre qu’ils veulent bien partager avec nous.
L’histoire regorge d’exemple de razzia conclue sous la bannière des compromis, en premier, celle qui a lié l’armée des frontières avec certains politicards en course effrénée pour le pouvoir, et qui s’est soldée par un bain de sang qui coule encore aujourd’hui; qui coule chaque fois qu’il est question de koursi.
Aussi, l’histoire regorge d’exemple d’hommes libres qui, en refusant tout compromis avec ce régime, ont payé de leur vie les engagements pris en faveur de la démocratie et la liberté : Abane Ramdane assassiné, Krim Belkacem assassiné, Mohamed Boudiaf assassiné, Ait Ahmed exilé, Ali Mecili assassiné, Matoub Lounis assassiné, Ahmed Kerroumi assassiné, Kameleddine Fekhar mort en prison……. et la liste est longue.
Désormais, le Hirak du peuple, celui qui n’est inféodé à aucune organisation politique, ne prête ses luttes à quiconque qui se fait valoir d’un agenda politique a compromis que, dans tout compromis, se cache un florilège de lâchetés qu’on n’ose pas assumer.